Coronavirus: Trump va présenter ses pistes pour le déconfinement

AWP

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«La bataille continue mais les données suggèrent qu’à travers le pays, nous avons passé le pic des nouveaux cas», a déclaré le président américain.

Donald Trump a promis de livrer jeudi sa feuille de route pour le redémarrage progressif de l’économie américaine, mise à terre par le coronavirus, et affirmé que les Etats-Unis, pays le plus touché au monde par la pandémie, voyaient des signes tangibles de son ralentissement.

Avant lui mercredi, la chancelière allemande Angela Merkel a elle aussi annoncé des mesures d’assouplissement du confinement auquel les Allemands sont soumis, comme plus de la moitié de l’humanité.

«La bataille continue mais les données suggèrent qu’à travers le pays, nous avons passé le pic des nouveaux cas», a déclaré le président américain lors de sa conférence de presse quotidienne.

Son pays a toutefois enregistré un nouveau record morbide mercredi: 2.569 personnes sont mortes en 24 heures, le plus lourd bilan journalier recensé par un pays, selon le comptage de référence de l’université Johns Hopkins.

«Demain sera un très grand jour», avait plus tôt lancé le président depuis les jardins de la Maison Blanche, promettant pour jeudi les détails de cette «réouverture de l’économie».

«Nous allons rouvrir des Etats, certains Etats beaucoup plus tôt que d’autres. Certains Etats pourraient en fait ouvrir avant l’échéance du 1er mai», a-t-il assuré.

Avec près de 17 millions de nouveaux chômeurs en trois semaines, l’économie américaine voit s’accumuler les chiffres vertigineux et les annonces d’entreprises révélant l’ampleur du désastre.

Le Fonds monétaire international (FMI) a comparé les effets de ce «Grand confinement» à ceux de la Grande dépression de 1929.

Pour aider les pays les plus pauvres frappés par la pandémie, les dirigeants du G20 ont pris mercredi la décision «historique» de suspendre pour un an le remboursement de leur dette.

La crise du Covid-19 continue toutefois d’endeuiller la planète, avec plus de 131.000 décès. Les Etats-Unis paient le plus lourd tribut, avec plus de 28.000 décès pour plus de 637.000 cas.

Mais certains pays, encouragés par des indices de bon augure, dont le ralentissement des admissions en soins intensifs, ont commencé à présenter leurs plans de déconfinement.

Berlin a ainsi annoncé la réouverture prochaine des magasins et, à partir du 4 mai, des écoles et lycées. Les grands rassemblements resteront interdits au moins jusqu’au 31 août car le «succès d’étape» de l’Allemagne contre le Covid-19 reste «fragile», a mis en garde la chancelière Angela Merkel.

Appel Washington/Pékin

La décision du G20 de suspendre le remboursement de la dette des pays pauvres a rassuré les défenseurs du multilatéralisme, un principe qu’ils jugent attaqué par Donald Trump qui a décidé de de suspendre le versement de la contribution américaine à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Donald Trump accuse l’organisation de «mauvaise gestion» de cette pandémie partie de Chine fin 2019 et d’alignement excessif sur les positions chinoises.

«Nous regrettons la décision du président des Etats-Unis», a réagi mercredi le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, tandis que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé que ce n’était «pas le moment de réduire le financement» des organisations combattant la pandémie.

De l’Union européenne à la Chine en passant par la France et l’Union africaine, de nombreux pays et organisations ont aussi fustigé cette initiative de Washington, premier bailleur de l’OMS avec plus de 400 millions de dollars par an.

«Nous devons travailler en étroite collaboration contre le Covid-19. Un des meilleurs investissements est de renforcer les Nations unies, en particulier l’OMS», a souligné le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas.

La Russie a dénoncé «l’approche très égoïste» des Etats-Unis et l’Iran a vu dans cette décision la preuve que Washington «tue des gens».

Donald Trump a réitéré mercredi ses accusations contre l’OMS. «J’ai le sentiment que qu’ils savaient exactement ce qu’il se passait» dès le début de l’épidémie de coronavirus, a-t-il lancé. «Tragiquement, d’autres nations ont fait confiance à l’OMS».

D’après Washington, les Etats-Unis et la Chine se sont pourtant engagés mercredi à coopérer pour combattre le nouveau coronavirus, lors d’un entretien téléphonique entre le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la politique étrangère, Yang Jiechi, et le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.

Assouplissement

Outre l’Allemagne, l’assouplissement des mesures de confinement s’est poursuivi dans d’autres pays d’Europe, avec des précautions.

Au Danemark, près de la moitié des écoliers, petits drapeaux à la main, ont été invités à regagner leurs établissements après un mois de fermeture.

«Nous devons retourner à la vie quotidienne», s’est félicitée Caroline, une mère de deux enfants à Copenhague. Les classes ont été aménagées pour offrir une distance de deux mètres entre les tables.

L’Autriche a rouvert mardi ses petits commerces non essentiels.

La Commission européenne, qui a présenté mercredi sa feuille de route en la matière, insiste cependant sur la nécessité d’une «action coordonnée», pointant à défaut le risque d’»effets négatifs sur tous les Etats membres».

Les Coréens du Sud se sont eux rendus nombreux aux urnes mercredi pour les législatives. Un signe de résilience dans ce pays qui fut l’un des premiers frappés après la Chine, mais qui a su contenir la pandémie grâce à un dépistage massif.

17'000 morts en France

Malgré le confinement de plus de la moitié de l’humanité et une baisse de la pression hospitalière dans la plupart des pays d’Europe, la pandémie continue de tuer massivement et engendre une incertitude économique «considérable», selon le Fonds monétaire international (FMI).

En France (plus de 17.000 morts), le nombre d’hospitalisations a été enregistré à la baisse mercredi pour la première fois depuis le début de l’épidémie.

«C’est une première baisse et il faut la saluer», a déclaré le numéro deux du ministère de la Santé Jérôme Salomon.

Après être rentré plus tôt que prévu à son port d’attache de Toulon, le porte-avions français Charles de Gaulle a testé son équipage: un tiers de ses marins étaient infectés par le virus. Et ce bilan n’est que très provisoire.

Alors que la crise menace de se poursuivre pendant des mois, voire des années, le FMI s’est efforcé de chiffrer ses conséquences économiques. Pour l’heure, l’institution table sur une contraction de 3% du PIB mondial cette année.

La Maison Blanche a indiqué que Donald Trump et les autres dirigeants du G7 des pays les plus industrialisés discuteraient jeudi par visioconférence d’une coordination internationale de la lutte contre le virus.

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