Royaume-Uni: les finances publiques meilleures que prévu en septembre

AWP

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Les intérêts sur la dette du gouvernement central s’élevaient à 700 millions de livres en septembre, «soit 7,2 milliards de livres de moins» qu’un an plus tôt, a annoncé l’Office national des statistiques.

Moins d’emprunt et des intérêts en baisse: les finances publiques du Royaume-Uni sont meilleures que ne l’anticipaient les prévisions officielles, une nouvelle qui n’offrira pourtant que peu de marge budgétaire à un gouvernement conservateur sous forte pression politique.

Pour les six premiers mois de l’exercice fiscal britannique, qui commence en avril, le Royaume-Uni a emprunté 81,7 milliards de livres, nettement moins que les 101,5 milliards qui avaient été projetés par l’organisme public de prévision budgétaire OBR, selon des données publiées vendredi par l’Office national des statistiques (ONS).

Les intérêts sur la dette du gouvernement s’élevaient à 700 millions de livres pour le mois de septembre, «7,2 milliards de livres de moins» qu’un an plus tôt, ajoute l’ONS, une baisse drastique qui s’explique en grande partie par le reflux de l’inflation (certains bons du gouvernement étant indexés sur un indice des prix de détail).

Si les analystes soulignent que cette embellie devrait n’être que de courte durée, ces chiffres sont toutefois une rare bonne nouvelle pour le parti conservateur au pouvoir, donné perdant dans les sondages pour les prochaines législatives l’an prochain, et qui vient de subir une large défaite lors de deux élections partielles face au parti travailliste.

Le ministre des Finances britannique Jeremy Hunt, qui doit présenter le budget d’automne le mois prochain au Parlement, est notamment sous pression pour baisser les impôts, ce qu’il semble écarter pour l’instant.

«Pas durable»

Jeremy Hunt s’est gardé de tout triomphalisme, jugeant dans un communiqué qu’après avoir dû emprunter massivement pendant la pandémie, l’invasion russe de l’Ukraine «a fait grimper l’inflation et les taux d’intérêt», plaçant la dette britannique dans une situation qui n’est «clairement pas durable» selon lui.

Les économistes n’excluent pas que le Chancelier aura un peu plus de marge lors d’une présentation budgétaire ultérieure, en mars, pour faire de - modestes - cadeaux fiscaux.

Si les finances publiques sont meilleures que les prévisions, le contexte pourrait s’inverser «à moyen terme à cause d’une croissance plus faible, d’une inflation plus persistante» et d’un contexte de taux d’intérêts élevés, prévient Michal Stelmach économiste de KPMG.

Et «l’impact de la hausse des taux d’intérêt continuera de faire grimper les coûts d’emprunt au cours des années à venir», abonde Cara Pacitti, économiste du centre de réflexion Resolution Foundation.

Les taux d’emprunt de l’Etat britannique sur le marché évoluent actuellement à des niveaux historiquement élevés: les rendements à 30 ans se sont ainsi envolés vendredi à un sommet en 25 ans, le marché estimant que la Banque d’Angleterre (BoE) devra maintenir ses taux élevés pendant plus longtemps, voire les relever encore.

Si la BoE, qui a fortement relevé son taux directeur ces derniers mois face aux hausses de prix, a fait une pause le mois dernier, l’institution suit de près l’inflation, qui a interrompu sa baisse en septembre au Royaume-Uni, stagnant à 6,7% sur un an, la plus élevée des pays riches du G7.

Pressions

L’économie britannique s’est montrée plus résiliente depuis la pandémie que l’ONS ne l’avait initialement mesuré, mais elle reste au bord de la récession et les signaux négatifs s’accumulent.

Selon des données publiées vendredi, les ventes au détail en volume ont reculé de 0,9% le mois dernier alors que «les pressions du coût de la vie» pèsent sur le budget des consommateurs, et l’indice de confiance des consommateurs de l’institut GfK est reparti nettement à la baisse en octobre.

Tenant compte de cet horizon très nuageux pour l’économie britannique et ses finances publiques, les agences de notation Moody’s et Standard & Poor’s (S&P), doivent dire vendredi si elles modifient ou non leurs notes pour la dette de Londres.

Russ Mould, analyste de AJ Bell, fait valoir auprès de l’AFP qu’elles ne devraient pas se fonder uniquement sur les données les plus récentes, notamment celles de vendredi.

«Si le dernier chiffre d’emprunt est inférieur aux prévisions, le Royaume-Uni continue d’emprunter» et la dette totale continue donc d’augmenter», même si elle le fait plus lentement, précise-t-il.

Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown, s’attend à ce que les agences de notation se montrent donc prudentes et maintiennent leur notes actuelles, à savoir Aa3, perspective négative pour Moody’s et AA/A-1 stable pour S&P.

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