Gonet: l'actualité des marchés au 9 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +0,04%, Dow -0,24%, SPX -0,03%, Russell -0,86%, SOX +1,60%, Eurostoxx -0,36%, SMI +0,16%.

Wall Street clôture une semaine historique autour de l’équilibre. Les indices terminent la session proches de leur plus haut du jour, le Nasdaq100 (NDX) s’offrant même le luxe de réaliser sa meilleure performance hebdomadaire de 2020 à son top de la séance, ce qui est tout sauf anecdotique au vu de la violence du rebond observé au mois de mars cette année. Et ce n’est pas fini ! au plus haut de vendredi, nous nous trouvons simplement en train de vivre la meilleure semaine du NYSE depuis le mois de mars… 2009, moi béni des taureaux, qui marqua le début du bull market (post crise financière), le plus beau bull market de l’histoire. Résultat hebdomadaire des courses: le S&P500 (SPX) gagne 7,32%, Le Dow Jones 6,87%, le NDX 9,39% (ouch) et le Russell2000 (RTY) 6,87%. Revers de la médaille, la volatilité s’écrase et revient proche de son plus bas en trois mois, l’indice VIX (volatilité du SPX) abandonne 10% à 24,86, en aviez-vous vendu à 40? C’est simplement la pire performance hebdomadaire du VIX cette semaine.

Les actions dites de valeur sont délaissées au profit des titres de momentum, phénomène surtout dû à de nouvelles annonces de confinements et au nombre de cas de Covid-19 qui augmente chaque jour. Les rendements obligataires repartent nettement à la hausse avec le 10 ans US qui revient à 81 points de base contre 75 vendredi. Notons que les bancaires n’en profitent pas. Les constructeurs immobiliers le remarquent en revanche et se prennent les pieds dans le tapis. Le pétrole recule à 38 dollars le baril de WTI Light Crude, il semble qu’il n’y ait quasiment plus de place pour le stocker ce qui est relativement ennuyeux…et cette faiblesse de l’or noir n’est clairement pas à mettre au crédit du dollar, le billet vert glissant chaque jour un peu plus la semaine passée. Ce matin le Dollar Index (DXY) traite à 92,20 soit tout près de son plus bas en séance du 1er septembre (91,74). La paire eur/usd traite à 1,1883. L’or en profite un peu, qui revient à 1955 dollars par once. Notons enfin que les volumes d’échanges de vendredi sont bons avec 10,38 milliards de titres traités sur le NYSE. À la cloche de fin de semaine, on observe des intérêts acheteurs pour 1,5 milliard de dollars, les emplettes ne semblent donc pas terminées.

Les indices européens ne boudent pas la fête de la semaine écoulée, l’Eurostoxx progresse de 8,3%, le Dax de 8%, le Cac de 8% et le SMI de 7,7%.

Mais que se passe-t-il donc pour que les bourses sabrent le champagne à ce point? Dès mercredi, le sentiment croît rapidement dans le marché que Joe Biden va remporter l’élection présidentielle américaine, alors que le Sénat pourrait rester en mains républicaines, de la musique aux oreilles des intervenants, le nouveau président étant déterminé à dépenser plus d’argent que son prédécesseur pour relancer l’économie du pays, tout en étant modéré par le Sénat. Joe Biden a donc été élu 46ème président des Etats-Unis et il semble peu probable que les contestations judiciaires de M. Trump renversent le résultat. À noter que endredi soir, le contrôle du Sénat n'apparaissait plus aussi clairement, et pourrait n'être déterminé qu'en janvier. En effet, le scrutin est très serré dans l'Etat de Géorgie, où deux sièges de sénateurs sont en jeu. Il semble qu'aucun des candidats ne récolte plus de 50% des votes au premier tour, ce qui dans cet Etat entraîne un deuxième tour (un «runoff»), qui se tiendra le 5 janvier.

Quelle est la prochaine étape? Un Congrès bipartisan a été bon pour les rendements boursiers dans le passé. Selon l’hebdomadaire Barron’s, le résultat des élections suggère que les deux prochaines années seront marquées par une faible croissance, un soutien fiscal limité, une politique monétaire accommodante et une faible imposition des sociétés. Barron's note que les périodes récentes de faible croissance et de faibles taux ont permis de bonnes performances des actions technologiques, qui peuvent croître de manière organique. La technologie pourrait également bénéficier d'un gouvernement divisé, car cela pourrait rendre Biden moins susceptible de mener des actions antitrust draconiennes. Bien sûr, les risques de marché restent nombreux. L'inflation et les rendements plus élevés ne sont pas entièrement hors de question, et de nouveaux cas de Covid-19 continuent d'établir de nouveaux records quotidiens. L'ampleur, la nature et le calendrier des mesures de relance budgétaire supplémentaires restent également en question.

Le marché a donc pu mettre une grande partie de l’interrogation quant à la présidentielle américaine derrière lui, il aime beaucoup que les doutes se dissipent, même partiellement. Et en parallèle, personne ne semble en tenir compte mais vendredi la très importante statistique de l’emploi aux Etats-Unis est carrément impressionnante. L’économie américaine a créé 638'000 emplois au mois d’octobre, les analystes en attendaient 580'000. Ils espéraient un taux de chômage à 7,6%, ce dernier ressort à 6,9%. Well, tout le monde regardait du côté de Fox News mais cette statistique est fondamentale, plus vite le consommateur US retrouve le chemin de son employeur (ok, probablement à distance certes), plus vite l’économie des Etats-Unis pourra rebondir.

Et que dire des résultats de sociétés? La saison 3 de cette si jolie année 2020 est sur le point de s’achever, 450 firmes du S&P500 ont déjà rapporté leurs chiffres. 86% d’entre elles ont dépassé les prévisions de bénéfices des analystes, c’est du jamais-vu. Revers de la médaille, le trimestre clos le 30 septembre est aussi le 3e plus mauvais depuis un peu plus de 10 ans par rapport à la même période de l'année précédente, Covid oblige. Ceci dit, les projections actuelles laissent espérer que les entreprises du SPX vont renouer avec une progression des résultats (d’année en année) dès le premier trimestre 2021. En Europe, la tendance est à peu près similaire, avec une plus grande prudence sur la fin de l'année parce que la seconde vague de coronavirus est en avance par rapport aux Etats-Unis.

Le virus continue de faire des ravages dans l'hémisphère nord. Au cours du week-end, la France a enregistré un nouveau record de cas quotidiens avant une baisse hier, et les infections aux États-Unis ont dépassé les 100’000 pour le 4ème jour consécutif, les États du Midwest étant durement touchés. Le patron de l'OMS félicite Joe Biden et déclare que son équipe se réjouit de travailler avec la nouvelle administration.

Au menu du jour, les allocutions de Christine Lagarde (10h25) et Andrew Bailey (BoE, 11h35). Au cours du week-end, la Chine a annoncé une forte poussée de ses exportations, mais un ralentissement des importations, ce qui fait dire aux économistes que l'export pourrait souffrir dans les mois à venir.

Les résultats du troisième trimestre de Berkshire Hathaway reculent d'un tiers à 5,48 milliards de dollars, mais le bénéfice net progresse fortement grâce à la hausse des marchés actions. L'entreprise a racheté 16 milliards de dollars de ses propres actions en 2020. Les résultats trimestriels de Softbank dépassent toutes les attentes, le titre en hausse de 5,4% à la cloche. Nestlé prend le contrôle du britannique Mindful Chef. Sika renforce ses capacités de production en France. Ypsomed collabore avec Lonza et Schott.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous en bonne hausse, saluant la perspective d’un président américain démocrate probablement accompagné d’un Congrès divisé. Tokyo gagne 2,12% à la cloche, Hong Kong progresse de 1,3%, Shanghai de 1,86% et Séoul de 1,27%. Le future SPX gagne 1,5% et l’Europe est indiquée en hausse de près de 2% à l’ouverture. Des niveaux techniques vont être cassés, des tendances baissières contestées et les nombreux nouveaux shorts (positions vendues à découvert) observés vendredi vont être fort stressés. Le marché hait l’incertitude, ce matin il se réveille avec un horizon nettement plus dégagé que vendredi.

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