Nestlé voit sa rentabilité chuter en 2017

AWP

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Le bénéfice net a chuté de 15,8% à 7,2 milliards de francs, mais le groupe veveysan proposera un dividende en hausse de 2,2% à 2,35 francs.

Le géant alimentaire Nestlé a enregistré en 2017 des résultats inférieurs aux attentes, tant au niveau de la rentabilité que de la croissance organique, un indicateur-clé. Le groupe de Vevey ne compte pas renouveler son pacte d’actionnaires avec le français L’Oréal, dont il détient 23%, suscitant de nombreuses interrogations.

Le pacte d’actionnaires qui lie Nestlé et la famille Bettencourt, propriétaire majoritaire du groupe de cosmétiques L’Oréal, arrive à expiration le 21 mars et suscite beaucoup de spéculations. Cet accord prévoit que ni le groupe veveysan ni la famille ne peuvent augmenter leur part dans L’Oréal, jusqu’à six mois après la mort de l’héritière Liliane Bettencourt, décédée en septembre dernier.

«Nous n’avons pas l’intention d’augmenter notre participation dans L’Oréal et nous nous engageons à poursuivre notre relation constructive avec la famille Bettencourt», a détaillé jeudi la multinationale tout en relevant que L’Oréal continue d’être un investissement important.

Le conglomérat, en pleine restructuration pour relever les défis d’un marché en mutation, fait face à la pression d’actionnaires qui demandent notamment la cession du paquet de 23% d’actions dans L’Oréal.

RÉSULTATS EN DESSOUS DES ATTENTES

Au niveau des résultats, le géant a réalisé une croissance organique de 2,4% pour générer un chiffre d’affaires de 89,8 milliards de francs. La croissance interne réelle (RIG), qui mesure les volumes, s’est établie à 1,6% et les adaptations de prix ont contribué à hauteur de 0,8% à la croissance organique.

«La croissance organique de nos ventes en 2017 s’est située dans la fourchette de nos prévisions, mais en dessous de nos attentes, particulièrement en raison d’un faible niveau des ventes en fin d’année», a admis le directeur général (CEO) Mark Schneider. Au quatrième trimestre, la croissance organique a en effet décéléré à +1,9% contre +2,6% sur les neuf premiers mois.

Concernant l’évolution des régions, le patron a relevé que «la croissance des ventes en Europe et en Asie a été encourageante, tandis que l’Amérique du Nord et le Brésil ont continué à faire face à un environnement difficile».

Le bénéfice net a chuté de 15,8% à 7,2 milliards de francs, en raison notamment d’une augmentation des charges de restructuration et d’un amortissement sur écart d’acquisition pour sa filiale Nestlé Skin Heath de plus de 2 milliards. Nonobstant cette contre-performance, le groupe veveysan proposera un dividende en hausse de 2,2% à 2,35 francs.

Durant la période sous revue, la marge opérationnelle s’est inscrite à 14,7%, en recul de 60 points de base. «Les coûts de restructuration, ajoutés aux autres revenus et charges opérationnels courants nets, ont augmenté de 900 millions de francs à 1,5 milliard en raison de l’accélération des projets de restructuration», justifie Nestlé.

Quant à la marge opérationnelle ajustée, elle a progressé de 50 points de base à taux de change constants et de 40 points aux cours actuels à 16,4%.

A l’exception de la marge opérationnelle ajustée, les résultats publiés sont inférieurs aux attentes des analystes consultés par AWP, en particulier le bénéfice net. Ce dernier était attendu à environ 9,6 milliards de francs.

OBJECTIFS TIMIDES

La direction anticipe pour l’année en cours une croissance organique comprise entre 2% et 4%, tout en misant sur amélioration par rapport à 2017 où cet indicateur-clé s’est inscrit à 2,4%.

Les coûts de restructuration sont attendus autour de 700 millions de francs. Une amélioration de la marge opérationnelle courante récurrente, en ligne avec les objectifs de 2020, est également visée. Ces objectifs sont cependant jugés conservateurs par les analystes.

Le groupe alimentaire envisage par ailleurs la vente de son activité Gerber Life Insurance, ayant réalisé un chiffre d’affaires de 840 millions de francs en 2017.

Lors d’une conférence de presse à Vevey, Nestlé a annoncé qu’il visait essentiellement de petites acquisitions dans le cadre de la réorganisation de son portefeuille. «Mais si l’opportunité venait à se présenter, nous ne sommes pas opposés à de grandes emplettes», a fait remarquer M. Schneider.

Ces nouvelles pénalisaient l’action Nestlé. A 12h55, le titre perdait 2,5% à 75,4 francs à contre-courant d’un marché SMI en hausse de 0,24%.

A l’instar de la plupart de ses collègues, Baader Helvea a relevé que les chiffres publiés étaient faibles. Le courtier genevois concède que la réorganisation du groupe semble être sur la bonne voie, mais déplore un rythme plutôt lent.

Les décisions stratégiques annoncées jeudi – vente éventuelle de Gerber Life Insurance, non renouvellement du pacte d’actionnaires liant Nestlé à L’Oréal et statu quo concernant la participation dans le groupe français – laissent les marchés sur la faim, estime l’expert.