Coup de massue sur les exportations de nombreux pays, dont la Suisse, la salve de nouveaux droits douane imposée par les Etats-Unis à leurs principaux partenaires commerciaux pesait aussi sur le dollar jeudi. Face aux craintes que suscite la guerre commerciale initiée par Donald Trump sur l’économie du pays de l’Oncle Sam, le billet vert se dépréciait par rapport à toutes les autres principales devises, qu’il s’agisse du franc, de l’euro ou du yen.
Vers 11h30 jeudi, le billet vert chutait de près de 2% par rapport au franc, à 0,8643 franc. Souvent considérée comme valeur refuge, tout comme l’or et le yen japonais, la devise helvétique s’appréciait aussi par rapport à l’euro, la monnaie unique se négociant à 0,9537 francs, en recul de 0,44%.
Le dollar américain était aussi à la peine face à l’euro, ce dernier valant 1,1031 dollar, alors que le billet vert chutait aussi de près de 2% par rapport au yen, à 146,346 yens.
«La combinaison d’une inflation plus élevée - même transitoire - et d’une croissance plus faible», conséquence de ces droits de douane «ébranlera inévitablement l’exceptionnalisme américain», explique Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. Tout cela sans même compter d’éventuelles mesures de rétorsion de pays ciblés par l’administration Trump.
«La Réserve fédérale (Fed) devra choisir son combat: elle penchera probablement pour soutenir l’économie» en abaissant ses taux, «considérant que l’impact des droits de douane sur l’inflation serait ponctuel et de courte durée, et qu’il serait partiellement compensé par un ralentissement économique marqué», avance l’analyste. Or des taux d’intérêts plus faibles rendraient le dollar moins rémunérateur pour les investisseurs, et les pousserait à délaisser le billet vert.
Par ailleurs, «que Trump réussisse ou non à délocaliser la production aux États-Unis, une telle démarche prendra du temps», souligne de son côté Michael Pfister, de Commerzbank. «Entre-temps, les États-Unis devront importer des biens plus chers», ce qui représente un «choc inflationniste transitoire» que la Fed devra prendre en compte, estime l’expert interrogé par l’AFP.
«Cependant, les perturbations des chaînes d’approvisionnement pourraient rendre l’inflation plus persistante que prévu», note Mme Ozkardeskaya.
L’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane plancher supplémentaire de 10% sur toutes les importations et par des majorations pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.
Les produits chinois feront l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 34% s’ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà en place par Washington. Les marchandises de l’UE prendront 20% de taxes, tandis que les taux ont été fixés à 24% pour le Japon et 31% pour la Suisse.
La taxe généralisée de 10% entrera en vigueur le 5 avril à 06h01 et les droits de douane majorés le 9 avril.