Les bourses piquent du nez de concert jeudi en Asie, dans des marchés s’inquiétant du risque d’implication des Etats-Unis dans la guerre entre Israël et l’Iran, et digérant l’abaissement des perspectives économiques de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Bourses fébriles guettant l’Iran

A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en recul de 1,02% à 38.488,34 et l’indice élargi Topix de 0,58% à 2.792,08 points.

La Bourse de Séoul a comblé ses pertes pour terminer en petite hausse de 0,19%, Taipei a lâché 1,58% et Sydney a cédé 0,09%. Vers 04H00 GMT, l’indice hongkongais Hang Seng reculait de 2,02% et l’indice composite shanghaïen de 0,86%.

Israël a frappé jeudi l’Iran pour la septième nuit consécutive dans le cadre de son offensive, Donald Trump n’excluant pas une entrée en guerre des Etats-Unis pour briser le programme nucléaire de Téhéran.

«Je ne cherche pas à me battre. Mais si le choix c’est de se battre ou qu’ils aient la bombe nucléaire, il faut faire ce qu’il y a à faire», a déclaré à la presse le président américain.

«Tandis que le président Trump évoquait la possibilité d’une attaque directe de l’armée américaine contre l’Iran, les mouvements de vente l’ont emporté» sur la place de Tokyo, avec des prises de bénéfices «sur les grandes valeurs qui avaient récemment rebondi», soulignent les experts de IwaiCosmo Securities.

Pour l’heure, «les marchés hésitent encore à anticiper pleinement une escalade» mais «tout nouveau développement pourrait déclencher un conflit plus large, et les marchés resteront tendus jusqu’à ce que la situation s’éclaircisse», commente Charu Chanana, stratégiste de Saxo Markets.

Signe de la nervosité des investisseurs: le dollar continue de jouer du yoyo, grimpant de 0,14% face à la devise japonaise vers 04H00 GMT, à 145,33 yens pour un dollar après avoir oscillé autour de l’équilibre pendant tous les échanges asiatiques.

Autre frein aux achats sur les marchés boursiers: la conférence de presse du président de la Fed Jerome Powell, au ton morose qui incitait à l’attentisme avant un jeudi férié aux Etats-Unis, ajoutaient les analystes d’IwaiCosmo.

Dans une décision largement attendue par les marchés, la banque centrale américaine (Fed) a sans surprise laissé mercredi ses taux d’intérêt inchangés, mais a abaissé ses perspectives de croissance économique aux Etats-Unis en raison des droits de douane.

Bond du pétrole, l’attentisme domine

Le marché du pétrole montait à nouveau, effaçant son repli du début des échanges asiatiques, suspendu aux déclarations de Donald Trump et aux risques d’escalade de la guerre entre Israël et l’Iran pouvant plomber l’approvisionnement d’or noir.

Vers 04H00 GMT, le baril de WTI américain gagnait 1,18% à 76,03 dollars et celui de Brent de la mer du Nord progressait de 0,80% à 77,31 dollars.

«Le marché est hypersensible» à toute actualité, souligne Robert Yawger, de Mizuho USA, pointant une «extrême volatilité»: le marché avait bondi mercredi alors que Donald Trump «apparaissait se rapprocher d’une frappe militaire en Iran», avant d’effacer ses gains après plusieurs signaux sur de possibles pressions pour obtenir un cessez-le-feu».

Plus de 20 millions de barils par jour, soit un tiers du trafic pétrolier maritime mondial, transitent par le détroit d’Ormuz au large des côtes iraniennes et les perspectives de guerre prolongée font craindre une perturbation importante.

Nippon Steel flambe après son rachat d’US Steel

L’aciériste Nippon Steel a finalisé le rachat de son rival américain US Steel pour 14,9 milliards de dollars (dette comprise), après des mois de blocage.

En dépit des strictes conditions imposées par Washington, dont d’importants investissements aux Etats-Unis et un contrôle du gouvernement américain sur les décisions stratégiques du groupe, le marché saluait ce bouclage de l’acquisition: le titre Nippon Steel a gagné jusqu’à 4,6% en séance à la Bourse de Tokyo, où il a clôturé en hausse de 2,25%.