Le vaccin d’Astrazeneca sous le microscope de l’UE

AWP

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L’anti-COVID-19 sera vendu «à prix coûtant» partout dans le monde, a déclaré le CEO Pascal Soriot.

L’Agence européenne du médicament (EMA) se prononce vendredi sur l’autorisation dans l’Union européenne du vaccin d’Astrazeneca contre le Covid-19, alors que les 27 fustigent ses retards de livraison et que la commission de vaccination allemande l’a déconseillé pour les plus de 65 ans.

Basée à Amsterdam, l’EMA a prévu une conférence de presse virtuelle à 14h00 GMT sur le sujet.

L’agence s’est déjà exprimée dans la matinée, indiquant dans un communiqué qu’un autre vaccin, le Pfizer/Biontech, n’avait pas de lien avec des décès post-vaccination, dont un certain nombre de personnes âgées, qu’elle a examinés. «Les données ne (montrent) pas de lien avec la vaccination» ni «de problèmes de sécurité», selon le régulateur européen.

Cette annonce intervient sur fond de regain épidémique et d’inquiétudes en Europe, où se répandent, comme dans le reste du monde, des variants du coronavirus qui posent la question de l’efficacité des vaccins.

Parallèlement, des experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont entamé vendredi des investigations ultra-sensibles sur les origines de la pandémie à Wuhan, dans le centre de la Chine, où elle s’était déclarée fin 2019.

Les enquêteurs iront au désormais célèbre Institut de virologie de Wuhan, équipé de laboratoires P3 et P4 de haute sécurité, qui manipulait notamment des coronavirus, mais aussi dans des hôpitaux et des marchés.

Les Etats-Unis ont exigé une enquête «claire et poussée». Pékin, qui ne veut pas se voir mis en cause, a répliqué en rejetant toute «ingérence politique».

Astrazeneca sur la sellette

Le laboratoire britannique Astrazeneca a de son côté officiellement demandé le 12 janvier l’autorisation de son vaccin dans les 27 pays membres de l’UE ainsi qu’en Islande, au Liechtenstein et en Norvège.

Mais la veille du verdict de l’EMA, la commission allemande de vaccination (STIKO) a jugé que «le vaccin Covid-19 d’Astrazeneca est actuellement recommandé uniquement pour les personnes âgées de 18 à 64 ans», car «les données disponibles actuellement sont insuffisantes pour évaluer l’efficacité du vaccin au-delà de 65 ans».

Le ministre allemand de la Santé Jens Spahn était sur la même ligne vendredi matin, disant s’attendre à une approbation du remède mais avec des «restrictions» concernant les plus de 65 ans.

Astrazeneca avait assuré jeudi que «les dernières analyses (...) confirment l’efficacité du vaccin dans le groupe des plus de 65 ans».

S’il est approuvé, ce vaccin sera le troisième à obtenir le feu vert de l’EMA, après ceux de Pfizer-Biontech le 21 décembre et de Moderna le 6 janvier.

Astrazeneca subit depuis plusieurs jours les foudres des dirigeants de l’UE en raison de retards de livraisons.

Le groupe a évoqué une «baisse de rendement» dans une usine européenne, expliquant ne pouvoir livrer qu’»un quart» des doses initialement promises à l’UE au premier trimestre.

Bruxelles, qui a précommandé jusqu’à 400 millions de doses, a jugé ces explications «insatisfaisantes» et demandé une inspection d’une usine belge du laboratoire, où «certains documents et données» ont été saisis jeudi.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a encore accentué la pression vendredi, disant vouloir publier dans la journée le contrat signé avec Astrazeneca.

Si l’accès du vaccin Astrazeneca devait être réservé uniquement aux moins de 65 ans, cela contraindrait la plupart des gouvernements européens à réexaminer leur stratégie, axée sur la vaccination prioritaire des plus âgés.

Qu’il s’agisse d’Astrazeneca ou d’autres laboratoires, les pays européens se plaignent de la lenteur de fabrication des vaccins, même si 70% des doses administrées le sont dans les pays riches (Europe, USA et pays du Golfe).

Nouveau vaccin américain

Dans le monde, le Covid-19 a fait au moins 2,17 millions de morts et contaminé plus de 100,8 millions de personnes, selon un comptage de l’AFP. Son variant apparu en Grande-Bretagne s’est étendu à 70 pays et le variant sud-africain à 31 pays, selon l’OMS.

Aux Etats-Unis, pays le plus touché (plus de 432.603 décès pour plus de 25,7 millions de cas), deux premiers cas du variant sud-africain ont été détectés, en Caroline du Sud.

Depuis les Etats-Unis, l’entreprise de biotechnologie américaine Novavax a affirmé jeudi que son vaccin en deux doses a montré une efficacité de 89,3% contre le Covid-19, selon les résultats des essais de phase 3. Mais son remède est bien moins efficace face au variant sud-africain, que les scientifiques considèrent comme plus contagieux.

L’entreprise a assuré qu’elle se lançait immédiatement dans le développement d’un nouveau vaccin ciblant ce variant.

En Europe, l’OMS a exhorté à ne pas «baisser la garde» sur les restrictions, qui vont d’ailleurs être renforcées dans certains pays.

Ainsi, l’Allemagne compte imposer une réduction drastique du trafic aérien avec le Royaume-Uni, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Portugal, considérés comme les plus affectés par les nouveaux variants. Idem en Colombie où une suspension de toutes les liaisons aériennes avec le Brésil entre en vigueur vendredi.

Le Portugal, où le virus provoque une pression «gigantesque» sur les hôpitaux, a enregistré jeudi un nouveau record de décès, avec 303 morts supplémentaires en 24 heures. Les déplacements non essentiels à l’étranger y sont désormais interdits.

Au Royaume-Uni, premier pays européen à avoir dépassé les 100.000 morts, les autorités vont fermer vendredi à 13H00 GMT leurs frontières aux personnes arrivant des Emirats arabes unis, dont Dubaï très prisé des touristes, ainsi que du Burundi et du Rwanda, afin d’éviter l’importation de nouveaux variants.

Et en Norvège, la fermeture des frontières aux non résidents entre en vigueur vendredi.

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