Les banques risquent gros à demeurer laxistes face au risque climatique, avertit la BCE

AWP

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Une expertise de l’institution sur 95 banques couvrant 75% des prêts de la zone euro révèle que les portefeuilles de crédit continuent à financer des secteurs polluants.

La plupart des grandes banques européennes n’ont pas encore aligné leur politique de crédit sur l’accord de Paris sur le climat, s’exposant à des risques financiers, réputationnels et judiciaires accrus, a indiqué mardi la Banque centrale européenne (BCE).

L’institution monétaire pousse depuis 2020 les banques à identifier et gérer les risques climatiques chez leurs clients emprunteurs.

Le superviseur au sein de la BCE a voulu savoir comment les banques appréhendent le «risque de transition» qui traduit les conséquences financières d’une transformation vers une économie bas-carbone.

Or, l’analyse menée par l’institution sur 95 banques couvrant 75% des prêts de la zone euro révèle que «les portefeuilles de crédit des banques sont considérablement mal alignés sur les objectifs de l’accord de Paris», autrement dit continuent à financer des secteurs polluants, «ce qui entraîne des risques de transition élevés pour environ 90% de ces banques, affirme Frank Elderson, membre du directoire de la BCE, dans une note.

Signé en 2015, l’accord de Paris a pour ambition de poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré. De récentes études scientifiques indiquent toutefois que la trajectoire de réchauffement global est plutôt de l’ordre de 3 degrés.

Cela est «très préoccupant» car «plus nous attendons pour transformer notre économie, plus la transition sera facteur de perturbations et plus les risques qui se matérialiseront sur les bilans des banques seront grands», prévient le banquier central.

L’exposition des banques sur ces crédits à risque reste relativement faible: 189 milliards d’euros prêtés principalement aux producteurs d’électricité, à côté d’autres secteurs (pétrole, gaz, charbon, automobile, acier et ciment), soit 5% d’un total de 3650 milliards euros d’encours de prêts globaux, selon la BCE.

L’exposition maximale à un client d’un de ces secteurs dépasse 5 milliards d’euros, et 60 banques ont un risque inférieur à 1 milliard d’euros, détaille le rapport.

Ces banques «mal alignées» sur l’accord de Paris pourraient néanmoins «avoir un risque de réputation accru», faute de financer suffisamment «la transition vers une économie décarbonée», ajoute la BCE.

Et «70% de ces banques pourraient être confrontées à des risques de litige élevés» car elles se sont engagées à suivre l’accord de Paris sans agir sur leur portefeuille de prêts, selon M. Elderson.

Des sanctions pécuniaires menacent déjà les établissements retardataires qui ne se conformeront pas d’ici fin 2024 à des obligations en matière de divulgation d’informations sur le climat. L’imposition de fonds propres complémentaires pour couvrir le risque climat reste elle à l’étude.

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