Banques et assureurs doivent faire davantage, si non ils risquent de lourdes pertes, prévient la Banque d’Angleterre.
Les banques et assureurs exerçant au Royaume-Uni doivent agir rapidement pour réduire leur exposition au risque climatique ou feront face à de très lourdes pertes, écrit mardi la Banque d’Angleterre (BoE) en publiant les résultats de tests de résistance.
«S’ils varient selon les entreprises et les scénarios, en moyenne les taux de pertes devraient atteindre 10 à 15% des bénéfices annuels» dans les décennies à venir, avertit Sam Woods, directeur de l’autorité de réglementation prudentielle de la BoE, dans un discours en parallèle au résultat de ces tests.
La banque affirme que la plupart des banques et assureurs exerçant au Royaume-Uni devraient être en mesure de faire face au risque climatique, et ont fait de «bons progrès» dans leur préparation, mais que tous doivent faire «beaucoup plus».
«Au fil du temps, les risques climatiques vont devenir un poids persistant sur la rentabilité des banques et assureurs, particulièrement s’ils ne les gèrent pas efficacement», fait valoir Sam Woods, tout en soulignant que l’incertitude sur l’ampleur de ce risque restait importante.
Ces tests, les premiers du genre qui doivent se tenir tous les deux ans, reposent sur trois scénarios. Le premier est une hypothèse d’action rapide pour contenir la hausse de la température de la planète à 1,5 degré à la fin du siècle.
Un autre envisage des politiques plus tardives qui entraînent la montée de la température de 1,8 degré comparé à l’ère préindustrielle. Dans ce second scénario, la projection des pertes des banques est supérieure de 110 milliards de livres à leur niveau en cas d’action rapide.
Dans la troisième option, aucune action n’est prise et la température augmente de 3,3 degrés avec des conséquences climatiques catastrophiques, entraînant une baisse «permanente» du PIB britannique et mondial.
Les régulateurs britanniques se focalisent sur les conséquences du changement climatique sur la solidité des banques et restent muets sur les financements d’investissements polluants.
Ils écartent pour l’instant de s’attaquer aux causes du changement climatique, estimant que cela ne relève pas de leur mandat.
Ces «stress tests» avaient été retardés par la pandémie de COVID-19 et ont été lancés en 2021.
En zone euro, la Banque centrale européenne a lancé son premier test de résistance bancaire sur le sujet en mars et prévoit de conclure l’exercice en juillet.
La Banque de France à quant à elle déjà testé neuf groupes bancaires et quinze d’assurances en 2021, révélant pour le moment un risque modéré pour ces établissements.
Les établissements bancaires britanniques devaient par ailleurs subir un «stress test» plus classique en 2022, évaluant les conséquences d’un choc financier, mais l’exercice a été reporté en mars.