La chronique des marchés de Vontobel au 30 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +1,5%, SPX +1,3%, Dow +1,25%, Russell +1,6%, SOX +2,25%, Eurostoxx +1,37%, SMI +0,82%.

Wall-Street passe une belle journée, dans le vert et l’optimisme. Et pour une fois, ce n’est pas un tweet adouci de qui vous savez qui inspire les acheteurs. Et oui, Donald Trump n’a pas le monopole pour redonner des couleurs aux marchés financiers. Hier, le ministère chinois du commerce rassure des places occidentales plutôt moroses en annonçant des discussions en vue d’une reprise des négociations commerciales avec les Etats-Unis, mettant fin à un nouvel épisode de provocations entre les deux puissances. Notez bien qu’il ne s’agit que d’une avancée sur la forme, alors que le fonds reste extrêmement complexe. Les positions des deux pays ne se rejoindront pas en un jour. Pendant ce temps, les économistes scrutent les signaux de ralentissement de la croissance en espérant que Pékin et Washington s’entendront avant que l’activité ne soit trop affectée. L’annonce chinoise permet au rendement de l’obligation américaine à 10 ans de repartir de l’avant, même si la courbe des taux reste inversée : les rendements à 3 mois et 2 ans sont supérieurs, signe avant-coureur d’une récession dans l’histoire économique. Les indices S&P500 (SPX), Nasdaq100 (NDX) et Dow Jones (INDU) clôturent tous trois au-dessus de leur moyenne mobile à 100 jours, on prend. L’or reflue et traite à 1528 dollars par once ce matin, le pétrole est recherché, le baril de WTI Light Crude à 56,58 dollars, le rendement de l’emprunt US à 10 ans revient à 1,50% et le dollar reste fort bien entouré, le Dollar Index DXY à 98,50, la paire euro/dollar à 1,1048 et le dollar/yen à 106,36. Un mot sur l’euro, qui repasse au-dessus des 1,09 franc suisse dans cette ambiance de retour de l’appétit au risque mais aussi après que Klaas Knot, membre du conseil de la BCE, ait indiqué qu’il n’y a pas besoin de reprendre un programme d’assouplissement monétaire. La volatilité recule logiquement, l’indice VIX en repli de 7,6% à 17,88. Au chapitre des secteurs, les bons élèves du jour sont l’énergie, les camions, la vente au détail et les banques, qui profitent de la pentification de la courbe des taux. Les valeurs défensives sont remisées au placard. Notons enfin les volumes d’échanges, relativement faibles. On peut donc affirmer que la hausse d’hier n’est pas forcément convaincante, tout un chacun n’y a pas participé.

La croissance américaine est ressortie en ligne avec les attentes de marché, pour sa seconde estimation (sur trois) du Q2 2019. La progression ressort donc à 2% en rythme annualisé, contre une estimation initiale de 2,1%. Les dépenses réelles de consommation sont quant à elles encore plus solides que prévu, leur expansion ressortant sur un rythme de +4,7% contre +4,3% de consensus. La baisse des exportations et la moindre reconstitution des stocks ont quelque peu masqué cette vive augmentation de la consommation, la plus forte en quatre ans et demi. L’indice des promesses de ventes de logements aux États-Unis pour le mois de juillet 2019 est ressorti en retrait de 2,5% en comparaison du mois antérieur, selon la National Association of Realtors. Le consensus de place sur cette période était logé à -0,3% par rapport au mois de juin. 
 
Sur le front politique, une nouvelle coalition se dessine en Italie, toujours sous la direction de Giuseppe Conte. Le pari de Matteo Salvini, fossoyeur de la précédente alliance est, pour le moment, perdu. De son côté, Boris Johnson a prévu d’envoyer ses représentants à Bruxelles tout au long du mois de septembre pour trouver une issue au Brexit avant que la version dure ne s’impose le 31 octobre. Son objectif reste de trouver un autre système que celui dit du «backstop» à la frontière irlandaise. A Hong Kong, les autorités ont procédé à l’arrestation de plusieurs opposants emblématiques en amont d’un weekend de manifestations.
 
Beaucoup d’indicateurs pour clôturer la semaine, dont les ventes de détail allemandes (8h00), l’inflation estimée en France en août (8h45), puis l’estimation de l’inflation de la zone euro en août et le dernier taux de chômage mensuel en Europe (11h00). Aux Etats-Unis, les dépenses et les revenus des ménages (14h30) précéderont l’indice PMI de Chicago (15h45) et l’indice du sentiment des consommateurs de l’Université du Michigan (16h00). Ce matin, le Japon a annoncé une croissance supérieure aux prévisions de sa production industrielle.
 
Apple est attendu le 10 septembre avec une nouvelle gamme d’iPhone. Yankee Global, Sinclair Broadcast et Amazon.com rachètent Yes Network à Walt Disney sur la base d’une valeur d’entreprise de 3,47 milliards de dollars. Dell Technologies en hausse post-clôture après de bons résultats. Le Wall Street Journal révèle que le gendarme américain du commerce (FTC) enquête sur le fabricant de cigarettes électroniques Juul, dont Altria détient 35%. General Electric obtient une victoire juridique partielle aux Etats-Unis dans le cadre des poursuites engagées par des actionnaires pour la gestion de l’entreprise, notamment accusée d’avoir mal communiqué sur son exposition aux risques dans ses divisions assurance santé et énergie. Tesla a annoncé ce matin des hausses de prix en Chine pour contrer la glissade du yuan. Aramco pourrait finalement entrer en bourse en deux temps, via une petite opération sur son marché local d’abord puis sur une place étrangère comme Tokyo avec une levée de fonds plus forte, a appris le Wall Street Journal. Le prochain smartphone haut de gamme d’Huawei, le Mate 30, sera livré sans la version enrichie d’Android comprenant notamment Google Maps ou Gmail, mais les acquéreurs pourront télécharger les applications, à cause des restrictions imposées par les Etats-Unis.
 
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent nettement dans le vert, portés par les déclarations chinoises d’hier. Tokyo clôture en hausse de 1,18%, Hong-Kong participe aussi et progresse de 0,7% alors que Shanghai avance de 0,38%. Le future Eurostoxx avance légèrement et son alter ego du SPX grappille 2 points.
 
Avis de tempête en Amérique Latine! S&P a abaissé les notations de crédit de l’Argentine en devises et en monnaies locales à un niveau de défaut sélectif après que le pays eut déclaré qu’il retarderait le paiement de 101 milliards de dollars de dette. «Il s’agit d’un défaut de paiement selon nos critères», a déclaré la société de notation. Les responsables du FMI qui étaient en visite en Argentine au moment de l’annonce du retard ont indiqué qu’ils analysaient les mesures.

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