Egalité: les écarts salariaux se creusent, la discrimination augmente

AWP

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Entre 2014 et 2018, l’écart salarial global entre femmes et hommes a augmenté de près d’un point de pourcentage pour atteindre 19%.

L’écart salarial entre femmes et hommes s’est encore creusé entre 2014 et 2018, constate la dernière Enquête suisse sur la structure des salaires (ESS). Et c’est surtout la part clairement discriminatoire de cet écart qui a augmenté. Les syndicats exigent des mesures.

Dans un communiqué diffusé lundi, l’Union syndicale suisse (USS) réclame «une mise en oeuvre rapide et déterminée de la loi sur l’égalité révisée, et une nouvelle répartition plus équitable du travail de garde et d’assistance rémunéré et non rémunéré».

Le Parlement doit sans tarder s’atteler à une révision crédible de la loi concernée, «avec la ferme intention de punir ceux qui profitent de discriminer sans vergogne les femmes», estime pour sa part Travail.Suisse. Car cet argent manque aux femmes, mais aussi dans les caisses de l’AVS et dans les caisses de pension des femmes.

19% d’écart salarial global

Le principe de l’égalité salariale est inscrit dans la Constitution depuis 40 ans et son application figure concrètement depuis 25 ans dans la loi sur l’égalité. Et pourtant: l’évolution des dernières années montre que sa réalisation est loin d’être en bonne voie.

Entre 2014 et 2018, l’écart salarial global entre femmes et hommes a augmenté de près d’un point de pourcentage pour atteindre 19%. Sur cette différence, la part non expliquée et donc essentiellement discriminatoire a même augmenté de 3 points de pourcentage pour s’élever à 45,4%.

En d’autres mots, les femmes gagnent en Suisse 8,6% de moins que les hommes pour un travail équivalent. En argent sonnant et trébuchant, cela veut dire 686,45 francs de différence non expliquée chaque mois. Globalement, les femmes gagnent en moyenne 1’512 francs de moins par mois que les hommes.

La différence salariale qui s’explique par le degré de formation, l’expérience professionnelle et la position hiérarchique est restée stable à environ 10% au cours des années sous étude. Mais la discrimination, elle, a pris l’ascenseur.

Entreprises exhortées à réagir

La révision de la loi sur l’égalité (LEg), entrée en vigueur l’été dernier, est donc effectivement arrivée trop tard. Elle doit dès lors être mise en oeuvre de façon d’autant plus proactive et systématique, réclame l’USS.

Cette dernière attend des entreprises qu’elles prennent leurs responsabilités: elles doivent procéder sans tarder aux analyses des salaires, en concertation avec les partenaires sociaux, et corriger au plus vite toute discrimination.

Même la part «explicable» de l’écart salarial est bien trop élevée (10%), relève le syndicat. Elle repose en effet elle aussi sur des structures discriminatoires dans le monde du travail et dans la société en général.

«Plafond de verre»

Les femmes travaillent plus souvent dans des professions qui ne sont pas rémunérées correctement selon leur valeur. Et trop souvent encore, elles se heurtent au fameux «plafond de verre».

Au plus tard après avoir fondé une famille, elles assument de plus la majeure partie du travail non rémunéré qui va avec. Ce qui, à son tour, se répercute par un salaire plus bas pour le travail rémunéré (possibilités et rémunération du travail à temps partiel).

En plus de la lutte contre la discrimination salariale, l’USS exige donc des mesures pour que les femmes ne soient plus exposées aux pertes salariales parce qu’elles s’occupent de leurs enfants et de leurs proches. Il faut pour cela des structures d’accueil en nombre suffisant, financées par les pouvoirs publics, et une organisation facilitant la répartition équitable du travail non rémunéré entre hommes et femmes.

Dernière révision inefficiente

La dernière révision de la Loi sur l’égalité, qui oblige les entreprises dès 100 employés seulement à analyser les salaires sous l’angle de l’égalité, mais sans qu’elles aient à craindre ni contrôle ni sanction, ne va certainement pas améliorer la situation, relève Travail.Suisse.

Surtout parce que les écarts non expliqués se mesurent le plus souvent au sein des petites et moyennes entreprises (57,5% dans les entreprises de moins de 20 emplois) que dans les grandes (31,5% dans celles occupant au moins 1’000 emplois).

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