La Libra «avance normalement», selon un de ses promoteurs genevois

AWP

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Le cap est maintenu, malgré les obstacles politiques, a déclaré l’un de ses promoteurs, Vincent Pignon, lors d’une matinée fintech à Genève.

Le projet de cryptomonnaie Libra lancé par Facebook est «long et très compliqué» mais va générer et forte traction pour l’écosystème local (genevois et au-delà) de la blockchain, a déclaré mardi l’un de ses promoteurs, Vincent Pignon, lors d’une matinée fintech à Genève. Le cap est maintenu, malgré les obstacles politiques.

«Quoi qu’on pense de l’idée, la Libra est le projet emblématique de 2019 pour la place financière genevoise», a lancé M. Pignon, expert de la blockchain et directeur du groupe Wecan, qui exploite des solutions liées cette nouvelle technologie de stockage de données gérées de façon décentralisée.

Il s’exprimait lors d’une matinée consacrée aux fintech, ces nouvelles technologies liées à la révolution numérique qui chamboulent le secteur financier, réunissant de nombreux acteurs et PME de l’Arc lémanique dans le cadre du 1er «Chambers Day» (Journée mondiale des Chambres de commerce).

Pour l’instant, la feuille de route définie lors de l’annonce du projet Libra en juin dernier a été respectée, et le délai de lancement de la monnaie (courant 2020) reste le même, a dit M. Pignon. Malgré le retrait de grands acteurs comme Paypal, Visa ou Mastercard, l’Association Libra qui pilote l’opération de Genève est la plus grande initiative privée du genre, appelée à réunir une centaine d’entités, dont des ONG, a relevé Vincent Pignon.

Ce dernier s’est dit «plutôt positif» sur l’avenir du projet, tout en rappelant qu’il en était l’un des promoteurs.

La Libra reposera sur une blockchain «open source» et doit permettre à tous les participants d’y développer leurs applications afin de faciliter les paiements internationaux, entre particuliers ou acteurs commerciaux. L’Association Libra est actuellement en phase de recrutement à Genève, a précisé Vincent Pignon, en l’absence du directeur de ladite association, Bertrand Perez, «en tournée en Europe».

Les banques suivent le mouvement

Le secteur financier suit l’évolution de près. «La majeure partie de ceux qui s’intéressent au projet sont les plus grandes banques, qui cherchent à comprendre l’impact» sur leurs affaires, a poursuivi l’intervenant. La Libra peut constituer à la fois un défi et une menace pour l’industrie financière, mais aussi une opportunité en tant que porte-monnaie électronique pouvant se greffer aux modèles existants.

«Même si tous les pays ne reconnaîtront pas la Libra, le projet avance normalement voire très vite vu les enjeux», a estimé Vincent Pignon.

Le monde financier est en pleine ébullition, d’autant que la Chine vient d’annoncer son intention de devenir le premier pays au monde à lancer sa propre monnaie numérique, un projet concocté en secret depuis cinq ans, qui recèle un potentiel de bouleversement majeur accélérant notamment la disparition de l’argent liquide.

Même si les détails du projet restent inconnus et que les parallèles avec la Libra sont très limités, Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, a d’ores et déjà prévenu que les efforts de la Chine pour la numérisation menacent de rendre la finance américaine obsolète.

En attendant, au-delà des nouvelles monnaies, tout l’écosystème lémanique et suisse de la fintech a compris les nouveaux enjeux et se révèle «foisonnant», porté par une législation plutôt accommodante, selon les intervenants.

Il existe à ce jour 345 sociétés fintech en Suisse, d’après le recensement effectué par Swisscom, a relevé Vincent Pignon. Soit autant d’acteurs - essentiellement actifs dans les relations B2B (entreprise à entreprise) - qui s’approprient des pans de la chaîne de valeur des banques. Il sont aidés en cela par les problèmes de confiance nés de la crise financière il y a dix ans.

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