Le chômage en Suisse au plus bas depuis dix ans en juin

AWP

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Le taux se maintient à 2,4% mais le nombre de chômeurs inscrits aux Offices régionaux de placement descend à 106’579 personnes, contre 109'392 en mai.

Le taux de chômage en Suisse continue à battre des records à la baisse. Il s’inscrit à 2,4% à fin juin, le même taux qu’un mois plus tôt, mais avec un léger recul en chiffres absolus du nombre de chômeurs. Les spécialistes s’attendent à ce que le taux de sans emploi recule encore.

«Les entreprises suisses se sont habituées aux taux de change actuel, environ 1,15 à 1,16 franc pour un euro, en rognant par exemple sur leurs marges», a indiqué à AWP l’analyste de Swissquote, Arnaud Masset. «La Banque centrale européenne continue à appliquer une politique économique plutôt accommodante. Il ne faut surtout pas s’attendre à ce que la Banque nationale suisse (BNS) augmente ses taux avant la BCE, donc la Suisse bénéficie aussi de cet élan.»

Cela dit, reconnaît l’analyste, de nombreuses incertitudes planent sur l’avenir de la zone euro, sans compter l’épineux dossier de l’accord-cadre avec l’UE. La Suisse joue serré. «Mais vu les anticipations de croissance dans la zone euro, je ne serais pas étonné que le chômage baisse encore en Suisse prochainement, en particulier si l’euro remonte vers les 1,20 à 1,30 franc», a estimé M. Masset.

Dans le détail, le nombre de chômeurs inscrits aux Offices régionaux de placement (ORP) s’est établi en juin à 106’579 personnes, contre 109’392 un mois plus tôt, a indiqué lundi le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco).

Ces statistiques sont conformes aux prévisions des analystes sollicités par AWP, qui avaient tablé sur un taux de 2,3% à 2,4%. Jamais le taux de chômage en Suisse n’avait été aussi bas depuis septembre 2008, soit depuis la crise financière.

L’évolution est spectaculaire sur un an, puisque le nombre de sans-emplois inscrits a diminué de 27’024 personnes (-20,2%). Le chômage des jeunes en particulier a reculé de 23,9% sur douze mois, soit une baisse de 3371 personnes pour les 15 à 24 ans. Celui des aînés de 50 ans et plus affiche un recul de 5118 personnes (-14,1%) sur douze mois et de 2,9% sur un mois, pour s’établir à 31’104 personnes.

En tout, 2543 personnes ont épuisé leurs droits aux prestations de l’assurance-chômage dans le courant du mois d’avril, relève encore le Seco. Ce dernier relève par ailleurs que le changement de la méthode de calcul intervenu pour les mois de mars, avril et mai est désormais achevé.

Neuchâtel et Genève en queue, Uri au top

Les cantons romands restent les plus touchés. Le taux de chômage se monte à 4,4% à Neuchâtel (recul de 0,1% sur un mois et de 0,8% sur un an) et à 4,3% à Genève (inchangé sur un mois). Il atteint 3,4% dans le canton de Vaud (-0,1% sur un mois) de même que dans le Jura (-0,1%). Le Valais, avec un recul de 0,2% à 2,5%, est très proche de la moyenne suisse, tout comme le Tessin (2,5%, inchangé). Fribourg se situe pile dans la moyenne helvétique (2,4%, inchangé).

Les mieux lotis sont les habitants des petits cantons, comme Uri (0,5% de chômage), Obwald (0,6%), Nidwald (0,8%) et Appenzell Rhodes-Intérieures (1%). Les Grisons (1%) sont également très largement épargnés, ainsi que la Suisse orientale en général. Outre-Sarine, le canton le plus touché est Bâle-Ville, avec un taux de 3,2%. Zurich est dans la moyenne (2,4%) et Berne en dessous (1,7%).

Globalement, le taux de chômage atteint 2% en Suisse alémanique et 3,3% pour la Suisse romande et le Tessin (-0,6% sur un an).

A noter que le taux de sans-emplois en Suisse est équivalent chez les hommes et chez les femmes (2,4%) mais touche davantage les étrangers (4,1%) que les Suisses (1,8%).

Une des singularités est que le plein emploi en Suisse - un taux de chômage de 2,4% qualifie largement une situation de plein emploi, selon les économistes - ne s’accompagne pas d’une hausse des salaires.

Ces derniers se trouvent toujours sous pression. Arnaud Masset y voit peut-être la conséquence de la globalisation. «La main-d’oeuvre est devenue très interchangeable. Il existe une pénurie dans certains domaines, comme l’informatique et les technologies, mais il est souvent possible de faire venir très rapidement les spécialistes recherchés.»

L’analyste de Swissquote note par ailleurs le dynamisme de l’Arc lémanique. Certes, le chômage y reste sensiblement plus élevé qu’outre-Sarine, mais la région est attractive, d’importants investissements y sont consentis, et l’écart avec les grandes régions de Suisse alémanique pourrait bien se combler peu à peu.

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