France: après les soubresauts de la crise, le chômage se stabilise

AWP

2 minutes de lecture

Au premier trimestre 2021, le taux de sans-emploi s’établi à 8,1% (+0,1 point) de la population active. Sur un an, le taux est en hausse de 0,3 point et «retrouve son niveau de fin 2019.

Finis les à-coups liés à la crise sanitaire? Le taux de chômage est resté quasiment stable au premier trimestre 2021 (+0,1 point) pour s’établir à 8,1% de la population active en France (hors Mayotte), selon les chiffres publiés mardi par l’Insee.

La France compte 2,4 millions de chômeurs, soit 18’000 personnes de plus sur le trimestre. Sur un an, le taux de chômage, mesuré selon les normes du Bureau international du travail (BIT), est en hausse de 0,3 point et «retrouve son niveau de fin 2019, avant la crise sanitaire», indique l’Insee.

«Cette quasi-stabilité tranche avec la forte variabilité» observée en 2020, a commenté Vladimir Passeron, chef du département de l’emploi et des revenus d’activité à l’Insee lors d’un point presse. Des mouvements «en trompe-l’oeil» avaient été enregistrés, des personnes basculant notamment vers l’inactivité faute de pouvoir chercher un emploi dans les conditions habituelles.

Mais le taux de chômage reste «perturbé» et «il ne faut pas penser que la situation du marché du travail est rétablie» au premier trimestre, même si le chômage partiel, massivement déployé face au COVID-19, a «préservé l’essentiel», souligne Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.

Il observe auprès de l’AFP que le taux de chômage est «particulièrement bas» au regard de l’emploi. «On a quand même 260’000 emplois en moins début 2021 par rapport à fin 2019, donc quelque part on a des actifs qui ont un peu disparu», des gens qui sont «sortis des statistiques et qui pourraient revenir», prévient-il.

Pour être chômeur au sens du Bureau international du Travail (BIT), il faut avoir effectué une démarche de recherche d’emploi au cours des quatre dernières semaines et se déclarer disponible dans les deux semaines pour occuper un emploi.

«Des personnes découragées»

Ces résultats sont les premiers à tenir compte de la refonte de l’enquête emploi de l’Insee pour se conformer à un règlement européen visant à des mesures encore plus harmonisées entre pays, a expliqué M. Passeron.

Le taux de chômage est inchangé avec cette nouvelle enquête. En revanche, la part du «halo autour du chômage», soit les personnes sans emploi qui en souhaitent un mais qui ne satisfont pas les autres critères du BIT pour être considérées comme chômeurs, est rehaussée de 0,8 point, soit 310’000 personnes en 2020.

Le halo autour du chômage, qui concerne au total 2 millions de personnes, est néanmoins «quasi stable sur le trimestre» (-0,1 point). Cette part se maintient à un niveau légèrement supérieur à l’avant-crise (+0,1 point), mais très loin (-2,2 points) du pic du deuxième trimestre 2020, qui était la contrepartie temporaire de la baisse «en trompe-l’oeil» du chômage, indique l’Insee.

Le taux de chômage de longue durée augmente fortement, note aussi l’institut. Il s’établit à 2,5% de la population active au premier trimestre, en hausse de 0,4 point par rapport au trimestre précédent (+126’000 personnes).

«On ne connait pas encore la suite de l’histoire», a observé M. Passeron. Ce qu’on peut constater c’est qu’on a un taux d’activité qui reste plus bas qu’avant-crise, donc on peut penser avec les résultats de ce premier trimestre 2021 qu’il reste encore des personnes qui se sont éloignées du marché du travail» du fait de la crise, «des personnes découragées», donc «un potentiel de mouvement entre les différentes catégorie»: emploi, chômage, et «halo».

«Il reste encore une part non négligeable de personnes qui sont au chômage partiel» (2,3 millions de salariés en mai selon les derniers chiffres officiels) et «toute la question qui se pose (...) c’est la vitesse du retour à la normale sur le marché du travail», a ajouté le responsable de l’Insee, notant que le deuxième trimestre a encore été marqué par des restrictions sanitaires.

L’Insee doit publier sa prochaine note de conjoncture le 1er juillet.

A lire aussi...