Après une solide progression l’année dernière, le géant de l’électrotechnique ABB ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et vise à nouveau la croissance en 2025. Les tarifs douaniers brandis par le nouveau président américain Donald Trump ou l’arrivé d’un nouvel acteur de l’IA - le chinois DeepSeek - ne doivent rien changer à ces projections.
«Nous produisons aussi localement que possible sur chaque marché» et notamment aux Etats-Unis, a rassuré jeudi le nouveau directeur général Morten Wierod. Cette méthode de production «nous expose moins à des changements politiques», a-t-il affirmé lors d’une conférence téléphonique.
Disposant d’un siège à Cary en Caroline du Nord, ABB emploie 20’000 personnes outre-Atlantique, où il a investi plus de 14 milliards de dollars depuis 2010 dans sa quarantaine de sites de production, selon le site internet de l’entreprise.
Cela devrait à priori l’immuniser contre les droits de douanes voulus par le nouveau locataire de la Maison Blanche. Durant la campagne présidentielle, ce dernier avait défendu l’idée d’imposer des tarifs douaniers de 10% à 20% sur l’ensemble des produits entrant aux Etats-Unis et de 60% à 100% sur ceux provenant de Chine. Depuis sa prise de fonction, M. Trump a annoncé vouloir imposer 25% de droits de douane sur les produits venant du Canada et du Mexique et d’ajouter 10% sur les produits chinois.
Dans l’immédiat, la croissance a été au rendez-vous en 2024, où le groupe a vu son chiffre d’affaires progresser de 2% à 32,9 milliards de dollars (29,8 milliards de francs), alors que les commandes sont restées stables à 33,7 milliards, selon un communiqué.
Au niveau de la rentabilité, le fabricant de robots et d’équipements électriques a enregistré un résultat opérationnel (Ebita) en hausse de 10% à 5,97 milliards, pour une marge afférente en croissance de 1,2 point à 18,1%.
Quant au bénéfice net, il a atteint 3,94 milliards, en progression de 5% comparé à l’année précédente.
M. Wierod a applaudi un dernier trimestre 2024 particulièrement solide, avec une croissance des ventes et des entrées de commandes de respectivement 4% et 6%. La progression a été portée par «une très forte accélération» dans l’activité électrification, notamment soutenue par la solide demande des centres de données et des services publics, ainsi qu’un développement positif dans la construction.
La demande au niveau des centres de données ne devrait pas faiblir, malgré l’arrivée du chinois DeepSeek qui promet une utilisation de l’intelligence artificielle moins gourmande en processeurs et en énergie. «Nous avons interrogé nos clients s’ils comptaient changer leurs projets d’investissement - et ils ne le font pas», a souligné le patron d’ABB.
«La demande en centre de données va rester forte», notamment soutenue par l’arrivée d’un nouvel acteur de l’IA. En 2024, les centres de données ont représenté 15% des entrées de commandes du secteur de l’électrification.
Rachats d’actions prévus
Les actionnaires n’ont pas été oubliés, Ils recevront un dividende de 0,90 franc par action, en hausse par rapport aux 87 centimes empochés au titre de l’exercice 2023. ABB compte également lancer un programme de rachat d’actions, permettant de récolter jusqu’à 1,5 milliard de dollars d’ici fin janvier 2026, après avoir déjà acquis pour 1 milliard de ses propres titres l’année précédente.
«Je m’attends à ce que 2025 soit un nouvelle année de progression», a estimé Morten Wierod,. Les nouvelles acquisitions devraient apporter des recettes supplémentaires de 200 millions de dollars dans des activités à faible émission de gaz carbonique.
Sur les trois premiers mois de la nouvelle année en cours, la direction vise une croissance des recettes autour de 5% une marge opérationnelle Ebita «globalement stable». Pour l’ensemble de 2025, ABB s’attend à ce que la marge opérationnelle s’améliore et à une progression «comparable» des ventes autour de 5% également. Le rapport entre les nouvelles commandes et les facturations doit être supérieur à 1.
Bernd Laux, analyste à la Banque cantonale de Zurich, a évoqué un «solide» résultat annuel et des prévisions «constructives» pour 2025. A la Bourse suisse, les investisseurs empochaient leurs bénéfices, faisant reculer le titre ABB de 0,2% à 50,94 francs dans un SMI en hausse de 0,1% peu avant 11h.