Le soutien monétaire et budgétaire de la BNS est raisonnable

AWP

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Selon le président de la banque nationale Thomas Jordan, la récession est due à un choc entièrement exogène, «quasiment comparable à une catastrophe naturelle».

Face à un choc d’une ampleur exceptionnel, tel que celui entraîné par la pandémie de COVID-19, le soutien de la BNS aux politiques budgétaire et monétaire «semble tout à fait raisonnable, voire absolument nécessaire», estime son président Thomas Jordan. Mais la gestion de la politique monétaire dans l’intérêt général demeure l’objectif principal.

Revenant sur la nouvelle convention de distribution signée par la Banque nationale suisse (BNS) avec la Confédération et relevant le versement aux cantons et à la Confédération de 4 à 6 milliards de francs, M. Jordan explique dans une interview publiée vendredi dans Le Temps que «la distribution de cet argent a lieu parce que l’on se trouve dans une situation qui l’autorise». Aussi longtemps que ce sera possible, nous distribuerons les montants les plus élevés prévus par la convention».

Selon M. Jordan, les discussions se sont déroulées comme prévu et «la pression de certains milieux politiques n’a joué aucun rôle. Nous avons un mandat et l’on ne peut être actif que dans le cadre de la loi».

Les montants déterminés par la nouvelle convention ont été possibles au vu de nos fonds propres, rappelle le président de la banque centrale. «Etant donné les circonstances, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il était pertinent de le faire rétrospectivement déjà pour l’année 2020».

Si M. Jordan convient que le fait que cantons et Confédération puissent s’habituer à la manne de la BNS représente un risque, il assure que l’institut d’émission s’est montré clair dans les discussions, la communication et dans la convention. «Les fonds propres qui nous permettent, ou non, cette distribution sont soumis à de grandes fluctuations. Ils peuvent s’évaporer rapidement, si le franc venait à s’apprécier», rappelle-t-il.

Choc exogène

«Il faut que les cantons et la Confédération en soient conscients. Cette convention est donc raisonnable et adaptée à la situation volatile», relève M. Jordan.

Selon le président de la BNS, la récession est due à un choc entièrement exogène, «quasiment comparable à une catastrophe naturelle». Alors que les restrictions économiques sont inédites «il s’agit non seulement d’un problème de demande, mais également d’un problème d’offre», souligne M. Jordan.

La politique monétaire ne peut pas soutenir des entreprises ou des individus en particulier. Ce que la BNS peut faire, c’est influencer le niveau des taux d’intérêt, le cours de change et la liquidité dans le système bancaire pour avoir une stabilité des prix et que l’économie dans son ensemble dispose de conditions favorables, explique M. Jordan.

La Confédération, les cantons et les communes bénéficient également du bas niveau des taux d’intérêt dans cette situation difficile. La stabilité des prix est primordiale pour la population dans son ensemble, car l’inflation et la déflation sont avant tout une charge pour les ménages à bas revenus, argumente M. Jordan.

Face aux critiques concernant les placements de la BNS, notamment sous l’angle environnemental, M. Jordan rappelle que ceux-ci visent en priorité à soutenir sa politique monétaire et à maintenir la valeur des actifs de son portefeuille. A ce titre, une grande diversification, permet de réduire les risques, observe-t-il.

Sur le volet du changement climatique, la BNS doit avant tout analyser les effets de ce dernier sur l’économie en général, «et en tirer des conclusions pour la politique monétaire, pour la croissance, l’équilibre des taux, etc», poursuit le banquier central. Il y a aussi un risque pour la stabilité financière des banques.

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