La Banque centrale de Turquie cherche à rassurer après un plongeon de la livre

AWP

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«Il faut que les attentes injustifiées sur les marchés d’un assouplissement précoce soient complètement levées», a déclaré le gouverneur Sahap Kavcioglu.

Le gouverneur de la Banque centrale de Turquie a cherché mercredi à dissiper les craintes d’une baisse prématurée de son taux directeur, après un appel en ce sens du président Recep Tayyip Erdogan qui a fait plonger la livre turque.

«Il faut que les attentes injustifiées sur les marchés d’un assouplissement précoce soient complètement levées», a déclaré le gouverneur Sahap Kavcioglu lors d’une rencontre avec des investisseurs, selon des propos rapportés par les médias turcs.

«Nous continuerons de maintenir le taux directeur à un niveau supérieur à celui de l’inflation (...) jusqu’à ce que les indicateurs témoignent d’une baisse durable» de celle-ci, a-t-il ajouté.

M. Kavcioglu semble ainsi vouloir résister aux pressions du président Erdogan qui, dans une interview à la télévision turque mardi, a appelé la banque centrale à abaisser ses taux dès cet été.

«J’ai parlé au gouverneur de la banque centrale aujourd’hui [mardi]. Il est impératif d’abaisser les taux, il faut qu’ils commencent à baisser en juillet-août», a affirmé M. Erdogan.

Ces déclarations ont suscité l’inquiétude des marchés qui voient d’un mauvais oeil les pressions de M. Erdogan sur la banque centrale et redoutent qu’un assouplissement de la politique monétaire provoque une accélération de l’inflation.

Signe de cette préoccupation, la livre turque a atteint mercredi son plus bas historique face au dollar, à 8,6266 livres pour un billet vert.

La hausse des taux est l’un des principaux instruments permettant de lutter contre l’inflation. En Turquie, celle-ci s’élevait à 17,14% en rythme annuel en avril, selon les chiffres officiels.

Cependant, le président Erdogan est hostile à des taux d’intérêt élevés qu’il voit comme un frein à la croissance. A rebours des théories économiques classiques, il soutient même que relever les taux alimente la hausse des prix.

Excédé par plusieurs hausses du taux directeur de la banque centrale, M. Erdogan a brutalement limogé en mars son gouverneur Naci Agbal, un ex-ministre des Finances respecté des milieux économiques.

Depuis son arrivée à la tête de l’institution, M. Kavcioglu a maintenu son taux directeur inchangé à 19%.

Mais face aux déclarations de M. Erdogan, «ce n’est qu’une question de temps pour que la banque centrale commence à assouplir sa politique» monétaire, estime l’analyste Jason Tuvey, du cabinet Capital Economics.

«Abaisser les taux soutiendrait la croissance économique à court terme, mais au prix d’une inflation élevée», alimentant l’inquiétude des marchés et accentuant la pression sur la livre turque, ajoute-t-il.

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