Italie: les populistes aux portes du pouvoir avec Giuseppe Conte

AWP

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Cette fois, le président Mattarella a validé la liste âprement négociée par le Mouvement Cinq Etoiles et la Ligue.

L’Italie s’acheminait jeudi soir vers un gouvernement populiste avec la nouvelle désignation de Giuseppe Conte comme premier ministre, après un compromis conclu entre les chefs de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et de la Ligue (extrême droite).

Cette fois, le président Sergio Mattarella a validé la liste âprement négociée par les deux alliés pour appliquer le programme anti-austérité et sécuritaire sur lequel ils s’étaient accordés il y a près de deux semaines.

Le gouvernement doit prêter serment vendredi à 16H00 (14H00 GMT).

«Toutes les conditions sont réunies pour un gouvernement politique M5S/Ligue», avaient annoncé Luigi di Maio (M5S) et Matteo Salvini (Ligue) dans un communiqué transmis par le M5S à l’issue d’une après-midi de discussions venue conclure près de trois mois de tractations.

Dans la foulée, Carlo Cottarelli, qui avait été chargé lundi de former un gouvernement d’experts après l’échec de la première tentative de M. Conte, a remis son mandat au président jeudi soir, avec style et sous les applaudissement de la presse, ouvrant la voie à la convocation de M. Conte.

Ce juriste de 53 ans, un novice en politique choisi par MM. Di Maio et Salvini il y a deux semaines, avait assuré encore jeudi matin son cours de droit privé à Florence.

Déjà nommé il y a huit jours, il avait jeté l’éponge dimanche soir après le veto du président sur un ministre des Finances anti-euro.

Paolo Savona, l’économiste de 81 ans qui faisait peur à l’Union européenne parce qu’il considère comme une «prison allemande» et qu’il prône un «plan B» contre l’euro, deviendra ministre des Affaires européennes.

Pour le ministère de l’Economie et des Finances, les deux alliés se sont accordés sur Giovanni Tria, un professeur d’économie politique proche des idées de la Ligue en particulier sur la baisse radicale et la simplification des impôts, mais résolument en faveur du maintien de l’Italie dans l’euro.

Ils ont aussi opté pour placer aux Affaires étrangères le très européen Enzo Moavero Milanesi, qui a travaillé pendant 20 ans à Bruxelles et a été ministre des Affaires européennes de Mario Monti et d’Enrico Letta (2011-2014).

Selon des sources à la présidence, la prestation de serment du nouveau gouvernement pourrait avoir lieu dès vendredi matin. Les médias évoquent un discours de politique générale et un vote de confiance lundi et mardi dans les deux chambres du Parlement.

«Engagement, cohérence, écoute, travail, patience, bon sens, tête et coeur pour le bien des Italiens. Peut-être qu’on y est enfin, après tant d’obstacles, d’attaques, de menaces et de mensonges», s’est réjoui M. Salvini sur Facebook.

Même si le chef de gouvernement sortant, Paolo Gentiloni, est toujours en place, le temps presse: l’Italie aurait besoin d’un Premier ministre pour la parade militaire de samedi, jour de fête nationale, et pour le G7 de La Malbaie la semaine prochaine au Canada.

Alors qu’une extrême incertitude a prévalu toute la journée de jeudi, les marchés financiers ont maintenu leurs gains de mercredi.

La Bourse de Milan a clôturé à l’équilibre, avec une baisse de 0,06% au lendemain d’une hausse de 2%, et le «spread», l’écart très surveillé entre les taux allemand et italien à dix ans qui avait franchi la barre des 300 points mardi, a continué à baisser pour atteindre 238 points.

En revanche, selon deux sondages diffusés mercredi par les médias italiens, entre 60 et 72% des Italiens souhaitent un maintien de l’Italie dans l’euro. M. Di Maio répète que le M5S ne souhaite pas une sortie de l’euro. La position de la Ligue est moins claire: M. Salvini n’envisage pas une sortie unilatérale mais considère l’euro comme un échec que l’UE devra abandonner tôt ou tard.

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