2019: encore un mauvais cru pour les entrées en Bourse

AWP

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L’an dernier, 1115 opérations d’entrée en Bourse ont été réalisées dans le monde pour un montant de 198 milliards de dollars. Cela représente une baisse de 19% par rapport à 2018.

La Bourse n’a plus la cote auprès des entreprises: 2019 a été à nouveau un mauvais cru pour les introductions sur le marché, une réalité due aux tensions géopolitiques mais aussi à la concurrence des fonds d’investissement privés.

L’an dernier, 1115 opérations d’entrée en Bourse ont été réalisées dans le monde pour un montant de 198 milliards de dollars. Par rapport à l’année 2018, cela représente une baisse de 19% en volume et de 4% en valeur, selon une étude publiée mardi par le cabinet EY.

En France, le résultat est en trompe-l’oeil: les deux intégrations phares de l’année (La Française des Jeux et le groupe verrier Verallia) comptent à elles seules pour plus de 96% des montants collectés et ont contribué à faire flamber la valeur des levées de fonds (+168% à 2,93 milliards d’euros).

«Sans les deux introductions en Bourse record, l’année aurait été sinistre», confie à l’AFP Sonia Bonnet Bernard, associée chez EY, avec seulement 8 introductions enregistrées à la Bourse de Paris --dont l’indice vedette CAC 40 affiche pourtant 26,37% de gains sur l’année.

Et le nombre de sorties de la cote à Euronext Paris (20 contre 8 introductions) traduit une fois de plus le délaissement des marchés boursiers par les entreprises.

«La Bourse n’est plus le premier levier pour chercher du financement en capitaux propres», observe Damien Anzel, co-auteur du rapport publié mardi, interrogé par l’AFP.

Il invoque plusieurs «facteurs limitants»: une volatilité liée aux tensions géopolitiques, la montée des incertitudes et une évolution macroéconomique moins positive que l’an passé.

La tendance n’est toutefois pas nouvelle. «Depuis environ cinq ans», les marchés font face à l’augmentation de «la nouvelle concurrence» des fonds d’investissements privés, expliquait lundi Stéphane Boujnah, le patron de l’opérateur boursier paneuropéen Euronext, au micro de BFM Business.

Outre cette pression concurrentielle très forte, le contexte de taux très bas explique aussi pourquoi les entreprises préfèrent la dette pour «financer leur développement» ou «racheter leurs actions», relevait la semaine dernière Robert Ophèle, le président de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Viser la bonne fenêtre

Devant différentes sources de financement, les entreprises «vont au plus simple», note également Mme Bonnet Bernard, la difficulté étant de «trouver la bonne fenêtre» pour s’introduire en Bourse: il faut trouver la période propice, c’est-à-dire sans jour férié ni sans grande publication économique qui pourrait polluer l’opération.

Signe peut-être encourageant, le succès des «grosses opérations très visibles» (le poids lourd pétrolier saoudien Aramco a été la plus grosse entrée en Bourse de l’histoire et le géant du commerce en ligne Alibaba a levé pour plus de 10 milliards d’euros à Hong Kong) pourrait servir peut-être «de catalyseur pour que d’autres prennent le chemin de la Bourse en 2020», espère M. Anzel.

Sans surprise, l’Asie-Pacifique ressort en tête avec 60% du nombre d’entrées en Bourse (668) et 45% du montant levé (89,9 milliards de dollars). Et la Chine fait tout pour renforcer ce phénomène en simplifiant sa législation sur les introductions en Bourse à partir du 1er mars 2020 tout en renforçant les protections pour les investisseurs.

Même si l’année 2020 n’a pas vraiment bien démarré, le pic récent de tensions au Moyen-Orient rappelant que le risque géopolitique reste bien présent, elle pourrait être «plutôt positive» grâce à des «ressorts de confiance» concernant l’économie, estime M. Anzel.

Par ailleurs, bien qu’encore modeste, le nombre d’offres publiques d’achat a presque retrouvé en France ses niveaux moyens en 2019, avec 30 opérations déclarées conformes (contre 22 en 2018), selon EY.

Là aussi, les lancements se sont concentrés sur la fin de l’année: six opérations sont en cours d’approbation par l’Autorité des marchés financiers. Et le niveau de valorisation (16 milliards d’euros contre 12,5 milliards en 2018) est largement soutenu (à hauteur de 67%) par «deux opérations de très forte envergure»: l’offre publique de rachat d’actions lancée par Iliad sur ses propres titres et l’OPA lancée par Capgemini sur Altran Technologies.

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