La guerre commerciale va brider la croissance mondiale selon l’OCDE

AWP

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«Nous avons revu en baisse la croissance de quasiment chaque économie dans le monde, du fait des droits de douane», a indiqué au cours d’un entretien à l’AFP l’économiste en chef de l’institution Alvaro Pereira.

Les surtaxes douanières imposées par Donald Trump à ses partenaires vont fortement peser sur l’activité économique à travers la planète, avertit l’OCDE qui se montre plus pessimiste sur la croissance dans le monde... en particulier aux Etats-Unis.

«Nous avons revu en baisse la croissance de quasiment chaque économie dans le monde» du fait des droits de douane, a indiqué au cours d’un entretien à l’AFP l’économiste en chef de l’institution Alvaro Pereira.

«Le commerce est affecté, en particulier la consommation et l’investissement», a poursuivi l’économiste au cours de cet entretien mené lundi à la veille de la publication du rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques.

L’OCDE, qui rassemble 38 pays développés, tient une réunion ministérielle mardi et mercredi à Paris. Des discussions entre négociateurs américains et européens doivent aussi avoir lieu en marge de cette rencontre sur les droits de douane, ainsi qu’un G7 centré sur le commerce.

A peine arrivé à la Maison Blanche en janvier, le président américain a lancé un bigbang douanier en imposant à ses partenaires des taxes punitives d’ampleur.

Il a créé un puissant climat d’incertitude pour les entreprises en raison de ses annonces, suivies parfois de pauses mais aussi de brutaux durcissements, à l’instar de sa décision vendredi d’un doublement à venir de la surtaxe sur l’acier et l’aluminium à 50% dès mercredi.

Dynamisme révolu

Jusque-là l’activité économique avait profité d’un effet Trump qui s’était matérialisé par une progression des échanges «à la fin de 2024 et au premier trimestre de 2025», indique l’OCDE, en raison du désir des entreprises de reconstituer des stocks avant que le couperet des droits de douane ne tombe.

«Néanmoins, certains signes apparaissent annonçant une dégradation de ces résultats», s’alarme l’OCDE en citant le plongeon des prix du transport maritime par conteneurs entre Shanghai et les Etats-Unis, une conséquence directe du bras de fer entre Pékin et Washington.

«L’effet des hausses récentes des taux de droits de douane bilatéraux entre les États?Unis et leurs partenaires commerciaux va probablement transparaître de plus en plus nettement dans les indicateurs économiques», poursuit l’OCDE.

La crainte est d’autant plus grande que «les États?Unis constituent un marché d’exportation important pour un certain nombre de pays», développe l’institution parisienne, qui égrène: «environ 75% des exportations de biens du Mexique et du Canada, 19% pour le Japon, 13% pour la Chine, et 10% pour l’Allemagne».

Le taux effectif des droits de douane américains sur les marchandises importées est passé en mai selon l’OCDE de 2% à 15,4%, «le niveau le plus élevé observé depuis 1938».

L’Amérique souffre

La croissance mondiale va logiquement souffrir, désormais attendue à 2,9% cette année et l’an prochain, en baisse respectivement de 0,2 et 0,1 point de pourcentage par rapport aux précédentes estimations publiées par l’OCDE en mars. Celles-ci avaient déjà été revues en baisse pour 2025 et 2026 en raison des tensions commerciales.

La croissance américaine va «nettement ralentir», prévoit l’OCDE, et le freinage principal au sein des pays les plus développés sera pour les Etats-Unis: le PIB devrait y progresser en 2025 de 1,6% contre 2,2% inscrit en mars. La baisse est plus modeste pour 2026 où la croissance est attendue à 1,5% contre 1,6% prévus en mars.

Outre la guerre commerciale, «une nouvelle contraction de l’immigration nette et une réduction du nombre de fonctionnaires du gouvernement fédéral devraient affaiblir la croissance» américaine, poursuit l’OCDE en référence à la politique appliquée par Donald Trump dans son pays.

L’inflation aux Etats-Unis devrait par ailleurs rester à un niveau élevé, ajoute l’institution économique internationale, qui prévoit 3,2% cette année et 2,8% l’an prochain, soit environ un point de plus qu’en zone euro, là encore à cause des droits de douane.

Visée par les assauts de Trump, la zone euro n’a pas fait l’objet d’une nouvelle baisse de sa prévision de croissance comme en mars, l’OCDE prévoyant 1% de progression du PIB cette année malgré un pessimisme plus grand pour la France qui passerait de 0,8% à 0,6%.

Le Japon voit de son côté sa prévision ramenée à 0,7% contre 1,1% en mars.

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