La BNS maintient le statu quo monétaire, anticipe une inflation en 2021

AWP

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Le taux directeur est maintenu à -0,75% et les avoirs à vue seront toujour frappés d’un intérêt négatif.

La Banque nationale suisse (BNS) a reconduit jeudi sa politique monétaire accommodante inchangée et - dans les grandes lignes - son appréciation de la situation conjoncturelle du pays. Les perspectives de croissance à court terme demeurent largement conditionnées par l’évolution de la pandémie de Covid-19 et des mesures adoptées pour la juguler. L’inflation devrait faire son retour dès l’année en cours, quoique de manière bien timide.

Le taux directeur est maintenu à -0,75% et les avoirs à vue seront toujours frappés d’un intérêt négatif, indique jeudi le compte-rendu de l’examen périodique de la situation économique et monétaire.

Le garant de la stabilité monétaire se déclare disposée à intervenir «si nécessaire» sur le marché des changes, alors que le phrasé en la matière comprenait encore mi-décembre la mention «de manière accrue». Nonobstant un récent relâchement, le franc s’inscrit encore à un niveau considéré comme «élevé».

L’institut d’émission continuera à approvisionner «généreusement» en liquidités le système bancaire.

Prérequis pour un changement pas remplis

«Il faudra une inflation plus marquée et un changement sensible de la situation avant que ne puisse être retravaillée la politique monétaire», a résumé le timonier de l’institution, Thomas Jordan. Le président de la direction générale a par ailleurs implicitement balayé de récentes exigences d’économistes regroupés sous la bannière «SNB Observatory» de préciser l’objectif pour l’inflation à 2%, au lieu du couloir de 0 à 2% adopté pour l’heure.

«Notre définition nous offre plus de souplesse, ce qui constitue un avantage», a estimé M. Jordan. L’économiste n’a pas non plus souhaité entrer en matière sur l’articulation d’un objectif pour les taux de changes.

La projection de croissance pour l’année en cours reste fixée dans un couloir de 2,5% à 3,0%, malgré une contraction sur les trois premiers mois dans le sillage de la seconde vague pandémique et partant du postulat de base que le carcan sanitaire se relâchera à brève échéance.

L’activité devrait retrouver son niveau d’avant la crise dans le courant du deuxième semestre, même si les capacités de production risquent de demeurer sous-employées pendant quelque temps encore.

La seconde vague a également péjoré la situation sur le front de l’emploi, avec un recours accru au chômage partiel et une hausse du taux de chômage.

Timide résurgence de l’inflation

La prévision d’inflation pour l’année en cours a été relevée à 0,2%, contre une évolution plate au dernier pointage de décembre. Le renchérissement doit par la suite accélérer à 0,4% en 2022 et 0,5% l’année d’après, moyennant le maintien d’un taux directeur à -0,75%.

L’inflation devrait à moyen terme rester plus insuffisante qu’excessive et implique ainsi un maintien des taux négatifs pendant longtemps encore, analysent les économistes de VP Bank.

«Une poursuite de l’affaiblissement du franc ouvrirait dans les prochaines années une fenêtre pour un resserrement de la politique monétaire, mais il reste pour ce faire encore un long chemin à parcourir», étayent les experts de l’établissement vaduzien.

Chez J. Safra Sarasin, Karsten Junius estime que la BNS reste en mode «wait and see» concernant l’inflation et en «stand-by» avec ses interventions sur le marché des changes.

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