Wall Street semble déjà en mode «Halloween». La peur est de retour dans les salles de marchés, la cupidité a pris quelques jours de congé. Le virus n’est pas en vacances lui, qui tourne à plein régime aux Etats-Unis et en Europe alors qu’en Asie la situation sanitaire semble bien meilleure, en tous les cas vue d’Europe. Les nouvelles annonces de confinement partiel en Allemagne et en France font mal au sentiment du marché, les intervenants s’inquiètent d’un nouvel arrêt potentiel et surtout brutal de la reprise économique sur le vieux continent. L’indice S&P500 (SPX) recule fortement, il réalise sa troisième séance consécutive dans le rouge, a cassé sa moyenne mobile à 50 jours mardi et passe en-dessous de sa 100 jours à la cloche hier. Son RSI (Relative Strength Index) indique que le SPX est survendu, à suivre cet après-midi. Le Nasdaq100 (NDX) traverse sa moyenne mobile à 50 jours sans aucun problème, le Dow fait de même avec sa 100 jours et vient se poser à quelques encablures de sa 200 jours en clôture… Sur le vieux continent, l’Eurostoxx 50 repasse en-dessous des 3000 points et doit désormais lever la tête bien haut pour apercevoir ses moyennes mobiles. Pour faire court, les indices clôturent au plus bas du jour, dans de forts volumes d’échanges (11 milliards de titres traités sur le NYSE) et leur configuration technique se détériore passablement hier.

Ça sent le «derisking» à plein nez downtown Manhattan. On observe par exemple des ventes pour un notionnel de 16 milliards de dollars dans le future SPX, durant la dernière minute de trading… probablement des ventes liées à des produits à effet de levier. Notons ceci dit que le ratio put/call rebondit passablement, qui nous indique que les intervenants ont acheté beaucoup de puts (et/ou vendu beaucoup de calls), ce qui présage d’un rebond technique potentiel du SPX à court terme, attention au «dead cat bounce» ceci dit. Techniquement, le SPX voit sa prochaine résistance à 3350-3360 points (clôture à 3271 hier). Le prochain support se situe à 3258 points (retracement Fibonacci). Notez la forte hausse de la volatilité, le VIX (volatilité du SPX) progressant de 20,8% à 40,28 à la cloche, niveau qui devient carrément intéressant pour commencer à vendre de la volatilité, commencer donc, ne brûlons pas toutes nos cartouches d’un seul coup.

Au chapitre des secteurs, la vague vendeuse ne fait pas de prisonniers hier, avec sur le podium du peloton d’exécution, les transports, l’immobilier et les financières. La pression vendeuse est évidente et croissante, mais point de panique à l’horizon. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans baisse légèrement hier, pour remonter légèrement ce matin, à 0,78%. Le yen reste stable contre le dollar, à 104,37, seul le billet vert est recherché, la paire eur/usd revient à 1,1744, ce qui pénalise l’or, l’once reculant à 1881 dollars. Le pétrole n’y arrive toujours pas, mais où est donc passée la demande en or noir? Ce d’autant plus que les inventaires hebdomadaires publiés hier par le département de l’énergie montrent des stocks en hausse alors que le CEO d’Aramco se demande publiquement si la demande actuelle peut absorber l’offre. Bref, le pétrole baisse et traite à 37,47 dollars le baril de WTI Light Crude ce matin.

Amateurs de sensations fortes, aujourd’hui pourrait bien être votre jour. C’est un cocktail explosif d’annonces et de nouvelles qui vous attend en ce 29 octobre. La première estimation du PIB américain sera publiée à 13h30, figurez-vous que le consensus s’attend à une croissance de 32% au troisième trimestre (QoQ). Bon calmons-nous, ceci ne devrait qu’être le miroir de la chute de 31,4% observée lors de l’exercice précédent. À 13h45 toute la planète finance écoutera ce que la BCE (Banque Centrale Européenne) a à nous dire. Well, la violence de la seconde vague de coronavirus fait se tourner les investisseurs vers les prêteurs de dernier recours et donc vers Christine Lagarde, ce d’autant plus que la patronne de la BCE et ses lieutenants n’ont eu de cesse de répéter récemment que la banque centrale fera tout et même plus pour soutenir l’économie. «Même plus»… rendez-vous donc à 13h45. Et puis ce soir, après la clôture de Wall Street, nous aurons droit aux résultats de Facebook, Amazon, Apple et Alphabet (Google). Ces noms me rappellent un acronyme… donc ce soir la locomotive des marchés boursiers mondiaux nous dira si elle tourne toujours à plein régime ou pas.

La France et l'Allemagne ferment chacune les bars et les restaurants pendant un mois, tandis qu'Emmanuel Macron fermera également les détaillants non essentiels et d'autres activités à partir de vendredi. Boris Johnson pourrait être contraint de suivre la même voie, car son comité scientifique indique que la deuxième vague de fermetures fera encore plus de victimes. L'Italie, l'Espagne, le Portugal et la Pologne ont atteint de nouveaux records quotidiens. Anthony Fauci déclare que les vaccins ne seront pas disponibles aux États-Unis avant janvier au plus tôt.

Miracle en vue? Il semblerait qu’un accord sur le Brexit se profile à l’horizon. Les négociateurs de l'UE et du Royaume-Uni sont sur le point de finaliser un document commun sur les aides d'État et ont commencé à travailler sur le texte d'un accord.

Les perspectives présidentielles de Joe Biden s'améliorent. Les chances de l'ancien vice-président de remporter le Collège électoral ont atteint un niveau record de 88,2%, contre 87,8% la veille, selon le modèle de prévision de FiveThirtyEight. Le rapport politique Cook a fait passer le Texas de «Lean Republican» à «Toss Up», ajoutant que le président Trump doit remporter tous les états «Toss Up» plus au moins deux états classés «Lean Democrat» pour être réélu. Environ 75 millions de personnes ont déjà voté, soit plus de 54% du taux de participation total en 2016.

Cette nuit, la Banque du Japon a maintenu le statu quo sur ses taux directeurs, et sabré dans ses prévisions d'inflation et de croissance.

Breakfast confirmé chez Tiffany, mais sans caviar? LVMH aurait convaincu Tiffany d'accepter une offre plus faible que ce qui était initialement prévu, pour éviter un long et coûteux procès. Aux dernières nouvelles, grâce notamment aux informations du Wall Street Journal, le Français réduirait sa proposition de 135 à 131,50 dollars par action du joaillier. Clariant: sur neuf mois, le chiffre d'affaires s'est contracté de 6% à 2,84 milliards de francs. Crédit Suisse: la banque a dégagé un bénéfice net de 546 millions de francs au troisième trimestre, en baisse de 38% et en deçà des attentes du consensus. Le titre est indiqué en recul de 1%. Nokia: le spécialiste finlandais des réseaux télécoms a publié un bénéfice net inférieur aux attentes de la place au T3. Samsung: les résultats du troisième trimestre sont plus élevés que prévu, tandis que le quatrième trimestre devrait être un peu moins bon à cause d'une demande plus faible pour les puces électroniques. Sony: l'action progresse à Tokyo, après le relèvement des objectifs annuels. Visa: les trimestrielles sont en baisse, mais moins que prévu. La publication ne soulève pas un enthousiasme démesuré, le titre est à peu près stable post-clôture. Ericsson a été choisi par l'opérateur britannique BT Group pour déployer le réseau mobile 5G dans plusieurs grandes villes au Royaume-Uni. Sanofi bat les attentes et relève ses objectifs financiers. Volkswagen retrouve les chiffres noirs grâce à la Chine, le titre indiqué en hausse de 3%. Geberit bat les attentes au troisième trimestre. Enfin Harley-Davidson lance une société de… vélos électriques.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en baisse, à l’exception de Shanghai qui progresse de 0,1%. Tokyo abandonne 0,37% à la cloche, Hong Kong recule de 0,51% et Séoul perd 0,8%. Le future SPX rebondit de 24 points et l’Europe est attendue à l’équilibre à l’ouverture.