L'industrie MEM inquiète sur l'étranger et le franc fort

AWP

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Les entrées de commandes ont reculé de 12,5% sur les six premiers mois de l’année, par rapport à la même période en 2018.

L’industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM) a peiné au premier semestre, en raison notamment des incertitudes économiques mondiales et du franc fort. La faîtière Swissmem demande une intervention de la BNS en faveur d’une monnaie plus faible face à l’euro.

Les entrées de commandes ont reculé de 12,5% sur les six premiers mois de l’année, par rapport à la même période en 2018. La chute a été particulièrement marquée au second trimestre (-19,5%).

Le chiffre d’affaires semestriel de la branche s’est rétracté de 1,9%. La baisse a, là aussi, été plus importante au deuxième trimestre (-2,6%). «Les grandes sociétés et les PME sont pareillement touchées.»

Les exportations ont reculé de 1% en glissement annuel à 34,5 milliards de francs. La métallurgie (-6,2%), la construction des machines (-5,2%) et l’électrotechnique/électronique (-0,9%) ont été affectées. En revanche, les outils de précision ont progressé (+4,0%).

Par régions, les envois vers l’Union européenne (-1,5%) et l’Asie (-2,6%) ont souffert, alors qu’ils ont augmenté en direction des Etats-Unis (+5,1%).

Les difficultés allemandes inquiètent

«Au regard des indices des entrées de commandes et du chiffre d’affaires, la situation de l’industrie MEM n’est pas encore dramatique» a assuré Stefan Brupbacher, directeur de Swissmem, lors d’une conférence de presse mercredi à Zurich. «La tendance est toutefois clairement à la baisse».

Il s’est dit préoccupé par la situation outre-Rhin. «L’industrie en Allemagne, qui représente 27% des exportations de l’industrie MEM, a vu sa production se réduire considérablement au deuxième trimestre», a ajouté M. Brupbacher. Le risque de récession plane sur l’économie allemande et d’autres pays européens ne vont pas forcément beaucoup mieux.

Les indices de directeurs d’achats en Chine, au Japon, dans l’UE et en Suisse sont en dessous du seuil de croissance de 50 points. Seule la situation aux Etats-Unis est meilleure.

«Les risques existants, comme les conflits commerciaux et monétaires, un Brexit désordonné, les problèmes d’endettement de certains pays européens, se sont accentués», selon le communiqué.

Ces incertitudes ont conduit à un refroidissement de certains marchés. «Je suppose que la demande continuera à baisser. Dans le meilleur des cas, elle se stabilisera à un niveau inférieur au cours des douze prochains mois», a estimé Stefan Brupbacher.

Au niveau monétaire, au vu de la force actuelle du franc vis à vis de l’euro, «le seuil de douleur a été atteint» à 1,08 franc. Swissmem appelle la Banque nationale suisse (BNS) à être active, prenant des mesures pour affaiblir la monnaie.

Employés Suisse davantage confiant

Au premier trimestre, le nombre d’employés de l’industrie MEM a progressé de 2,6% à 322’800 par rapport à la même période l’an passé. Les chiffres semestriels ne sont pas connus. «En raison de la baisse des entrées de commandes et de l’utilisation des capacités, Swissmem ne s’attend pas à une croissance de l’emploi dans les prochains mois.» Au contraire, des suppressions de postes et du chômage partiel ont été décidés au cas par cas.

Le syndicat Employés Suisse a réagi mercredi en affirmant qu’il n’y avait pas de quoi paniquer. Se basant sur les données de l’institut BAK Economics, l’organisation assure que l’industrie MEM a connu une croissance plus forte que l’ensemble de l’économie. Elle continue d’exiger une hausse des salaires jusqu’à 1,9%.

Swissmem réclame de «meilleures conditions cadres» et en appelle aux instances politiques. Elle plaide pour la signature de l’accord-cadre avec l’Union européenne, mais aussi des traités de libre-échange avec l’Indonésie, le Mercosur et les Etats-Unis.

Au niveau intérieur, la faîtière souhaite un allongement de la durée du chômage partiel à 18 mois, contre 12 actuellement. Par ailleurs, une extension des mesures sociales - comme notamment un prolongement du congé paternité - «doit être évitée» car l’industrie ne peut pas supporter des coûts salariaux plus élevés.

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