L’Oréal: «Tout va bien» avec Nestlé

AWP

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Pour Jean-Paul Agon «Les gens de Nestlé considèrent que L'Oréal est un très bon investissement et nous considérons que Nestlé est un très bon actionnaire».

Jean-Paul Agon, PDG de l'Oréal - © Keystone

«Tout va bien» avec Nestlé, assure Jean-Paul Agon, PDG de L'Oréal dans un entretien accordé à l'AFP à l'occasion des résultats semestriels du groupe publiés jeudi, se disant par ailleurs «très serein» pour 2018 malgré un marché «très volatil».

Depuis la fin en mars du pacte d'actionnaires qui liait la famille Bettencourt Meyers, héritière du numéro un mondial des cosmétiques, à Nestlé, le géant suisse de l'agroalimentaire est libre de vendre son importante part (quelque 23%) du capital de L'Oréal. Third Point, un fonds activiste actionnaire de Nestlé, pousse notamment en ce sens.

Le PDG de L'Oréal a-t-il des contacts fréquents avec le groupe suisse ? «Je les vois régulièrement puisque j'ai deux personnes de Nestlé dans mon conseil d'administration», explique-t-il. En l'occurrence, Paul Bulcke, président du conseil d'administration de Nestlé, et Béatrice Guillaume-Grabisch, directrice générale de Nestlé Allemagne.

«Donc je les vois cinq fois par an, et ça se passe très bien. Tout va bien. Les gens de Nestlé considèrent que L'Oréal est un très bon investissement et nous considérons que Nestlé est un très bon actionnaire», ajoute-t-il, toutefois pressé de changer de sujet.

Quant aux résultats de son groupe, ce premier semestre «est l'un des plus contrastés que j'ai connus», tant sur le plan des divisions qu'au niveau des zones géographiques, confie M. Agon, PDG de L'Oréal depuis 2011 et dont le mandat a été récemment renouvelé pour quatre ans.

Il se félicite des «croissances exceptionnelles» en Asie-Pacifique et en particulier en Chine, par rapport à un marché européen «vraiment atone» et un marché nord-américain en amélioration graduelle.

«Je suis très serein» déclare-t-il. Car «le grand avantage de L'Oréal, c'est d'être particulièrement approprié à ces périodes», de par sa présence dans toutes les zones géographiques, toutes les catégories de produits et tous les circuits.

Cette «caisse de compensation» permet au groupe «d'absorber les chocs, de profiter des zones d'opportunité tout en compensant les zones de faiblesse», estime-t-il.

L'«opportunité» des nouvelles technologies

L'environnement monétaire, «très volatil», affecte les ventes du groupe dans de nombreux pays, concède-t-il toutefois: ainsi au premier semestre, sa croissance à taux de change et périmètre constants a été de 6,6%, mais légèrement négative (-0,2%) à taux de change courants.

«Heureusement, le deuxième semestre a l'air d'être beaucoup moins négatif: nous prévoyons désormais un impact total sur l'année aux alentours de 4% sur le chiffre d'affaires, contre -7% en début d'année», précise le PDG.

Les craintes d'une guerre commerciale mondiale sont aussi un sujet de préoccupation, même si nous ne faisons pas partie des secteurs les plus menacés", et que «dans beaucoup de catégories de produits, nous produisons justement là où nous vendons», commente-t-il.

Quant aux nouvelles technologies numériques, qui sont «en train de complètement transformer les métiers de la beauté", L'Oréal "est très en avance dans ce domaine», selon lui.

En mars, pour la première fois de son histoire, le groupe a notamment fait l'acquisition d'une entreprise dans le numérique, le canadien Modiface, spécialisée dans la réalité augmentée et l'intelligence artificielle appliquée à la beauté.

En avril, toujours au Canada, le groupe a aussi démarré le test de Beauty Gifter, un logiciel conversationnel («chatbot») sur Facebook Messenger pour conseiller les clients.

«Nous avons plein d'autres projets" dans le numérique, glisse évasivement M. Agon, considérant aussi l'essor des assistants vocaux intelligents des géants Amazon, Google, Apple et consorts comme une «opportunité».

Car quand ces systèmes proposeront des conseils personnalisés d'achats de produits cosmétiques, ils «vont favoriser la qualité, les marques et les produits les plus connus. A nous de faire en sorte que ce soit nos marques et nos produits qui soient recommandés», lance-t-il en forme de défi.

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