Ayant ajouté mercredi la chambre des représentants à ses victoires électorales à la Maison-Blanche et au Sénat, Donald Trump deviendra en janvier l’un des présidents les plus puissants de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique, avec des contre-pouvoirs restreints.
Cinq principaux points lui garantissent des assises solides:
Légitimité démocratique
Mercredi après-midi, avec plus de trois millions de voix d’avance dans les bulletins toujours décomptés, Donald Trump semblait en bonne voie de remporter le vote populaire contre Kamala Harris. Il sera alors le premier président républicain depuis 20 ans à réussir cet exploit.
L’homme de 78 ans a déjà gagné une nette majorité au collège électoral, avec 312 grands électeurs contre 226 pour sa rivale défaite. Il a notamment réalisé un grand chelem dans les sept Etats clés censés être les plus disputés. «L’Amérique nous a donné un mandat puissant et sans précédent», a-t-il lancé le 6 novembre, dans son discours de victoire.
Contrairement à 2016 où Hillary Clinton avait obtenu plus de voix que lui, Donald Trump pourra s’appuyer sur cette légitimité populaire pour écarter la contestation.
Un congrès allié
Après huit jours de dépouillement des suffrages exprimés lors du scrutin historique du 5 novembre, le parti républicain a conservé sa majorité à la chambre des représentants, selon les projections de médias américains mercredi.
Le camp Trump avait déjà repris la semaine dernière le contrôle du Sénat, la chambre haute du congrès. Cet organe crucial du pouvoir fédéral a des prérogatives très importantes, notamment dans la nomination ou la destitution de personnages-clés de l’exécutif, ou encore dans la confirmation des magistrats fédéraux.
A noter que le président élu s’est employé avec succès à étouffer toute contestation au sein du parti républicain, qui épouse désormais sa ligne «Make America Great Again». En contrôlant l’ensemble du congrès, Donald Trump se facilitera la tâche pour faire adopter le budget et les lois fédérales de mise en oeuvre de son programme.
Une immunité nouvelle
Donald Trump va être le premier président à prendre ses fonctions en pouvant compter sur une dose confortable d’immunité dans l’exercice de ses fonctions. Cela découle d’un arrêt historique de la cour suprême, rendu le 1er juillet dans le dossier des poursuites fédérales visant l’ancien président pour ses tentatives illicites d’inverser les résultats de l’élection remportée en 2020 par Joe Biden.
Cette décision a apporté un répit à Donald Trump, qui a échappé à trois des quatre retentissants procès au pénal qu’il redoutait cette année. Redevenu chef de l’exécutif, il bénéficiera d’un horizon judiciaire complètement dégagé.
Il pourrait notamment échapper à toute sentence à New York dans l’affaire des paiements dissimulés à la vedette de films X Stormy Daniels et on s’attend à ce que le procureur spécial Jack Smith, chargé d’enquêter sur les tentatives illégales d’inverser les résultats de l’élection de 2020, mette fin à ses poursuites.
Un gouvernement de fidèles
Alors novice en politique, Donald Trump avait accepté, au début de son premier mandat en 2017, d’être entouré de responsables chevronnés ayant l’expérience des affaires publiques, une façon de rassurer les chancelleries étrangères. Face au comportement parfois imprévisible du dirigeant, on avait surnommé ces éléments modérateurs les «adultes dans la salle».
Pour son deuxième mandat, le septuagénaire veille à s’entourer de fidèles, en récompensant notamment ceux qui l’ont aidé dans sa campagne, parmi lesquels les milliardaires Vivek Ramaswamy ou Elon Musk, qu’il a chargés de préparer des coupes draconiennes dans le budget fédéral.
Il a choisi ou nommé ces derniers jours d’autres proches à des postes clés, comme Kristi Noem à la sécurité intérieure, Pete Hegseth à la défense, Mike Waltz à la sécurité nationale ou Matt Gaetz à la justice.
A noter que Donald Trump, qui a passé son premier mandat à attaquer les décisions souveraines de la banque centrale des Etats-Unis, va avoir l’occasion de nommer en 2026 le successeur de l’actuel patron de la Fed, Jerome Powell.
Une cour suprême remaniée
Après avoir durant son premier mandat ancré la cour suprême des Etats-Unis dans le conservatisme, en y nommant trois juges sur neuf, Donald Trump va désormais pouvoir cimenter cet ancrage dans la durée.
Deux piliers conservateurs de la haute cour, Clarence Thomas et Samuel Alito, respectivement âgés de 76 et 74 ans, pourraient en effet envisager de se retirer et laisser le président nommer - à vie - deux remplaçants nettement plus jeunes.
La plus haute instance judiciaire américaine conserverait alors sa majorité conservatrice possiblement pour des décennies.