Japon: la banque centrale maintient son taux directeur, n’exclut pas de hausses

AWP

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Cette décision intervient quelques heures après l’annonce d’une légère accélération de l’inflation en août (+2,8% sur un an hors produits frais).

La Banque du Japon (BoJ) a annoncé vendredi le maintien de son taux directeur à 0,25%, se laissant toutefois la possibilité de le relever plus tard si la situation économique du pays évolue favorablement.

Cette décision, conforme aux attentes des analystes, intervient quelques heures après l’annonce d’une légère accélération de l’inflation en août dans le pays (+2,8% sur un an hors produits frais).

L’archipel nippon a connu pendant des décennies une inflation quasi inexistante, voire la déflation, avant de prendre un virage ces deux dernières années, avec une hausse des prix à la consommation systématiquement supérieure ou égale à 2% depuis avril 2022.

La BoJ, qui vise une inflation stable autour de ce niveau, a amorcé la normalisation de sa politique monétaire en mettant fin à ses taux négatifs en mars, puis en augmentant de nouveau ses taux fin juillet.

Le gouverneur de la BoJ, Kazuo Ueda, a expliqué vendredi lors d’une conférence de presse que l’activité économique nippone «se redresse progressivement, malgré quelques signes de faiblesses».

Si les objectifs fixés par la BoJ se concrétisent, «nous continuerons à relever les taux directeurs», a-t-il ajouté.

M. Ueda a également commenté les perspectives de l’économie américaine, après que la Fed a annoncé mercredi sa première baisse de taux depuis 2020, d’un demi-point de pourcentage, ayant confiance dans la trajectoire à la baisse de l’inflation, et ne voulant pas risquer de nuire à l’évolution du marché du travail.

«Nous surveillerons attentivement si la Réserve fédérale américaine réduira ses taux directeurs, car le tableau général n’est pas encore clair», a ajouté le gouverneur de la BoJ.

Faiblesse du yen

Pour Marcel Thieliant, économiste responsable de l’Asie-Pacifique chez Capital Economics, «le ton général des remarques de M. Ueda était beaucoup plus prudent qu’en juillet, lorsque la Banque a porté son taux directeur à 0,25%.»

«La Banque du Japon a indiqué aujourd’hui qu’elle n’était pas pressée de resserrer davantage sa politique monétaire», a-t-il ajouté dans une note.

La faiblesse du yen depuis 2022 est un facteur qui pèse sur la consommation des ménages japonais, laquelle est importante pour alimenter la croissance économique et une inflation saine, tirée par la demande et non par les coûts.

La consommation des ménages a progressé de 0,9% au deuxième trimestre par rapport au premier, signe d’une reprise après quatre trimestres consécutifs de baisse.

La croissance du PIB japonais s’est, elle, établie à 0,7%, après un recul de l’activité de 0,7% entre janvier et mars.

L’inflation a connu une légère accélération le mois dernier (+2,8% sur un an hors produits frais), la quatrième hausse mensuelle consécutive.

Stefan Angrick, économiste chez Moody’s analytics, explique la récente hausse notamment par les coûts de l’énergie qui «ont augmenté alors que le gouvernement a progressivement supprimé certaines aides» aux ménages.

La BoJ avait légèrement abaissé fin juillet son objectif de hausse des prix à la consommation (hors produits frais) pour l’exercice 2024/25 entamé le 1er avril, à 2,5%, contre 2,8% envisagé en avril.

Elle a cependant annoncé tabler sur une inflation de 2,1% en 2025/26, contre 1,9% précédemment, et maintenu son estimation de 1,9% de hausse des prix pour 2026/27.

«Bien que le yen se soit fortement renforcé ces dernières semaines, nous pensons qu’il faudra au moins six mois pour que la baisse des coûts des intrants se répercute sur les prix à la consommation», a affirmé Marcel Thieliant.

«En conséquence, l’inflation sous-jacente devrait rester autour de 2% au cours des prochains mois, ce qui incitera la Banque du Japon à relever à nouveau ses taux lors de sa réunion d’octobre», a-t-il estimé.

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