Le gaz européen évoluait jeudi à son plus haut niveau de l’année, poussé par le risque géopolitique et les craintes quant à l’approvisionnement en gaz de l’Europe après l’incursion ukrainienne en Russie.
Vers 17H10, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne du gaz naturel, grimpait de 4% à 40,005 euros le mégawattheure (MWh), poussant jusqu’à 40,475 euros, son plus haut prix depuis décembre.
Depuis mardi, le gaz européen a bondi de 9% environ.
«Le prix du gaz européen a bondi (...) après l’annonce que les troupes ukrainiennes avaient saisi un point de transit de gaz à Soudja, une partie du dernier gazoduc restant qui achemine le gaz russe vers l’Europe via l’Ukraine», ont expliqué les analystes de DNB.
Ce gazoduc enregistrait ces derniers mois des «flux quotidiens d’environ 42 millions de mètres cubes», selon Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.
Les forces russes font toujours face jeudi à une incursion majeure des troupes ukrainiennes sur leur sol, dans la région frontalière de Koursk.
L’armée ukrainienne avait lancé mardi une offensive surprise transfrontalière dans cette région russe, employant jusqu’à 1000 soldats et des véhicules blindés, selon l’état-major russe.
D’après plusieurs analystes, l’avancée ukrainienne se concentre autour de Soudja, une ville russe d’environ 5.500 habitants située à une dizaine de kilomètres de la frontière.
L’état d’urgence a été instauré mercredi dans la région russe de Koursk, à la frontière avec l’Ukraine, «qui abrite un point clé de livraison de gaz», a souligné Al Munro, analyste de Marex.
Le transit de gaz russe via l’Ukraine est tombé en juin à son plus bas niveau historique, soit à 334 millions de mètres cubes par jour, avait annoncé vendredi l’opérateur des gazoducs ukrainiens OGTSOU, dénonçant le «chantage gazier» de Moscou.
Après le début de l’offensive russe en Ukraine, les pays européens ont voulu réduire leur dépendance aux hydrocarbures russes. Des ruptures ou des réductions d’approvisionnement venant des fournisseurs restant de gaz à l’Europe ont tendance à entraîner une forte volatilité des cours.
«Toute perturbation majeure» d’ici la fin de l’année sur le gazoduc Soudja accroîtrait «la nécessité de rechercher d’autres sources d’approvisionnement, principalement sous forme de GNL (gaz naturel liquéfié, NDLR), d’où un prix plus élevé, l’Europe devant rivaliser avec les acheteurs d’Asie et d’Amérique du Sud», a expliqué M. Hansen.