La Banque d’Angleterre s’attaque au risque posé par la «finance de l’ombre», comme les fonds d’investissements actifs sur le marché de la dette britannique.
La Banque d’Angleterre va tester la résistance des instituts financiers non bancaires, cette «finance de l’ombre» responsable notamment du choc sur le marché de la dette britannique en septembre, a annoncé l’institution monétaire mardi.
«La Banque va exécuter un exercice de scénario focalisé sur les risques venus d’instituts financiers non bancaires», comme les fonds d’investissements actifs sur le marché de la dette britannique, affirme le gouverneur de la BoE Andrew Bailey dans un courrier adressé au ministre des Finances.
En septembre, dans le sillage d’annonces budgétaires ultracoûteuses mais non chiffrées par l’ex-première ministre Liz Truss, le taux d’emprunt de l’Etat avait commencé à grimper rapidement.
«Des fonds d’investissements ont alors été contraints de vendre dans un marché peu liquide», note le Comité de politique monétaire de la BoE dans les minutes de sa réunion, provoquant un choc historique sur le marché de la dette britannique, et forçant l’institution monétaire à intervenir.
La BoE ne régule pas les fonds LDI (liability driven investments), qui sont souvent basés à l’étranger, et recommande que le régulateur des fonds de pension ainsi que les régulateurs européens s’assurent que ces fonds maintiennent des niveaux de collatéraux suffisants pour éviter un tel choc dans le futur.
D’autant que la part de la finance non-bancaire a enflé ces dernières années, souligne la BoE, qui estime que des entités non-bancaires sont à l’origine d’»environ la moitié des actifs prêtés du système financier mondial».
La BoE veut donc tester les établissements financiers non bancaires comme elle le fait pour les banques traditionnelles à travers ses «stress tests» depuis 2014.
Les fonds ou entreprises qui seront testés, ou le scénario-catastrophe qui leur sera soumis, n’est pas encore établi, et «plus de détails seront partagés au premier semestre 2023», précise la Banque.
Les banques traditionnelles, quant à elles, sont en mesure de résister à la longue récession qui se profile et a déjà débuté au Royaume-Uni, selon les prévisions de la BoE.
En revanche, la hausse des taux d’intérêt fragilise les ménages britanniques, de plus en plus endettés alors que parallèlement les prix s’envolent - l’inflation atteint 11% - et que l’économie du Royaume-Uni entre en récession selon de nombreuses prévisions.
La BoE publiera jeudi sa dernière décision de politique monétaire de l’année, et une nouvelle hausse de son taux directeur est amplement anticipée par le marché.
La moitié des propriétaires qui remboursent un emprunt sur le bien qu’ils occupent, soit environ 4 millions de ménages, seront soumis à un taux plus élevé d’ici fin 2023, avec un paiement moyen qui passerait de 750 livres à 1.000 livres, selon la BoE.
Ce qui pourrait mener à «plus de défauts sur les prêts hypothécaires, mais également sur d’autres formes d’emprunt comme les cartes de crédit ou les prêts non sécurisés, ainsi qu’à une baisse marquée de la consommation», note la BoE.
Elle souligne aussi qu’une hausse des taux, si elle n’est pas accompagnée d’une baisse des prix immobiliers, rendra le premier achat d’un logement plus difficile.