La BCE «prête» à accroître ses rachats de dette

AWP

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Les taux sont inchangés mais les opérations de financement destinées aux banques sont encore assouplies.

Après sa série de mesures exceptionnelles face à la pandémie de coronavirus, la Banque centrale européenne (BCE) a pour l’essentiel maintenu jeudi son arsenal et s’est dite «prête» à aller encore plus loin, pendant que les gouvernements de la zone euro peinent à accoucher d’une réponse commune.

Dans l’immédiat, l’institution gardienne de l’euro a confirmé ses mesures prises depuis la mi-mars, soit un renforcement considérable des achats de dette publique et privée sur le marché, pour éviter que les conditions de financement ne se durcissent et n’aggravent l’impact économique de la crise.

L’institut monétaire va dépenser 120 milliards d’euros supplémentaires d’ici décembre au titre de l’assouplissement quantitatif ou «QE», un programme lancé en mars 2015. Elle a, de surcroît, dégainé un bazooka supplémentaire de 750 milliards d’euros avec son programme d’urgence contre la pandémie (PEPP), qui répond à des règles d’achats plus souples, et s’est dite «prête» à en accroître la taille.

La BCE a par ailleurs encore baissé le taux le plus favorable accordé aux banques pour les prochaines vagues de prêts géants annoncées en mars, le descendant de -0,75% à -1%, dans le cas où ces liquidités servent à soutenir des PME fragilisées par la crise.

Par ce biais d’apparence technique, «la BCE délivre sans honte de la monnaie-hélicoptère aux banques», décrypte sur Twitter Stanislas Jourdan, directeur de l’ONG Positive Money.

Détermination à agir

Enfin, le principal taux d’intérêt a été maintenu à zéro, tandis que les banques se verront appliquer un prélèvement de 0,50% sur une fraction des dépôts qu’elles confient à la banque centrale au lieu de les prêter à leurs clients.

La BCE a ainsi emboîté le pas de son homologue américaine, qui a maintenu mercredi ses taux d’intérêt autour de 0% tout en se disant prête à utiliser «toute la palette d’outils» à sa disposition pour atténuer l’impact économique de la crise sanitaire.

La Banque du Japon (BoJ) a elle encore renforcé lundi ses programmes de rachats d’actifs.

La palette des instruments de la BCE va servir à maintenir de bonnes conditions de crédit dans l’économie et continuer à stabiliser les marchés des dettes publiques et privées. Ces derniers sont soumis à des tensions sur les emprunts émis par des pays aux finances fragiles, comme l’Italie.

Plus largement, les aides publiques déployées pour éviter une vague de faillites, donc de licenciements, devraient créer une montagne de nouvelle dette souveraine estimée à 1.000 milliards d’euros rien que pour l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne, que la BCE a la capacité à absorber à son bilan.

A partir de 12H30 GMT, lors d’une conférence de presse virtuelle tenue à Francfort, la présidente de la BCE Christine Lagarde devrait marteler que l’institution de Francfort est «déterminée à augmenter la taille de ses interventions, si nécessaire», déclare à l’AFP Eric Dor, directeur de recherche à l’Institut d’économie scientifique et de gestion (IESEG).

Récession sans précédent

Déjà très virulente en mars face à l’action limitée des Etats devant les dégâts du coronavirus, Mme Lagarde a encore mis en garde les dirigeants européens, la semaine dernière, contre le risque «d’agir trop peu, trop tard».

Un appel qu’elle devrait d’autant plus réitérer jeudi que le PIB de la zone euro a reculé de 3,8% au premier trimestre, a indiqué l’Office européen des statistiques Eurostat jeudi, et qu’il risque de connaître un repli sans précédent cette année.

Or, faute d’accord européen sur des mécanismes de solidarité budgétaire, «c’est à nouveau la BCE qui doit réaliser l’essentiel de la politique économique pour lutter contre les effets récessifs de la crise», souligne M. Dor.

Après ce quasi statu quo, les observateurs se projettent sur la prochaine réunion prévue début juin, au moment où l’institution disposera de nouvelles prévisions économiques.

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