La BNS relève son taux directeur de 25 points de base à 1,75%

AWP

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 Il s'agit de la cinquième hausse décidée depuis juillet 2022 par l'institut d'émission, qui n'exclut pas de poursuivre sur cette voie à l'occasion de son examen périodique de la situation économique et monétaire du pays.

La Banque nationale suisse (BNS) a relevé jeudi son taux directeur de 25 points de base (pb), pour le porter à 1,75%, évoquant une nouvelle accentuation récente de la pression inflationniste à moyen terme. L’institution se félicite d’avoir contribué à atténuer le renchérissement ces derniers mois, mais prévient que la facilité avec laquelle les entreprises peuvent encore répercuter la hausse de leurs coûts laisse augurer des répliques persistantes sur de nombreux biens et services.

«Il n’est pas exclu que d’autres relèvements de taux soient nécessaires pour assurer la stabilité des prix à moyen terme,» a d’emblée prévenu en conférence de presse Thomas Jordan, président de la direction générale de la BNS.

Le changement de taux entrera en vigueur dès le 23 juin. Les avoirs à vue détenus par les banques à la BNS seront alors rémunérés au taux de 1,25%, soit au taux directeur de la BNS minoré toujours de 50 points de base. Il s’agit de la cinquième hausse décidée depuis juillet 2022 par l’institut d’émission, pour un total de 250 points de base.

Renforcer le franc pour saper l’inflation importée

«Le resserrement de notre politique monétaire a entraîné une appréciation du franc et par là même réduit l’inflation importée. De plus, notre politique monétaire endigue aussi directement le renchérissement des biens et services suisses», a expliqué le banquier en chef.

Le patron du garant de la stabilité des prix a indiqué en outre rester disposé à agir sur le marché des changes pour mener à bien sa mission, soulignant que dans le contexte actuel ces mesures s’apparentent principalement à des ventes de devises.

Si les projections conditionnelles d’inflation pour l’année en cours ont été revues quelque peu à la baisse à 2,2% contre 2,6% en mars, celle pour 2024 comme pour 2025 l’ont été à la hausse, à respectivement 2,2% et 2,1%.

Pas de pause en septembre

«La BNS a clairement signalé que son travail contre l’inflation n’est pas terminé et nous anticipons une nouvelle hausse de taux dès le prochain examen de la situation en septembre,» a indiqué à AWP l’économiste en chef de Mirabaud Asset Management, Gero Jung. Les prévisions conditionnelles d’inflation avec un taux maintenu à 1,75% indiquent que le renchérissement demeurerait supérieur au plafond du couloir de 0% à 2% établi pour la stabilité des prix jusqu’en 2025 au moins, poursuit l’ancien cadre de la BNS.

Du côté d’Edmond de Rothschild, Lars Kalbreier accueille une décision somme toute «plutôt dovish», certains de ses confrères ayant anticipé une hausse de taux d’une envergure deux fois supérieure aux 25 pb annoncés. La perspective d’un nouveau relèvement en septembre porterait la taux directeur à 2,0%, un «niveau plus vu depuis 2008», souligne le responsable des investissements

 

La BNS réduit sa prévision d’inflation pour 2023

La Banque nationale suisse (BNS) réduit sa projection d’inflation pour l’année en cours à 2,2%, contre 2,6% jusqu’alors. Pour 2024, un taux de 2,2% est également attendu, contre 2,0% jusqu’à présent. Les attentes en matière de croissance du produit intérieur brut (PIB) restent inchangées.

Au cours des derniers mois, l’inflation a sensiblement ralenti, explique jeudi la BNS dans son appréciation de la situation monétaire et économique du pays. En mai, le renchérissement a ainsi atteint 2,2%, une évolution qui reflète un renchérissement moins prononcé pour les biens importés, et surtout la baisse des prix des produits pétroliers et du gaz naturel.

L’institut explique ainsi la réduction de sa prévision d’inflation par rapport à ses attentes de mars dernier du fait de la baisse des cours du pétrole et du gaz ainsi que de l’appréciation du franc. La légère hausse anticipée pour l’an prochain s’explique notamment par une «persistance des effets de second tour, par une augmentation du prix de l’électricité et des loyers et par le fait que la pression inflationniste venant de l’étranger s’avère durer plus longtemps que prévu», a déclaré devant la presse à Zurich Thomas Jordan, le président de la BNS.

Pour 2025, le renchérissement annuel moyen est attendu à 2,1% en 2025. Au cours des trois prochaines années, l’inflation devrait de plus en plus refléter le renchérissement des biens et services suisses. Sans le relèvement de taux décidé aujourd’hui, elle s’inscrirait à un niveau encore plus élevé à moyen terme, a observé M. Jordan.

Croissance modeste

Du côté des perspectives de croissance mondiale, une hausse modeste est attendue, dans un contexte d’inflation demeurant globalement élevée. A moyen terme, les prix devraient néanmoins retrouver des niveaux plus faibles, en particulier du fait du resserrement des politiques monétaires et du ralentissement conjoncturel. Mais de grands risques continuent de grever ce scénario de base pour l’économie mondiale, avertit la banque centrale.

Et l’institut d’émission de mentionner la vive inflation que connaissent certains pays, laquelle pourrait se montrer plus persistante qu’anticipé. D’autre part, l’approvisionnement énergétique de l’Europe pourrait redevenir problématique l’hiver prochain.

En Suisse, le PIB a enregistré une croissance soutenue en première partie d’année, la création de valeur s’intensifiant dans les services, alors qu’une légère hausse est intervenue dans l’industrie. Le marché du travail est lui demeuré solide, et les capacités de production ont été bien utilisées jusqu’ici. Cependant, la Banque nationale s’attend à une croissance modeste pour le reste de l’année.

Ce ralentissement devrait résulter de la faiblesse de la demande extérieure, des pertes de pouvoir d’achat dues au renchérissement et du durcissement des conditions de financement. Au final, le PIB devrait progresser cette année d’environ 1%. Dans un tel contexte, il est probable que le chômage progressera légèrement et que l’utilisation des capacités de production reculera quelque peu. Comme pour l’économie mondiale, la prévision pour la Suisse est entourée d’une forte incertitude, note la BNS.

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