Wall-Street met la tête dans le sable et rebondit quelque peu. Pourtant les sujets d’inquiétude ne manquent pas: la guerre commerciale reste bien sûr au cœur des préoccupations, en l’absence d’avancée notable dans les négociations entre Pékin et Washington depuis l’escalade de tensions de la semaine dernière. L’inversion de la courbe des taux aux Etats-Unis, qui se traduit par un rendement des emprunts d’Etat à 10 ans inférieur à celui d’échéances plus courtes comme le 2 ans, s’accentue, faisant redouter une récession. Enfin le Royaume-Uni revient au centre de l’actualité, avec les craintes d’un Brexit dur. Les marchés bénéficient toutefois de la vigueur du secteur pétrolier, dopé par la hausse des cours du brut et du rebond des valeurs financières.  On recherche également les valeurs du tabac, qui souffraient depuis l’annonce des fiançailles entre Altria et Philip Morris. Les titres de la vente au détail sont supportés par Express Inc (EXPR +21,51%) et Chico’s Fas (CHS +20,63%) qui décollent après la publication de leurs résutlats. Les autos, les minières, les compagnies aériennes et les valeurs industrielles sont également recherchées. Les titres de sociétés défensives sont momentanément laissés de côté, l’or retrouve quelques couleurs, à 1548 dollars par once, la volatilité recule de 4,7%, l’indice VIX à 19,35 et le dollar reste bien entouré, la paire euro/dollar à 1,1084. Le franc suisse ne parvient pas à se faire suffisamment d’ennemis pour repasser la barre des 1,09 contre euro, ce matin à 1,0870. La livre sterling fait du yoyo, après l’annonce que Boris Johnson suspend le parlement britannique durant un peu plus d’un mois. Au final, le Cable se stabilise autour des 1,22. 

Les taux obligataires restent sous surveillance aux Etats-Unis. Après l’inversion des courbes à deux et dix ans il y a quelques jours, c’est le rendement de l’obligation US à 30 ans qui est passé hier sous celui offert par le T-Bill à 3 mois - une première depuis 2007. Le rendement des Treasuries à 30 ans est d’ailleurs tombé ce matin à un nouveau plus bas record, à 1,91%. Avec la crainte d’une récession et de l’impact de la guerre commerciale, qui favorisent le retour de l’aversion au risque, les dettes souveraines jouent leur rôle de valeur refuge. Les gros titres de la presse financière américaine de la nuit tournent autour de Steven Mnuchin, qui a accordé un entretien à l’Agence Bloomberg. Le Secrétaire américain au Trésor y révèle notamment que l’administration américaine planche à nouveau sur des obligations à échéance très éloignée, notamment 50 voire 100 ans. Une hypothèse étudiée «très sérieusement» mais qui n’a, assure Mnuchin, aucun rapport avec la baisse des rendements plus courts actuellement à l’œuvre. Le rendement des obligations d’Etat américaines à 30 ans a reculé jusqu’à 1,905% hier, ce qui aurait contribué, aux dires des spécialistes, à soutenir la hausse de Wall Street : sur ce niveau, le rendement moyen des dividendes du S&P500 est supérieur.

En Europe, l’Italie devrait se doter d’un nouveau gouvernement de coalition, après que le M5S et le Parti démocratique se furent entendus. Le pari de Matteo Salvini est, pour l’instant, perdu. Au Royaume-Uni, la décision de Boris Johnson de suspendre le Parlement jusqu’à la mi-octobre a créé un nouveau séisme politique, complexifiant une situation déjà inédite.

United Airlines a commencé à transférer ses 14 B737MAX dans une zone de stockage temporaire en Arizona, alors que Boeing espère toujours que l’appareil aura l’autorisation de voler à nouveau en octobre. Temenos va racheter l’américain Kony pour 559 millions de dollars, pour renforcer ses positions dans le logiciel bancaire outre-Atlantique. Iqbal Khan, ex-Crédit Suisse, va rejoindre UBS Group aux commandes de la gestion de fortune. Moody’s passe la perspective d’évolution de la dette de Continental à «négative». Guess progressait post-séance après avoir relevé ses prévisions annuelles et estimé que le conflit commercial sino-américain n’a pas d’impact, à ce stade, sur son activité. Apple s’engage à ne plus conserver automatiquement les enregistrements de son service Siri. Tesla lance un service d’assurance en Californie.

Les dépenses de consommation françaises et le PIB de l’hexagone au second trimestre (8h45) lanceront la journée en Europe, avant à 9h55 les chiffres de l’emploi en Allemagne puis l’inflation préliminaire allemande (14h00). Aux Etats-Unis, nouvelle estimation du PIB du second trimestre, dernière balance commerciale et inscriptions hebdomadaires au chômage sont en vue à 14h30, avant à 16h00 les chiffres de l’immobilier ancien.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices reculent avec Tokyo qui abandonne 0,09% à la cloche, Hong-Kong qui rend 0,26% et Shanghai qui baisse de 0,14%. Les marchés européens sont indiqués en léger recul à l’ouverture alors que le future SPX perd 8 points. Phénomène préoccupant, l’indice State Street du moral des investisseurs institutionnels pour le mois d’août 2019 est ressorti à seulement 75,9, contre 84,6 pour la lecture révisée du mois précédent. L’indicateur global s’est donc effondré de 8,7 points en comparaison du niveau révisé de juillet. La confiance s’est érodée dans toutes les régions. Et cet indicateur-ci, et bien il ne faut pas le lire à l’envers…