Les bourses européennes et américaines prennent des direction opposées mercredi: celles du Vieux Continent sont portées par la croissance meilleure qu’attendu de la région, tandis que les autres s’inquiètent d’un PIB américain en repli au premier trimestre.
En rythme annualisé, mesure privilégiée par les États-Unis, le PIB s’est contracté de 0,3%, selon les données publiées par le ministère du Commerce américain. C’est nettement inférieur aux attentes de la majorité des analystes qui attendaient au contraire une légère progression de +0,4% sur la période.
«Les PIB américain est la mauvaise surprise du jour pour les marchés. Il connaît sa première contraction trimestrielle depuis 2022, au moment du début de la guerre en Ukraine», commente Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés à IG France.
A Wall Street, l’indice S&P 500 reculait de 0,91% vers 16h00 GMT, le Nasdaq, à dominante technologique, reculait fortement de 1,30%, et le Dow Jones de 0,56%.
«La baisse du PIB au premier trimestre reflète en premier lieu une hausse des importations, qui se soustraient au calcul du PIB, ainsi qu’une baisse des dépenses de l’Etat fédéral», explique le ministère dans un communiqué.
«Ce rapport fait naître des craintes de stagflation», ce qui place la banque centrale américaine (Fed) «dans une position inconfortable: les risques inflationnistes sont orientés à la hausse tandis que la croissance ralentit», commente Christopher Boucher, directeur des investissements chez ABN AMRO Investment Solutions.
«Dans le même temps, les indicateurs de confiance des consommateurs continuent de vaciller dans un contexte marqué par le discours incohérent de Donald Trump. Cette incertitude devrait peser sur la consommation, qui a jusqu’à présent soutenu l’économie américaine», a-t-il poursuivi.
«La consommation représente deux tiers de la croissance américaine», rappelle Alexandre Baradez.
En Europe, après avoir basculé en terrain négatif après la publication du PIB américain, les indices du Vieux Continent ont finalement terminé la séance dans le vert: la Bourse de Paris a avancé de 0,50%, Francfort de 0,32% et Londres de 0,37%. A Zurich, le SMI a gagné 0,42%.
«Le PIB de la zone euro contribue à ce que les Bourses européennes soient moins sensibles à l’actualité américaine», explique Alexandre Baradez.
Le PIB de la région a progressé de 0,4% au premier trimestre par rapport aux trois mois précédents, une performance meilleure que prévu après l’incertitude créée par les droits de douane de Donald Trump, selon les données d’Eurostat.
Les analystes interrogés par Bloomberg tablaient en moyenne sur une croissance de 0,2% de janvier à mars pour les 20 pays partageant la monnaie unique, après +0,2% au dernier trimestre de 2024.
Face à l’instabilité de la politique menée par les Etats-Unis, «l’Europe fait office d’ilot de stabilité mondial actuellement et cette séance renforce le sentiment des investisseurs internationaux qu’ils ne se sont pas trompés», estime Alexandre Baradez.
Autre publication importante de la séance: l’inflation a ralenti en mars aux Etats-Unis, à 2,3% sur un an, globalement dans la lignée des attentes des analystes, selon l’indice officiel PCE.
Starbucks sanctionné
Le géant américain du café Starbucks dégringolait de 7,55% à New York après avoir publié des résultats inférieurs aux attentes au deuxième trimestre de son exercice décalé, assurant que ces performances «décevantes» masquaient les «progrès et la dynamique» créés par son plan d’entreprise.
Le pétrole cède du terrain
Côté pétrole, les cours souffrent toujours des perspectives négatives de la demande, «compte tenu du ralentissement mondial», souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.
Vers 16h00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord perdait 1,54% à 63,26 dollars, et son équivalent américain, le WTI, cédait 2,37% à 58,99 dollars.
Sur le marché des changes, le billet vert gagnait 0,36% face à la monnaie unique, à 1,1346 dollar pour un euro.
Le bitcoin cédait 1,52% à 94.037 dollars.