Givaudan: sévère sanction des investisseurs

AWP

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Le géant des arômes et parfums a certes amélioré sa croissance et sa rentabilité opérationnelle en 2018 mais a déçu au niveau des marges et du bénéfice net.

Givaudan a connu une croissance dynamique mais ses marges ont souffert en 2018. Le champion mondial des arômes et parfums, bien qu’ayant atteint la plupart des objectifs, a vu son bénéfice net reculer de 7,9% suite à la hausse du coût des matières premières et d’effets de changes défavorables.

Le résultat net s’est établi à 663 millions de francs, tandis que le chiffre d’affaires a bondi de 5,6% (à base comparable, et + 9,4% en francs), à 5,53 milliards. Le directeur général (CEO) Gilles Andrier s’est dit vendredi «ravi» des résultats, notamment en matière de croissance et de rentabilité opérationnelle, avec un Ebitda en hausse de 5,2% à 1,15 milliard.

Des éléments particuliers ont néanmoins pesé sur la performance. Le groupe est encore loin d’avoir pu répercuter sur sa clientèle la hausse de 5 à 6% du coût des matières premières - qui concerne surtout le secteur parfumerie. Les négociations se poursuivent, cas après cas.

«Une cinquantaine de millions ont pu être récupérés sur le second semestre», a précisé M. Andrier à AWP. «L’objectif reste de parvenir à compenser la totalité de ces augmentations de coûts.»

L’impact de l’augmentation des coûts s’étale sur deux ans, raison pour laquelle 2019 sera aussi touchée. La majorité de la somme encore à répercuter doit l’être en 2019, le reste étant prévu pour 2020. «Nous avons déjà connu ce phénomène (hausse du prix des matières premières) en 2011-2012. Nous avions pu alors rattraper l’effet en deux ans», a rappelé M. Andrier.

Par ailleurs, le groupe a encaissé des pertes de changes sur des monnaies qui ne pouvaient pas être couvertes, en Argentine notamment. Il a vu aussi le poids des intérêts et sa charge fiscale s’alourdir (après l’allègement dont il avait bénéficié en 2017 avec les baisses d’impôts aux Etats-Unis), ont relevé les analystes.

Ces derniers se sont dits préoccupés par la pression sur la marge opérationnelle, tout en relevant que les fondamentaux de l’entreprise étaient très solides. Les objectif à moyen terme, notamment une croissance organique de 4 à 5%, ont été maintenus par Givaudan.

Offensive poursuivie

Par ailleurs, l’offensive en matière d’acquisitions se poursuit et vise notamment à renforcer la division parfums. Cette dernière compte à hauteur de 2,5 milliards de francs dans les ventes, contre 3 milliards pour les arômes. Le rachat du français Albert Vieille (environ 30 millions de chiffre d’affaires) devrait être bouclé au 1er trimestre et porter à neuf le nombre d’acquisitions depuis 2014.

«L’année en cours verra une contribution beaucoup plus forte des acquisitions au chiffre d’affaires par rapport à 2018», relève M. Andrier. L’apport du français Naturex notamment en terme de ventes sera beaucoup plus fort en 2019 qu’en 2018. Les pôles de croissance pour le groupe sont notamment les ingrédients naturels (entre autres, conservateurs et colorants naturels), en Asie notamment.

Les synergies dégagées par le programme d’économies Givaudan Business Solutions (GBS) - via une implication des processus - ont atteint comme prévu 20 millions de francs en 2018. Pour 2019, l’effet attendu est de 25 millions, et de 15 millions pour 2020, pour un total de 60 millions.

Pour le 1er trimestre 2019, M. Andrier se dit «confiant sur la croissance». Le Brexit et la conjoncture mondiale apportent leur lot d’incertitudes. «Mais Givaudan a déjà prouvé sa résilience», souligne le CEO. «Après trois années de notre plan stratégique, nous sommes en ordre de marché pour atteindre nos objectifs sur cinq ans.» Parmi eux s’inscrit la volonté de croître plus vite que la moyenne du marché.

Le groupe a confirmé son objectif d’un rendement à moyen terme compris entre 12 et 17% des flux de trésoreries disponibles (par rapport aux ventes). Le dividende proposé pour 2018 se monte à 60 francs par titre (contre 58 francs en 2017). Cela représente la 18e hausse consécutive depuis l’entrée en Bourse en 2000, relève le groupe.

Les investisseurs ont sévèrement sanctionné la baisse des marges et le recul plus fort que prévu du bénéfice net. A la Bourse suisse, la nominative Givaudan a clôturé en baisse de 3,7% à 2361,00 francs, lanterne rouge d’un SMI en léger recul (-0,17%).

L’analyste de Goldman Sachs a observé que Givaudan avait manqué de plus de 5% les attentes en terme d’Ebitda lors du second semestre. L’action avait atteint un pic historique en décembre, à près de 2500 francs.

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