- L'évolution technologique, le déplacement des pools de profit et la phase de post-mondialisation devraient à nouveau stimuler les transactions à l'avenir
- En 2024 le volume mondial des transactions s'est établi à près de 3,5 billions de dollars US (environ 3,2 billions de francs suisses), ce qui correspond à un bond de 15% par rapport à l'année précédente
- Un responsable M&A sur trois dans le monde prévoit de faire appel à l'intelligence artificielle (IA) d'ici la fin de l'année
Après trois années plutôt frileuses, le marché mondial des fusions et acquisitions pourrait opérer son retour en 2025. Dans son «Global M&A Report 2025», le cabinet de conseil international Bain & Company prévoit que les derniers principaux obstacles aux transactions - taux d'intérêt élevés et conditions réglementaires défavorables - s'atténuent. Les fusions, les acquisitions et les cessions seront donc des instruments décisifs pour les entreprises afin de s'affirmer à l'ère de la postmondialisation dans un contexte de déplacement des pools de profit et de bouleversements technologiques.
«Les activités de fusions et d'acquisitions sont typiquement cycliques et nous voyons des signes que le marché est prêt pour une reprise», explique Renato Jorio, partenaire de Bain à Zurich et expert en fusions et acquisitions. Selon le rapport, le volume mondial des transactions s’est établi à un total d'environ 3,5 billions de dollars américains (environ 3,2 billions de CHF) en 2024. Cela correspond à un bond de 15% par rapport à l'année précédente, soit le niveau du milieu des années 2010. Le nombre de transactions M&A s’est apprécié de 7% en comparaison annuelle. Bien qu'il y ait donc eu une certaine reprise en 2024, le volume des transactions s’est avéré historiquement bas par rapport au produit intérieur brut mondial.
«Les conditions de marché défavorables ont freiné les transactions au cours des trois dernières années. Mais même pendant cette période, les entreprises les plus performantes ont réussi à s'adapter et à réaliser une croissance inorganique malgré les difficultés», commente M. Jorio. «Maintenant que les obstacles autour du globe commencent à s'estomper, d'autres vont leur emboîter le pas. Les entreprises suisses continuent elles aussi à miser sur les fusions et acquisitions».
Les M&A demeurent une compétence clé majeure pour les entreprises
Selon le rapport Bain, l'intérêt pour les transactions reste fondamentalement élevé dans le monde entier, même si l'activité est pour l’heure encore modérée. «Les fusions et acquisitions jouent un rôle central dans la stratégie des entreprises car les dirigeants recherchent des opportunités de croissance en évaluant les risques et les bénéfices en période de perspectives économiques incertaines, de tensions géopolitiques et de chaînes d'approvisionnement perturbées», souligne Kai Grass, partenaire chez Bain et expert en fusions et acquisitions. «Les investisseurs financiers s'efforcent également de rentabiliser leur capital». Par ailleurs, l'offre en transactions potentielles ne cesse de croître. Cela va des groupes qui réorientent leurs stratégies commerciales aux fonds de private equity et de capital-risque qui veulent accroître leurs liquidités: nombreux sont ceux qui disposent d'actifs qu'ils souhaitent céder dès que le marché continuera de se redresser et que les valorisations repartiront à la hausse.
Tandis que les nouveaux gouvernements en Europe et aux États-Unis pourraient favoriser une attitude plus ouverte à l'égard des fusions et acquisitions, les technologies disruptives sont sur le long terme le moteur principal des changements stratégiques pour les entreprises. L'IA générative, l'automatisation, les énergies renouvelables et l'informatique quantique ne sont que quelques-unes des technologies clés que les entreprises doivent soit développer elles-mêmes, soit sécuriser par des acquisitions afin de rester compétitives. En outre, la phase de post-mondialisation, associée à l'évolution des pools de profit, continuera à stimuler les activités de fusions et d'acquisitions. Les dirigeants repensent leurs structures mondiales, par exemple pour garantir l'accès à des marchés finaux attrayants ou pour stabiliser les chaînes d'approvisionnement.
L'appel à l'IA générative peut encore être développé
Entre-temps le thème de l'IA est également passé au premier plan dans de nombreux endroits. Une enquête menée par Bain auprès de plus de 300 responsables M&A dans le monde dans le cadre de cette étude a révélé que 21% d'entre eux utilisent déjà l'IA générative lors de fusions et d'acquisitions. C'est 5 points de pourcentage de plus que l'année précédente. Un tiers d'entre eux entend faire appel à cette technologie d'ici la fin de l'année. Ce sont justement les entreprises et les fonds de private equity les plus enclins à faire des acquisitions qui exploitent déjà l'IA. Alors que la sélection et l'examen des transactions font partie des cas d'application les plus courants, Bain anticipe que l'IA soutiendra chaque étape du processus de fusion et d'acquisition au cours des cinq prochaines années.
«L'IA générative va changer fondamentalement la manière dont les transactions M&A seront menées et conclues», souligne M. Jorio, l'expert de Bain. «Les utilisateurs précoces obtiennent plus rapidement de meilleurs résultats, tandis que les retardataires font de la surenchère sur des deals attrayants et se retrouvent coincés dans des processus interminables. La bonne nouvelle c'est qu'au vu des taux d'adoption relativement faibles à ce jour, il n'est pas encore trop tard pour se lancer et rattraper son retard».
Perspectives du secteur
L’étude de Bain & Company examine les tendances en matière de fusions et d'acquisitions stratégiques dans dix régions et à travers douze secteurs, dont:
- l’automobile et la mobilité
- le commerce de détail
- l’ndustrie de l'énergie
- les services financiers
- le secteur de la santé
- l’industrie de la construction
- les biens de consommation
- l’aéronautique / la défense
- l’industrie mécanique
- l’économie des médias
- le high-tech
- les télécommunications