Le géant des consommables et dispositifs ophtalmiques Alcon a vu sa croissance caler sur les trois premiers mois de l’année et sa rentabilité s’amenuiser. La direction revoit d’ailleurs ses prévisions de rentabilité à la baisse pour l’ensemble de l’exercice.
Le chiffre d’affaires s’est stabilisé en comparaison annuelle à 2,45 milliards de dollars. A taux de change constants, les ventes ont augmenté de 3%. Le bénéfice net dilué s’est inscrit à 0,70 dollar et le bénéfice net dilué de base à 0,73 dollar.
La marge brute opérationnelle s’est inscrite à 19,1% après 15,1% au premier trimestre de l’exercice précédent, a précisé le groupe mardi soir dans un communiqué.
Le chiffre d’affaires est un peu inférieur aux attentes des analystes du consensus AWP, qui avaient prévu 2,52 milliards de dollars. La marge opérationnelle est en revanche meilleure que prévu, le consensus ayant été fixé à 14,6%. Le bénéfice dilué dépasse lui aussi les attentes. Il était prévu à 0,50 dollar et le bénéfice net de base fait moins bien, qui était attendu à 0,77 dollar.
Au niveau des divisions, Surgical a dégagé un chiffre d’affaires de 1,33 milliard de dollars, en recul de 1% (+2% TCC) Vision Care affiche des ventes stables à 23,45 milliards (+3% TCC).
Accès de modestie
Pour les prévisions 2025, Alcon intègre désormais un montant d’approximativement 80 millions de dollars lié aux conséquences des droits de douane décidés par le président américain. Cette somme doit être compensée par des mesures opérationnelles et au niveau des cours de change.
La direction prévoit un chiffre d’affaires de 10,4-10,5 milliards de dollars, contre 10,2-10,4 milliards auparavant, en raison d’effets de changes. La marge opérationnelle de base est-elle attendue à 20-21% contre 21-22%. Le bénéfice net de base par action devrait se situer entre 3,05-3,15 dollars, contre 3,15-3,25 auparavant. Ces prévisions sont basées sur l’attente d’une croissance de 4% du marché global, des taux de change comparables à de mi-mai.
Les analystes déplorent la modération des ambitions à brève échéance, notant que le modeste relèvement pour le chiffre d’affaires ne repose que sur des effets de changes.
Chez J.P. Morgan, David Adlington note que la nouvelle feuille de route laisse augurer un coup de rabot sur le consensus autour du bénéfice par action, indicateur de performance privilégié des investisseurs étasuniens. L’analyste considère néanmoins également que les perspectives en matière d’innovation demeurent intactes et que l’accès de faiblesse observé sur l’important marché américain ne sera que temporaire.
Les nombreux lancements de nouveaux produits agendés pour l’année en cours alimenteront la croissance, au prix toutefois d’une partie de la rentabilité, observe de son côté Sibylle Bischofberger, pour Vontobel.
Daniel Jelovcan constate pour le compte de la Banque cantonale de Zurich un effet de cannibalisation des recettes des produits établis par les nouveaux, sans s’en inquiéter outre-mesure. L’analyste s’interroge par contre sur les raisons de l’envol des frais de recherche et de développement.
La nominative Alcon a terminé la séance à la Bourse suisse en chute de 7,6% à 73,16 francs, dans un SMI en petite baisse de 0,27%.