Le sous-emploi touche davantage les femmes

AWP

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Selon l’OFS, la Suisse comptait l’an dernier 256’000 femmes sous-employées, c’est-à-dire des salariées qui étaient prêtes à travailler davantage sans pouvoir le faire.

Vouloir travailler davantage, mais ne pas pouvoir le faire: cette situation devient de plus en plus fréquente en Suisse, et elle touche avant tout les femmes.

Plus d’un tiers (37%) de la population active helvétique occupe actuellement des postes à un taux de moins de 90%. Ce travail à temps partiel concerne surtout les femmes, sachant qu’elles ne sont que 41% à bénéficier d’un emploi à temps plein, contre 83% pour les hommes, montrent les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS).

Ce sont souvent les employés eux-mêmes qui demandent à travailler moins, ce qui ne pose en général pas de problème. En revanche, la situation devient plus critique lorsque c’est l’employeur qui, unilatéralement, impose des réductions de temps de travail.

Celles-ci sont généralement justifiées pour des raisons économiques. Et elles touchent majoritairement des secteurs d’activité où les femmes sont nombreuses, explique le syndicat Unia, qui cite les institutions sociales, les homes pour les personnes âgées ou les structures pour les réfugiés.

PAS SEULEMENT EN SUISSE

Selon l’OFS, la Suisse comptait l’an dernier 256’000 femmes sous-employées, c’est-à-dire des salariées qui étaient prêtes à travailler davantage sans pouvoir le faire. Le taux de sous-emploi s’est ainsi élevé à 11,3% chez les femmes, soit quatre points de pourcentage de plus que la moyenne de la population active suisse.

Chez les femmes, mais aussi chez les hommes, le taux de sous-emploi n’a cessé d’augmenter en Suisse depuis 2010. Parmi les personnes concernées, 47% souhaiteraient même un poste à temps plein, sans trouver de réponse favorable auprès de leur employeur, relève l’OFS.

Cette situation n’est pas spécifique à la Suisse. L’Organisation internationale du Travail (OIT) avait justement critiqué, il y a un mois, le recours forcé au temps de travail partiel, de plus en plus fréquent dans les pays industrialisés.

EXPÉRIENCE MITIGÉE

Pour Unia, la réduction du temps de travail, lorsqu’elle est exigée par l’employeur, frappe durement les personnes concernées. Le syndicat juge inacceptable cette mesure, sauf quand elle permet d’éviter les licenciements.

La Poste avait justement pris une telle disposition dans les années 1990. Sur une base volontaire et temporaire, les employés du géant jaune avaient été invités à participer à un «modèle solidaire» en réduisant leur taux d’activité afin de permettre à des collègues de travailler à temps partiel.

La perte au niveau salarial était alors supportée d’un tiers par la Poste, et de deux tiers par les collaborateurs concernés. Ce projet n’a toutefois pas rencontré un grand succès, et il n’a plus été utilisé lors des réorganisations ultérieures de La Poste.

Selon Unia, il n’existe actuellement aucun projet comparable en Suisse. Pour Beat Baumann, économiste au sein du syndicat, de telles mesures ne peuvent fonctionner que pour les professions bénéficiant d’un niveau de revenu relativement élevé.

UNE SOLUTION PARMI D’AUTRES

La Poste, mais aussi Swisscom, figurent aujourd’hui parmi les entreprises suisses qui suppriment le plus de postes. Pour les deux groupes toutefois, la diminution du temps de travail ne constitue pas forcément une priorité. En cas de restructuration, la baisse du taux d’activité «est examinée avec le collaborateur et peut, souvent, constituer une solution», explique-t-on au service de presse de La Poste.

Le discours est le même chez Swisscom, où la réduction du temps de travail constitue une possibilité parmi d’autres. L’accent est mis sur «la planification, la gestion prudente des postes vacants et la reconversion» afin de minimiser autant que possible la réduction des effectifs, explique un porte-parole de Swisscom.

Du côté de La Poste, on affirme que le taux d’activité peut être réduit à tout moment, si cela est compatible avec les tâches à accomplir. Entre La Poste Suisse, PostFinance et PostAuto, 44% des 61’000 employés du groupe travaillent actuellement à un taux réduit.

Cette proportion est encore plus faible chez Swisscom, où 20% des 20’500 collaborateurs travaillent à moins de 90%.