Dans un marché des céréales en manque de catalyseurs, les conditions météorologiques et les effets de change constituent les principaux facteurs de variation des cours en l’attente de développements sur le front de la guerre commerciale lancée par Donald Trump.
De part et d’autre de l’Atlantique, «il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent et tout le monde est à l’affût» du prochain gros titre, a résumé pour l’AFP Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France.
Les cours du blé sont restés globalement stables sur la semaine, tandis que ceux du maïs et du soja ont reculé, effaçant tous leurs gains de la semaine précédente.
Côté fondamentaux, après une amélioration des conditions de culture «assez spectaculaire et surprenante», les précipitations devraient être au rendez-vous sur le continent nord-américain, augurant une production solide et tirant les prix des céréales vers le bas, a relevé auprès de l’AFP Michael Zuzolo, analyste de Global Commodity Analytics and Consulting.
Ces dernières semaines, les semis américains avaient été jugés comme «préoccupants» par les acteurs du marché «en raison d’un temps trop sec dans la Corn Belt occidentale» et de «conditions trop humides et trop froides à l’est du Mississippi», a-t-il rappelé.
Michael Zuzolo a souligné aussi que les estimations de production de soja en Argentine étaient globalement restées inchangées, malgré les inondations de mi-mai, tandis que les prévisions concernant les récoltes brésiliennes de maïs ont été revues en hausse par une partie des spécialistes.
En outre, le niveau de qualité du maïs américain dépasse les attentes, selon le dernier rapport du ministère de l’Agriculture (USDA) publié lundi. Désormais, 57% du grain jaune est dans un état considéré comme «bon» (contre 56% la semaine passée).
«C’est à la marge», mais «comme nous n’avons pas beaucoup d’autres sujets, on a là des éléments tangibles» que les analystes peuvent scruter, a expliqué Damien Vercambre, analyste chez Inter-Courtage.
«Ce type de chiffres à cette période de l’année ne correspond pas aux rendements finaux. Il s’agit donc plus d’un mouvement psychologique que d’autre chose», a prévenu pour sa part Rich Nelson, analyste d’Allendale.
«Pas de position claire»
Pour le marché, «le principal problème est que nous ne disposons pas encore d’une position claire sur les questions commerciales», a rapporté Rich Nelson.
Le président américain Donald Trump a fait pression sur la Chine mercredi pour avancer dans le dossier des droits de douane, tandis que l’Europe s’est montrée «optimiste» sur les négociations avec Washington, tout en critiquant le doublement des surtaxes américaines sur l’acier et l’aluminium.
«A moins d’un accord commercial entre les États-Unis et la Chine ou un autre pays gros consommateur de matières premières comme l’Inde», et en l’absence d’autre événement, Michael Zuzolo s’attend à ce que les cours des céréales restent tirés vers le bas.
L’offensive commerciale lancée par le président américain et ses multiples zones d’ombre ont lourdement fait reculer le dollar, monnaie d’échange de référence, notamment face à l’euro.
Ceci «a un peu joué les arbitres» au niveau des cours, car dès que les prix européens décollent, le taux de change euro-dollar «rappelle finalement qu’il faut quand même que les céréales européennes conservent une attractivité par rapport» aux céréales américaines, a pointé Gautier Le Molgat.
En outre, les acteurs de marché gardent un oeil sur le conflit en Ukraine, le regain de tensions entre Moscou et Kiev ayant «généré un petit peu de hausse en début de semaine» sur le marché agricole du Vieux Continent, selon Damien Vercambre.
Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les deux pays étaient parmi les plus gros exportateurs mondiaux de blé et maïs. La Russie est aussi l’un des principaux producteurs d’engrais azoté, utilisé dans de nombreuses cultures.