Royaume-Uni: la dette publique au plus haut depuis 1963

AWP

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L’Office national des statistiques annonce parallèlement un rebond des ventes au détail.

Les ventes au détail ont fortement rebondi en mai au Royaume-Uni, signe encourageant pour la reprise dans la foulée d’un premier assouplissement du confinement, tandis que la dette publique a dépassé les 100%, une première depuis 1963.

Les ventes au détail ont progressé de 12% en mai comparé à avril, mois au cours duquel elles avaient enregistré une chute record de plus de 18%, a indiqué vendredi l’Office national des statistiques (ONS).

Elles ont bénéficié d’un tout début de déconfinement à la mi-mai avec notamment la réouverture de certains magasins d’articles de bricolage ou d’équipements et matériaux pour les maisons et les jardins.

Elles restent toutefois en recul de 13% comparé à février, avant le début du choc économique provoqué par la pandémie de coronavirus, un plongeon record sur trois mois.

«Le fort rebond des ventes au détail en mai montre que l’économie a commencé à inverser l’effondrement de l’activité provoqué par le confinement plus vite qu’attendu», commente la maison de recherche Capital Economics.

Les achats en ligne ont continué leur progression et représentaient un tiers des recettes de la distribution en mai. Richard Lim, directeur général de la maison de recherche spécialisée Retail Economics, parle d’un «mouvement sismique vers l’internet».

«Les distributeurs ont travaillé sans relâche pour doper leurs capacités de (ventes) en ligne afin de répondre à cette période d’intense demande», pendant que les magasins étaient fermés à l’exception des commerces alimentaires ou de biens de première nécessité, ajoute-t-il.

Le volume de carburant acheté a fortement progressé en mai - les Britanniques ont été autorisés à sortir de chez eux pour une balade en voiture ou, pour les employés du secteur manufacturier ou de la construction, à reprendre le travail - mais son niveau reste plus de 42% inférieur à celui de février, avant la mise en place des restrictions aux déplacements, poursuit l’ONS.

«Mode survie»

La distribution est l’un des secteurs les plus durement touchés par les mesures de distanciation sociale, avec celui des transports ou du tourisme.

Le secteur «est en mode survie» avec beaucoup d’entreprises envisageant des licenciements quand les aides au maintien en chômage partiel du gouvernement commenceront à être arrêtées à partir d’août, prédit M. Lim.

Un nouveau pas dans la levée du confinement a été atteint mi-juin quand l’ensemble des commerces ont été autorisés à rouvrir. Les restaurants, hôtels, salons de coiffure, salles de concert ou de sport, et autres lieux de rassemblement devront attendre au plus tôt juillet pour reprendre leur activité.

Parallèlement, la dette du secteur public hors banques nationalisées fin mai s’élevait à 100,9% du produit intérieur brut britannique avec 1’950,1 milliard de livres. C’est la première fois qu’elle dépasse la barre des 100% depuis l’année budgétaire terminée en mars 1963, rappelle l’ONS.

Elle doit son envolée à l’effondrement historique de l’activité (-25% entre février et avril) et une montée en puissance des aides gouvernementales aux entreprises pour les aider à traverser la crise et maintenir l’emploi, ainsi qu’aux personnes ayant perdu leurs revenus.

La dette publique a augmenté de 173,2 milliards de livres sur un an soit 20,5% en mai, un record depuis 1993 et le début des statistiques mensuelles.

«Les larges montants d’emprunts publics vont persister dans les mois à venir, et de nouvelles hausses de la dette du secteur public sont donc à attendre, avec un potentiel de fardeau de la dette de proportions historiques», estime Sam Miley, économiste du centre de réflexion CEBR.

«Si le gouvernement n’aura peut-être pas besoin d’emprunter autant dans les mois à venir, nous espérons tout de même des emprunts totalisant 330 milliards de livres sur l’année budgétaire 2020/21, plus de 30 milliards de plus que ce qu’a prédit l’OBR», l’organisme public de surveillance du budget britannique, remarque Capital Economics.

Mais vu «le faible niveau des taux d’intérêt, des niveaux élevés de dette gouvernementale devraient rester gérables. Une période prolongée d’austérité ne devrait donc pas nécessairement suivre cette crise», conclut la maison de recherche.

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