La Banque du Japon (BoJ) a annoncé jeudi maintenir son taux directeur à 0,25%, après l’avoir déjà relevé par deux fois cette année, pointant des «incertitudes élevées» persistant sur l’économie nippone après une élection où la coalition au pouvoir a perdu sa majorité.
Cette décision, qui s’inscrit sur fond d’inflation toujours élevée et de croissance atone dans le pays, était largement attendue par les analystes, qui soulignaient le climat d’instabilité politique après les élections législatives anticipées de dimanche.
La coalition au pouvoir vient de perdre sa majorité parlementaire et sera désormais obligée de composer avec l’opposition, au risque de gonfler les dépenses publiques sans entreprendre de réformes structurelles --une incertitude qui alimente le doute sur les politiques économiques.
La nervosité des marchés et des entreprises est par ailleurs entretenue par l’inconnue sur l’issue de l’élection présidentielle américaine le 5 novembre.
Dans ce contexte, «il demeure des incertitudes élevées autour de l’activité économique au Japon et des fluctuations de prix», a observé la BoJ dans un communiqué. Elle évoque notamment «les évolutions des cours des matières premières» à l’heure où les tensions géopolitiques font flamber le prix du pétrole.
L’archipel nippon, après avoir subi pendant des décennies une inflation quasi inexistante voire une déflation, a connu un virage depuis deux ans et demi, avec une hausse des prix à la consommation systématiquement supérieure ou égale à 2%.
La BoJ, qui vise une inflation stable autour de ce niveau, a amorcé depuis mars la normalisation de sa politique monétaire en mettant fin à ses taux négatifs, puis en procédant à une nouvelle hausse fin juillet.
Ce relèvement estival soudain avait pris de court les observateurs, faisant grimper le yen et contribuant à plonger brièvement les marchés mondiaux dans l’effroi.
Or, la faiblesse du yen, notable depuis 2022, continue de persister face à un dollar nettement renforcé en amont du scrutin américain, ce qui continue de renchérir les produits importés et pèse sur la consommation des ménages, toujours en berne.
La hausse des prix à la consommation au Japon a nettement ralenti en septembre (+2,4% sur un an hors produits frais), mais reste à un niveau élevé.
La BoJ table toujours sur une inflation d’»environ 2,5%» pour l’ensemble de 2024, mais elle a abaissé jeudi sa prévision pour 2025 à 1,9%, soit en-deçà de sa cible.
Une partie des analystes s’attend à un prochain relèvement des taux de la Banque du Japon en décembre, face au renchérissement tenace des prix.
La BoJ, dont le taux directeur reste encore très bas, se distingue par rapport aux grandes banques centrales mondiales, notamment la Fed aux Etats-Unis ou la Banque centrale européenne (BCE) qui ont drastiquement relevé leurs taux depuis 2022 avant d’entamer récemment une décrue prudente.
Ce contraste, en rendant plus rémunérateurs les actifs en dollars ou en euros, a contribué à miner l’appétit pour la devise nippone.