Les cours du cacao ont atteint de nouveaux sommets historiques sur la semaine en raison des craintes de pénuries et d’une demande mondiale ne tarissant pas malgré les prix toujours plus hauts.
«Les inquiétudes concernant la production en Afrique de l’Ouest (...) continuent de soutenir les marchés à terme», commente Jack Scoville, analyste de Price Futures Group.
«La production en Afrique de l’Ouest devrait être réduite cette année en raison des conditions météorologiques extrêmes», insiste-t-il, notant que la disponibilité du cacao dans la région est déjà «très limitée».
«Les prévisions d’un nouveau déficit de production par rapport à la demande pour l’année à venir augmentent», estime M. Scoville.
Par rapport à la saison précédente, l’offre mondiale pour 2023-2024 devrait se contracter de près de 11%, et le déficit de l’approvisionnement est estimé à 374’000 tonnes, contre 74’000 pour 2022-2023, d’après les chiffres révisés de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) publiés fin février.
Le cacao continue ainsi de battre records historiques sur records historiques. A Londres, son cours s’est envolé de près de 150% depuis le début de l’année et de près de 180% à New York.
En parallèle, «les données sur le broyage [de fèves] suggèrent que la demande pour l’ingrédient du chocolat se maintient, même si une crise mondiale a fait grimper les prix à un niveau record», affirment les analystes de ED&F Man.
Vers 15H30 GMT (17H30 à Paris), à Londres, la tonne de cacao pour livraison en octobre valait 8228 livres sterling, contre 7078 livres sterling une semaine plus tôt en fin de séance.
A New York, la tonne pour livraison en juillet valait dans le même temps 11’515 dollars, contre 10.475 dollars vendredi dernier.
Le cuivre reluit
Les cours du cuivre ont grimpé cette semaine sur le London Metal Exchange (LME), dopés par le resserrement du marché après de nouvelles sanctions américaines et britanniques contre les métaux russes, et la réduction de l’offre minière tandis que la demande reste forte.
Vendredi, le métal a culminé à 9913,50 dollars la tonne, un nouveau plus haut depuis juin 2022.
Depuis deux mois, le cuivre grimpe, «porté par la croissance mondiale et l’optimisme de la demande, ainsi que par les réductions de l’offre minière pour 2024, qui resserrent de plus en plus les conditions du marché», explique Ole Hansen, analyste à Saxobank.
Par ailleurs, les négociants en métaux doivent désormais s’adapter aux sanctions occidentales sur les métaux russes.
Washington a en effet annoncé la semaine dernière l’interdiction de l’importation aux États-Unis de l’aluminium, du cuivre et du nickel d’origine russe, dans le cadre de sanctions supplémentaires prises avec le Royaume-Uni et ayant pour but de réduire les revenus de Moscou.
Le LME a affirmé «tenir compte de toutes les sanctions» dans ses opérations dans un avis publié samedi.
«Le resserrement temporaire jusqu’à ce que les flux commerciaux se réajustent pourrait entraîner une hausse des prix à court terme, en particulier en Europe», note Ole Hansen.
Les métaux sont le principal produit d’exportation de Moscou après l’énergie.
Parallèlement, la demande de cuivre de décroit pas, le métal étant très utilisé pour la transition écologique en cours en raison de ses propriétés. Sa forte conductivité en font en effet un métal clé pour le passage à une économie plus verte, intervenant notamment dans la composition des batteries de véhicules électriques.
Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’échangeait à 9858 dollars vendredi, contre 9457,50 dollars à la clôture sept jours plus tôt.
L’âge d’or se poursuit
Le cours de l’or s’est légèrement relevé sur la semaine, surfant sur le dos de sa récente ascension vers son précédent sommet, et soutenu par un repli vers les valeurs refuges alors que la situation géopolitique demeure tendue.
Le marché est «toujours en effervescence» dans la foulée du dernier record historique de l’or à 2431,52 dollars l’once, vendredi de la semaine dernière, pointe Frank Watson, de Kinesis Money.
«D’autres facteurs peuvent avoir contribué à ces gains, notamment des achats modérés de la part des banques centrales», ainsi que «des tensions géopolitiques accrues», entre conflit en Ukraine et hostilités liées à la situation à Gaza, «qui comportent tous deux des risques d’escalade supplémentaire», ajoute l’analyste.
Vendredi, les investisseurs se tournaient vers le métal jaune après que plusieurs explosions ont été rapportées en Iran, de hauts responsables américains faisant état d’une attaque israélienne en représailles aux tirs contre Israël le week-end dernier.
Le métal précieux pourrait encore s’apprécier «si le conflit au Moyen-Orient s’aggrave encore, même si la hausse pourrait être plafonnée si la Fed dilue encore ses prévisions de baisses de taux plus tard cette année», remarque Han Tan, analyste d’Exinity, dans une note adressée à l’AFP.
Plusieurs responsables de la Fed ont été jusqu’à évoquer une éventuelle nouvelle hausse de taux d’intérêts face au risque que l’inflation reparte vu la vigueur de l’économie américaine, là où l’hypothèse était totalement écartée il y a encore quelques jours.
Une perspective susceptible de renforcer le dollar et les rendements obligataires américains, et de pénaliser le métal jaune, valeur refuge concurrente du billet vert
L’once d’or s’échangeait à 2391,18 dollars vendredi, contre 2344,37 dollars vendredi à la clôture.