Le franc s’appréciait nettement vendredi face au dollar et à l’euro, alors que les investisseurs étaient à la recherche de valeurs refuges dans un contexte d’exacerbation des tensions commerciales entre Washington et Pékin. La Banque nationale suisse (BNS) pourrait intervenir pour freiner l’appréciation de la devise helvétique, selon les experts.
Peu après 17h40, la paire de devises USD/CHF s’affichait à 0,8149, après avoir baissé à 0,8102 dans l’après-midi, un plus bas depuis juillet 2011.
Face à la monnaie unique européenne, le franc évoluait à 0,9235 EUR/CHF, un record depuis décembre 2023.
«Vu l’incertitude entourant la politique américaine en matière de droits de douane, la volatilité devrait persister sur les marchés, emmenant les investisseurs à rechercher les valeurs refuges» dont fait partie le franc, ont souligné les analystes de Trading Economics.
Dans ce contexte, «la BNS a pour pratique d’intervenir pour limiter la force du franc, en particulier pendant les périodes d’incertitude mondiale», ont souligné les économistes d’UBS dans un commentaires de marché.
«Si la détresse du marché persiste, le franc devrait rester fort, incitant la BNS à envisager plusieurs mesures pour freiner son appréciation», ont-ils ajouté.
La BCE monte la garde
L’institut d’émission pourrait opter pour une baisse des taux lors de sa réunion régulière en juin, avec une réduction du taux directeur de 25 points de base à 0%, «en particulier si l’inflation passe en territoire négatif.»
La banque centrale suisse pourrait aussi effectuer des achats de devises étrangères pour contrer les pressions d’appréciation. «Cette approche offre de la flexibilité, mais risque d’être perçue comme une manipulation de la monnaie, ce qui pourrait exacerber les tensions commerciales avec les Etats-Unis», ont cependant averti les économistes de la banque aux trois clés.
Et «dans une démarche plus agressive», la BNS pourrait «mettre en oeuvre une baisse de taux d’urgence si elle juge que l’appréciation du franc constitue une menace significative pour l’inflation et la croissance économique». Cela ouvrirait «potentiellement la porte à des mesures d’assouplissement supplémentaires», selon les experts.
Les décisions de la BNS seront influencées par les mouvements de politique de la Banque centrale européenne (BCE), un assouplissement coordonné pouvant aider à limiter la force du franc.
La BCE a d’ailleurs annoncé vendredi qu’elle était «prête à intervenir» en cas de risque pour la stabilité financière en zone euro. L’institution monétaire «surveille la situation et est toujours prête à intervenir» en utilisant «les instruments dont elle dispose», a déclaré sa présidente Christine Lagarde.