Les entreprises aux mains de milliardaires surperforment le marché

AWP

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L’étude d'UBS et PwC révèle une évolution plus marquée de la gent féminine (+46%) au club des milliardaires, que de leurs homologues masculins (+39%).

Les entreprises cotées détenues par des milliardaires ont nettement surperformé la moyenne du marché au cours des 15 dernières années, même si la fortune de ces derniers s’est contractée en 2018, signalent UBS et PwC dans une étude publiée vendredi.

Les sociétés cotées contrôlées par des personnalités ultra-riches ont dégagé entre 2003 et 2018 un rendement de 17,8%, comparé aux 9,1% de l’indice global MSCI AC. «Les milliardaires continuent de créer et de diriger des entreprises qui surperforment les marchés boursiers», assure Josef Stadler, en charge de la clientèle ultra-fortunée (UHNW) d’UBS, à l’occasion de la publication de la cinquième édition du «Billionaire Report».

Ce constat contraste avec l’évolution de la fortune nette des milliardaires l’année dernière. Après cinq ans de croissance ininterrompue au cours desquels il a quasiment quadruplé, leur patrimoine s’est érodé de 388 milliards de dollars à 8500 milliards.

«L’explosion des milliardaires des cinq dernières années a subi une correction naturelle», estime M. Stadler, pour qui le phénomène est la conséquence de l’appréciation du dollar et de la montée des incertitudes boursières sur fond de détérioration du contexte géopolitique.

Selon lui, la surperformance des entreprises détenues par les grands de ce monde est à mettre au crédit de leur «appétit pour la prise de risque calculée», et de leur «plus grande propension à projeter et à investir sur le long terme».

Leur «sens des affaires» s’illustre également dans l’avènement des activités philanthropiques, moyennant lesquelles ils «cherchent de nouvelles manières d’induire un changement environnemental et social de grande ampleur».

Si l’éducation se taille encore la part du lion (37%) comme récipient de la manne milliardaire, devant la santé (21%), la culture et les arts (14%), la cause environnementale et le changement climatique attirent de plus en plus de «philanthopes innovants», assure UBS.

Présence féminine accrue

L’étude révèle en outre une évolution plus marquée de la gent féminine (+46%) au club des milliardaires, que de leurs homologues masculins (+39%) au cours des cinq dernières années. Aujourd’hui, on compte 233 femmes ultra-riches, contre 160 en 2013, dont deux cinquièmes sont actives dans les biens de consommation et la vente au détail.

La région Asie-Pacifique reste le principal vivier de milliardaires, même si leur nombre a reculé de 7,4% en 2018 pour s’établir à 754, un chiffre qui masque des variations importantes, 169 individus ayant été rayés de la liste, alors que 110 y sont entrés. La Chine à elle seule a «produit» plus d’un milliardaire par semaine l’an dernier.

Les Amériques arrivent juste derrière, avec 749 milliardaires. Cela représente une hausse de 4,8% sur un an, qui s’explique notamment par l’essor des titans technologiques étasuniens.

Dans la région Europe, Moyen-Orient, Afrique (Emea), le patrimoine des ultra-fortunés a reculé de 4,9% à 2400 milliards de dollars. Le nombre de milliardaires sur le Vieux Continent s’est contracté de près de 5% à 598.

Champions des IPO

Même lorsqu’elles passent de la propriété privée en mains publiques, les entreprises détenues par les milliardaires continuent d’être plus rentables que les autres.

La centaine scrutée par les auteurs de l’étude qui ont connu une introduction en Bourse (IPO) au cours des dix dernières années présentaient en moyenne un retour sur capitaux (ROE) de 35,4% dans les trois années précédant l’IPO. Cet indicateur chute ensuite de plus de moitié sous l’effet dilutif de l’émission de nouveaux titres.

Pour les autres sociétés, le ROE se situe légèrement au-dessus de 20% avant l’IPO, puis tombe à moins de 15% et passe sous les 10% en moins de cinq ans.

Cela explique pourquoi la plupart des ultra-riches souhaitent garder la mainmise sur leurs entreprises. Presque l’intégralité des quelque 2100 milliardaires de la base de données de l’étude détiennent toujours des parts dans leurs sociétés, et même une majorité de contrôle dans près de deux tiers des cas.

A contre-courant de la tendance générale, la fortune des pontes technologiques, essentiellement basés aux Etats-Unis, a progressé de 3,4% à 1300 milliards de dollars en 2018. A l’opposé, les grands capitaines d’industrie ont essuyé la pire performance, avec un recul de 15,1% à 608,9 milliards de dollars, sur fond de dépréciation des matières premières

Au cours des cinq dernières années, le secteur a contribué à près d’un tiers de l’évolution de la richesse et le nombre de milliardaires qui en est issu a quasiment doublé pour s’établir à 148. Si ces derniers étaient un pays, celui-ci ne serait surpassé que par les Etats-Unis, assurent les auteurs de l’étude.