L'économie suisse a poursuivi son accélération

AWP

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Le Seco a également confirmé les statistiques pour le dernier trimestre 2017, où la croissance a bien atteint 0,6% sur un trimestre et 1,9% sur un an.

La croissance économique en Suisse s’est poursuivie en début d’année, profitant toujours d’une conjoncture mondiale solide et d’un franc relativement bon marché. Malgré les nuages qui s’accumulent – avec la crise politique en Italie et les risques de conflit commercial avec les Etats-Unis – les économistes restent sereins quant aux perspectives pour l’ensemble de l’année.

«L’économie suisse a poursuivi avec dynamisme son expansion au premier trimestre», ont estimé jeudi les spécialistes de l’institut bâlois BAK Economics.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) a également évoqué une croissance «solide» en début d’année, soutenue par une large partie des secteurs. «L’économie suisse est toujours sur la bonne voie. Mais les indicateurs laissent entrevoir que la dynamique de croissance a atteint ses limites», ont toutefois nuancé les experts de la première banque cantonale de Suisse.

De fait, le produit intérieur brut (PIB) de la Suisse a accéléré de 0,6% au premier trimestre, comparé au partiel précédent, et de 2,2% sur un an, a annoncé le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco).

Conforme aux attentes

L’évolution conjoncturelle helvétique est conforme aux prévisions des économistes interrogés par l’agence AWP, qui tablaient entre janvier et mars sur une accélération de la croissance de 0,5% à 0,7% sur le trimestre.

Le Seco a également confirmé les statistiques pour le dernier trimestre 2017, où la croissance a bien atteint 0,6% sur un trimestre et 1,9% sur un an.

«De nombreuses branches de services ont connu une accélération, notamment le commerce et les services proches des entreprises. La branche des loisirs a connu une forte croissance grâce aux grandes manifestations sportives internationales», ont indiqué les services du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann dans un communiqué.

La croissance helvétique a en effet profité d’un coup de pouce des manifestations sportives internationales, comme les Jeux olympiques d’hiver et du Mondial de football. Ces événements ont apporté une contribution supplémentaire de 0,2% au PIB, a indiqué à AWP Alessandro Bee, économiste d’UBS.

«Les instances sportives internationales établies dans la Confédération – Fifa et CIO notamment – reçoivent des droits de licence pour ces événements qui sont comptabilisés en Suisse», a-t-il expliqué.

Hausse de la consommation privée

Dans le détail, la consommation des ménages - premier pilier de l’économie suisse - a accéléré de 0,4% sur les trois premiers mois de l’année comparé au trimestre précédent, après une progression de seulement 0,2% au dernier trimestre 2017. Les dépenses privées ont, d’une manière générale, été plutôt anémiques l’année passée.

«La consommation privée a bénéficié de meilleures perspectives, grâce au recul du chômage. Mais il ne faut pas être trop optimiste. L’affaiblissement du franc est certes bon pour les exportateurs, mais l’inflation a nettement augmenté ce qui freine la croissance des revenus réels», a précisé M. Bee.

Les dépenses publiques ont par contre marqué un coup d’arrêt (-0,3%), alors qu’elles avaient encore crû de 0,5% en fin d’année dernière.

Les investissements dans les biens d’équipement ont fortement accéléré (+3,6%, après -1,3% au 4e trimestre 2017), mais ceux dans la construction ont stagné (-0,4%, après +1,0%).

Franc pas si fort que ça

En matière de commerce international, les exportations de biens ont bondi de 2,0% (après un repli de 1,2%), tandis que les importations ont ralenti à +0,8% (contre -4,3%).

Pour l’ensemble de l’année, la majorité des prévisionnistes tablent sur un PIB en hausse de plus de 2,0% et un peu moins en 2019. Le Centre de recherches conjoncturelles zurichois KOF anticipe ainsi une croissance de 2,5% en 2018 et de 1,8% en 2019, le Seco sur respectivement 2,4% et 2,0% et Credit Suisse sur 2,2% et 1,7%.

BAK Economics a pointé du doigt les risques géopolitiques, qui pourraient impacter la croissance sur les prochains trimestres. UBS conserve pour sa part son estimation de +2,4% pour le PIB en 2018.

Même si le franc a repris de la vigueur ces derniers jours avec les incertitudes politiques en Italie, la devise helvétique évolue à un niveau plus faible que durant les années précédentes, a ajouté l’économiste de la banque aux trois clés. «L’économie suisse dispose également d’un potentiel de rattrapage après trois années plus faibles», a-t-il précisé.

Sur 12 mois, UBS s’attend à ce que la devise helvétique se relâche à 1,22 franc pour un euro, soit nettement davantage que son cours actuel autour de 1,15 euro-franc.

Alessandro Bee concède néanmoins que les risques ont augmenté, la croissance européenne étant moins solide qu’anticipé en début d’année et en raison de la crise italienne. «La politique commerciale internationale constitue également une incertitude et il faudra voir comment réagit (le président américain) Donald Trump», a-t-il averti.