Place financière suisse: une évolution solide et encourageante des activités

Communiqué, Association suisse des banquiers

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Selon le nouveau Swiss Banking Outlook de l’ASB, la situation conjoncturelle devrait s’améliorer en 2024 pour les banques en Suisse.

Après une année 2023 mitigée, la situation conjoncturelle devrait s’améliorer en 2024 pour les banques en Suisse: c’est ce qui ressort du Swiss Banking Outlook, une enquête réalisée pour la première fois par l’Association suisse des banquiers (ASB) et publiée dans le cadre de son Baromètre bancaire. Les prévisions du consensus tablent pour 2023 sur une croissance de 0,9 % (2024: 1,5 %) et une inflation de 2,4 % (2024: 1,6 %). Les marchés d’actions et la marge d’intérêts devraient évoluer favorablement. Compte tenu de cette amélioration du contexte, le Swiss Banking Outlook anticipe un résultat consolidé en hausse en 2023.  

Le Baromètre bancaire de l’ASB fait apparaître une évolution globalement solide des activités des banques suisses en 2022. En dépit d’un contexte exigeant, marqué par un net repli des cours de Bourse ainsi que par des transferts d’avoirs de la clientèle avant la reprise de Credit Suisse par UBS, les banques ont dégagé un résultat consolidé quasiment stable, à CHF 70,3 milliards. En recul de seulement 0,9 % par rapport au très bon résultat consolidé de 2021, il reflète le niveau de confiance élevé de la clientèle ainsi que l’excellente qualité des prestations fournies.  

Si telle est la situation générale, les différents groupes de banques et domaines d’activité ont connu des évolutions distinctes en 2022. Les opérations d’intérêts ont prospéré dans le sillage du tournant en matière de taux d’intérêt opéré par la BNS, tandis que les opérations de commissions et prestations de services se sont inscrites en baisse.

Le bénéfice annuel consolidé a reculé de 16,3 % pour s’établir à CHF 6,5 milliards.

La hausse des taux d’intérêt et le repli des cours de Bourse par rapport à 2021 ont tiré à la baisse deux chiffres clés, à savoir le total des bilans des banques (-6,9 %, à CHF 3 339,7 milliards) et les actifs sous gestion (-11,2 %, à CHF 7 846,8 milliards).  

En 2022, les effectifs dans le secteur bancaire ont augmenté pour la troisième année consécutive. En fin d’année, les 235 banques suisses employaient 92 019 personnes (en équivalents plein temps) sur le territoire national, soit 1 429 de plus qu’à fin 2021. Les effectifs en Suisse ont donc à nouveau dépassé leur niveau de 2017 et ils ont continué de s’accroître légèrement au premier semestre 2023.

Nouveau: Swiss Banking Outlook

Le Baromètre bancaire 2023 de l’ASB intègre pour la première fois le Swiss Banking Outlook, qui présente la vision prospective de la branche sur l’évolution des indicateurs conjoncturels et des indicateurs des marchés financiers ainsi que sur les perspectives d’avenir de la place bancaire suisse. A cet effet, l’ASB a interrogé des experts des marchés financiers. Selon leurs prévisions de consensus, la croissance économique devrait s’établir à 0,9 % et l’inflation à 2,4 % sur l’année en cours. L’opinion majoritaire est que le taux directeur de la BNS ne dépassera pas son niveau actuel de 1,75 % – sachant que le relèvement du 22 juin 2023 avait été anticipé au moment de l’enquête. En 2024, au vu de l’évolution attendue sur le front de l’inflation, le taux directeur de la BNS devrait être orienté plutôt à la baisse.  

Amélioration des perspectives économiques: prévision de croissance de 1,5 % pour 2024

Pour 2024, le Swiss Banking Outlook prévoit une croissance économique de 1,5 %. Toutefois, en raison de la perte croissante de pouvoir d’achat et des risques géopolitiques, les prévisions individuelles des experts interrogé.e.s divergent fortement. Ces mêmes experts tablent sur une inflation en recul de 2,4 % en 2023 et ramenée à 1,6 % en 2024. Ils prévoient également une évolution favorable des marchés d’actions.

Bonne évolution des activités attendue en 2023: les banques bénéficient du tournant en matière de taux d’intérêt

Compte tenu de l’amélioration du contexte, le Swiss Banking Outlook anticipe un résultat consolidé en hausse en 2023, porté par un résultat des opérations d’intérêts en hausse lui aussi. S’agissant des crédits hypothécaires, leur croissance devrait être inférieure à la moyenne en raison de la hausse du niveau des taux d’intérêt et du développement globalement modéré de l’économie.

Deux potentiels phares pour la place bancaire suisse: l’expérience numérique de la clientèle et la finance durable

Selon le Swiss Banking Outlook, outre la hausse des taux d’intérêt, le potentiel de rendement des banques en Suisse réside dans l’amélioration continue de l’expérience client via les canaux numériques. Quant aux investissements durables, grâce à la promotion opiniâtre de la finance durable, ils devraient enregistrer une forte progression en volume en 2023. Toutefois, les coûts élevés liés à l’adaptation des systèmes informatiques et la densité réglementaire croissante, notamment, font peser des risques sur le rendement.

Situation des banques en Suisse en 2022: une évolution solide

Dans un contexte marqué par le tournant en matière de taux d’intérêt et le repli des cours de Bourse, mais aussi par des transferts d’avoirs de la clientèle avant la reprise de Credit Suisse par UBS, les banques en Suisse ont dégagé un résultat consolidé quasiment stable en 2022, à CHF 70,3 milliards. En recul de seulement 0,9 % par rapport au très bon résultat consolidé de 2021, il reflète le niveau élevé de confiance de la clientèle ainsi que la forte demande de services bancaires en résultant.

D’autres indicateurs se sont toutefois inscrits en recul par rapport à 2021. Le bénéfice annuel consolidé des banques en Suisse a baissé de 16,3 % pour s’établir à CHF 6,5 milliards. La hausse des taux d’intérêt et le repli des cours de Bourse par rapport à l’année précédente ont tiré à la baisse deux chiffres clés, à savoir le total des bilans des banques (-6,9 %, à CHF 3 339,7 milliards) et les actifs sous gestion (-11,2 %, à CHF 7 846,8 milliards).  

Tournant en matière de taux d’intérêt  

Les opérations d’intérêts ont bénéficié de l’abandon des taux d’intérêt négatifs par la BNS et généré en 2022 un résultat en hausse de 2,8 %, à CHF 24,5 milliards. Leur contribution au résultat consolidé s’est établie à 34,9 %, faisant d’elles le principal domaine d’activité des banques en Suisse. Les opérations de négoce ont également enregistré un résultat en nette progression (+17,8 % par rapport à 2021) en raison de la volatilité accrue des marchés. En revanche, le contexte boursier peu porteur a pesé sur le résultat des opérations de commissions et prestations de services.

Baisse du bénéfice brut  

Le bénéfice brut s’est inscrit en baisse de 5,1 % par rapport à l’année précédente. Malgré un résultat consolidé en léger recul, les charges d’exploitation, qui se composent des charges de personnel et des autres charges d’exploitation, ont augmenté de 1,9 %. Les banques ont versé CHF 2,1 milliards d’impôts aux caisses de l’Etat, ce qui est conforme à la moyenne pluriannuelle. Le bénéfice annuel consolidé a baissé de 16,3 % pour s’établir à CHF 6,5 milliards.

Recul du total des bilans

En 2022, le total consolidé des bilans de toutes les banques en Suisse s’est inscrit en recul de 6,9 %, à CHF 3 339,7 milliards. Cette évolution résulte principalement du fait qu’après une augmentation spectaculaire entre 2012 et 2021, les liquidités ont nettement décru pour la première fois depuis longtemps en raison du tournant en matière de taux d’intérêt. Les créances hypothécaires sont restées le principal poste d’actif en 2022, à 35,2 %.  

Pression sur les actifs sous gestion en raison d’une évolution boursière défavorable

En 2022, les actifs sous gestion dans les banques en Suisse ont baissé de 11,2 % par rapport à 2021, en raison principalement d’une contraction notable des portefeuilles de titres (-13,9 %). Ils s’établissaient en fin d’année à CHF 7 846,8 milliards. Le franc suisse est resté la principale monnaie de placement, avec une part de plus de 50%. La Suisse a conservé sa place de numéro un mondial en matière de gestion de fortune transfrontalière pour le compte de la clientèle privée. Les portefeuilles se sont inscrits en baisse de 6,1 % par rapport à 2021, à CHF 2 249,3 milliards.

Hausse des effectifs pour la troisième année consécutive

En 2022, les effectifs des banques sur le territoire national ont augmenté pour la troisième année consécutive (+1,6 %). En fin d’année, les banques employaient en Suisse 92 019 personnes (en équivalents plein temps) et le taux de chômage dans le secteur financier était légèrement en deçà de son niveau dans l’économie globale, à 2,0 %.

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