Le patron de Swatch, Nick Hayek, a reconnu que les résultats 2024 du groupe étaient «relativement bas», tout en se refusant à parler de crise, en dépit d’un recul de 30% en Chine. Une forte croissance des ventes aux Etats-Unis lui fait prévoir une reprise cette année déjà, ce que d’éventuels droits de douanes ne pourront contrer, a-t-il assuré mercredi.
«Il y a des opportunités partout», a affirmé Nick Hayek lors d’une conférence de presse à Bienne au siège du groupe, soulignant que la situation est en général «bonne», grâce au marché américain, mais aussi avec les débouchés japonais et indien. Il a expliqué que l’enthousiasme des consommateurs juste après le Covid s’est désormais tassé, tout en concédant que l’entreprise ne s’attendait pas à ce que le ralentissement soit si important l’an dernier.
En 2024, les recettes de l’entreprise ont fléchi de 14,6% à 6,7 milliards de francs et le bénéfice net a dégringolé à 219 millions de francs, quatre fois moins que les 890 millions enregistrés un an plus tôt. Les effets de change négatifs se sont chiffrés à 192 millions.
Outre la force du franc, le directeur général a sans surprise pointé le repli chinois et le fait que le groupe a décidé de conserver l’entier de ses employés et de sa capacité de production, ce qui s’est répercuté sur le bénéfice.
Aux Etats-Unis, «tous les signaux sont au vert» pour les différentes marques du groupe, qui ont connu chacune une forte progression sur ce marché, où les ventes ont augmenté de 18% l’année dernière, a-t-il souligné.
«Une reprise cette année»
Nick Hayek a expliqué que Tissot, Rado et Longines, notamment, ne font qu’y récolter les fruits d’une stratégie mise sur pied il y a des années. «Les consommateurs veulent nos montres et surtout celles aux mouvements mécaniques. Il y a un énorme potentiel pour l’entrée et le moyen de gamme et cela pas seulement aux Etats-Unis, partout dans le monde», a-t-il détaillé à l’agence AWP, tout en regrettant qu’en Suisse ces segments ne soient pas plus valorisés.
«Les opportunités y sont pourtant immenses, la concurrence se faisant moins rude en raison de la crise. On est tout seuls là».
«Je m’inquiéterais davantage si nous étions seuls à connaître un recul en Chine», a ajouté celui qui a repris les rênes société de son père, Nicolas Hayek, en 1983. Le patron s’attend du reste à une situation bien meilleure au niveau de la production «dès le milieu de cette année».
Les consommateurs chinois se montrent certes plus prudents mais «ils ont de l’argent, il faut juste que ça se déclenche à nouveau», a-t-il soutenu, en voyant déjà «des signes de stabilisation». Pour y parvenir, il a expliqué compter sur «la force d’innovation» du groupe.
«Des taxes qui réhaussent l’attractivité»
En ce qui concerne d’éventuels droits de douanes imposés par l’administration Trump, M. Hayek a déclaré ne pas craindre une telle décision. Le franc fort est davantage un problème pour l’horloger suisse. «On doit se battre avec le taux de change depuis toujours», a-t-il lancé.
«Un consommateur américain en vacances peut très bien s’acheter une montre Swatch dans un autre pays, ce qui n’est par exemple pas possible pour une voiture». Il a également maintenu que «les taxes augmentent l’attractivité des montres.»
Et pour ce qu’il en va de la hausse du prix de l’or, Swatch n’entend pas la répercuter sur sa clientèle pour l’heure.
Le groupe ne souhaite par ailleurs ouvrir des capacités de production aux Etats-Unis, mettant en avant le fait que l’entreprise fait partie de l’histoire suisse et que qu’elle compte préserver le savoir-faire helvétique.
Ces annonces ont soutenu le cours du titre Swatch à la Bourse suisse. Ce dernier a clôturé en hausse de 1,5% à 167,20 francs, à contre-courant d’un indice vedette SMI en retrait de 0,16%.