Wall Street victime du bras de fer entre Pékin et Washington

AWP

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Le Dow Jones perd plus de 2% et passe sous les 24'000 points. Recul de même ampleur pour le S&P 500 et le Nasdaq, qui termine sous les 7'000.

La recrudescence des hostilités commerciales entre les Etats-Unis et la Chine vendredi a déstabilisé les investisseurs de Wall Street, les incitant à une grande prudence à l’approche du week-end.

Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a baissé de 2,34% à 23’932,76 points après avoir chuté de plus de 3% en fin de séance.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a reculé de 2,28% à 6’915,11 points.

L’indice élargi S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises cotées aux Etats-Unis, a lui perdu 2,19% à 2’604,47 points.

Sur la semaine, le Dow Jones s’est replié de 0,71%, le Nasdaq de 2,10% et le S& 500 de 1,38%.

«Le marché se préoccupe clairement de plus en plus de la possibilité d’une véritable guerre commerciale» entre les deux premières puissances économiques mondiales, remarque Tom Cahill, gérant de portefeuilles pour Ventura Wealth Management.

Le président américain a fait monter les enchères en menaçant jeudi soir d’imposer de nouveaux droits de douane sur les importations chinoises. Pékin a immédiatement riposté en assurant que la Chine se battrait avec force et «détermination» si les Etats-Unis venaient à mettre cette menace à exécution.

Une guerre commerciale entre les deux pays est désormais une «probabilité», a estimé le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, tout en soulignant la volonté de Washington de négocier.

Le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, a lui soufflé le chaud et le froid, soulignant en début de journée que «rien (n’avait) encore été appliqué», avant d’avertir dans l’après-midi que les menaces américaines n’étaient pas juste une posture de négociation.

«Les commentaires qui émergent de l’administration américaine ne font rien pour apaiser les marchés car ils semblent se contredire les uns les autres», a remarqué M. Cahill.

Fed, Facebook, inflation 

L’intervention de M. Mnuchin a aussi «laissé l’impression qu’on s’avançait vers un vrai contentieux car il n’y a pas de négociation en cours et qu’aucun des deux camps ne semble vouloir battre en retraite», a noté Patrick O’Hare de Briefing.

Si des barrières douanières étaient au final dressées, elles pourraient surtout affecter les grandes multinationales écoulant leur marchandise en Chine, comme le constructeur aéronautique Boeing (-3,06%), le fabricant d’engins de chantier Caterpillar (-3,47%) ou les géants du secteur technologique.

Les investisseurs digéraient aussi les chiffres en demi-teinte sur le marché du travail aux Etats-Unis, les créations d’emplois en mars ayant un peu déçu les attentes mais les salaires ayant légèrement progressé.

Dans un discours surveillé par les investisseurs, le président de la Réserve fédérale s’est montré particulièrement prudent, en estimant notamment que la banque centrale devait remonter ses taux ni trop rapidement, ce qui empêcherait l’inflation de progresser, ni trop lentement, ce qui la ferait monter trop vite.

«Le marché pouvait commencer à penser que toute cette volatilité pourrait inciter la Fed à être un peu moins agressive dans la normalisation de sa politique monétaire, mais son président n’en a montré aucun signe aujourd’hui», a estimé M. O’Hare.

Le marché obligataire a grimpé, le taux d’emprunt à 10 ans des Etats-Unis reculant vers 20h40 GMT à 2,773% contre 2,832% jeudi soir, et celui à 30 ans à 3,018% contre 3,073% la veille.

Les investisseurs auront la semaine prochaine de nombreux éléments à se mettre sous la dent.

«Tout commentaire sur des négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis sera surveillé», a indiqué M. Cahill. «Mais on aura aussi le compte-rendu de la dernière réunion du Comité de politique monétaire de la Fed, l’audition du patron de Facebook devant le Congrès ou encore des chiffres sur l’inflation aux Etats-Unis.»
 

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