Pétrole: statu quo en vue de l’Opep+ face à un océan d’incertitudes

AWP

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Les pays membres devraient se contenter de reconduire leurs niveaux actuels de production, optant pour la prudence face aux nombreuses incertitudes économiques et géopolitiques. Le format de la réunion est remis en cause.

Les pays membres de l’Opep+, dont certains sont attendus en personne à Ryad, se réunissent dimanche, avec en ligne de mire une possible reconduction de leurs réductions de la production pour soutenir les cours de pétrole.

Cette grand-messe bisannuelle devait initialement se tenir au siège du cartel à Vienne, avant d’être reprogrammée en ligne.

Ce format est maintenu, selon l’organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Mais plusieurs pays ont annoncé qu’ils se rendraient en Arabie saoudite, pilier de l’alliance, pour des discussions de vive voix.

Le ministre de l’Energie du Kazakhstan, Almasadam Satkaliev, a confirmé sa participation, selon son conseiller cité par l’agence Interfax du pays. Le Koweït sera aussi représenté, selon une source au sein du ministère du pétrole.

L’agence Bloomberg mentionne également la Russie et les Emirats arabes unis.

Ces pays font partie des membres qui ont consenti à des réductions volontaires de production en novembre, en plus de celles décidées à l’échelle du groupe entier.

Or, ils plaideraient pour un relèvement de leurs quotas, a expliqué à l’AFP un expert proche de l’Opep, ce qui leur permettrait d’ouvrir le robinet d’or noir tout en affichant toujours une baisse de production artificielle.

De fait, l’Irak et le Kazakhstan ont dépassé leurs quotas au premier trimestre, tandis que la Russie a affiché une surproduction en avril pour des «raisons techniques».

Désaccords et turbulences

De l’avis des analystes, il s’agit de parvenir à un montage complexe pour pouvoir étendre les coupes et ainsi soutenir les cours minés par les incertitudes économiques.

«Une surprise n’est pas à exclure, mais nous misons toujours sur une prolongation des réductions» décidées précédemment, a commenté Giovanni Staunovo, de UBS.

Les cours de l’or noir ont peu évolué depuis la dernière réunion ministérielle de l’Opep+, oscillant autour des 80 dollars pour le Brent de la mer du Nord comme pour le WTI américain.

Une fourchette de prix suffisante pour conforter l’Opep et ses alliés dans sa stratégie, selon Tamas Varga, qui mise également sur «une reconduction des objectifs actuels jusqu’à la fin du troisième trimestre».

L’alliance, qui a commencé à resserrer les vannes fin 2022 face à la chute des cours, dispose en réserve d’une capacité de production de près de 6 millions de barils par jour selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), jouant ainsi sur la raréfaction de l’offre.

Cette réunion au format double pourrait cependant entériner une alliance à deux vitesses, avec d’un côté des réductions à l’échelle du groupe, et de l’autre, des coupes plus importantes de la part d’une poignée de pays volontaires.

Sabrer dans le vif, «plus grand monde n’est prêt à la faire», commente Philippe Sébille-Lopez, spécialiste des enjeux géopolitiques énergétiques. Certains pays producteurs sont en effet réticents à renoncer à une partie de leurs lucratives recettes pétrolières.

Les débats tumultueux autour des différents objectifs de production avaient même poussé l’Angola à quitter le navire Opep fin 2023, mécontente du quota qui lui avait été alloué.

Aux dissensions entre membres, s’ajoutent les nuages économiques: des taux d’intérêts élevés à travers le monde qui ont tendance à renchérir les prix et à freiner la demande de brut, les craintes de rebond de l’inflation aux États-Unis, ou encore le scepticisme autour de la reprise post-Covid en Chine, sans oublier les tensions géopolitiques au Moyen-Orient.

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