Gonet: l'actualité des marchés au 24 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,92%, S&P 500 -2,37%, Nasdaq -3,02%, Russell 2000 -3,04%, SOX -2,46%, Eurostoxx +0,51%, SMI -0,25%.

Wall Street lit la presse, écoute ses banquiers centraux, le président des Etats-Unis et s’inquiète. La presse pour commencer, avec cet article du Washington Post qui mentionne une étude de 5000 séquences génétiques du coronavirus confirmant que le virus accumule des mutations, dont l’une pourrait l’avoir rendu plus contagieux. Ça, c’est pour poser le cadre de l’ambiance du jour, ambiance qui se détériore nettement après les discours de Jerome Powell et quelques-uns de ses collègues de la Fed. J’y reviens mais, en résumé, la Réserve Fédérale américaine insiste de plus en plus sur l’importance et l’urgence d’une aide fiscale tout en commençant à nous dire que l’économie ne rebondirait pas tant que ça finalement. On garde Donald Trump pour le dessert, le président des Etats-Unis qui refuse de s’engager à une passation de pouvoir pacifique s’il vient à perdre l’élection du 3 novembre.

Dans ce contexte, les indices accélèrent leur baisse en fin de séance. Le Dow Jones clôture à 26’763 points et vise désormais sa moyenne mobile à 100 jours, qui se situe à 26’453 points. L’indice S&P500 (SPX) regarde sa 100 jours à 3197 points (clôture à 3236 points), ensuite ce serait la 200 jours, qui se trouve à 3105 points. La volatilité remonte, l’indice VIX en hausse de 6,4% à 28,58, ce qui n’est pas très élevé comme niveau. D’ailleurs les indices n’envoient pas encore de signaux de «sell exhaustion». La volatilité devrait rester parmi nous jusqu’à l’élection présidentielle américaine, les investisseurs en prennent graduellement conscience et se positionnent en conséquence. Pas de panique à signaler mais on  recherche le dollar, l’indice Dollar Index traite à 94,43 ce matin, il s’approche à grand pas d’une résistance importante, qui se situe à 94,65 et représente le «plus bas covid» du 9 mars, avant que le billet vert ne rebondisse. La paire eur/usd traite à 1,1650 ce matin et l’or en souffre passablement, qui a cassé son support de 1865 dollars par once et traite à 1852 dollars. Le prochain support se situe à 1843 dollars (moyenne mobile à 100 jours), puis 1838 dollars (38,2% de retracement Fibonacci de la hausse de 1455 à 2075 dollars). Notons au passage que l’or est proche d’entrer en territoire survendu. Le pétrole résiste étonnamment bien, le baril de WTI Light Crude se maintient juste en-dessous de la barre des 40 dollars.

Au sujet du pétrole, le secteur de l’énergie souffre particulièrement hier à Wall Street en reculant de 4,5%, suivi par la technologie et l’immobilier. Le pouls du secteur des TMT (Telecom, Media, Tech) est anémique, les volumes d’échanges reculent de 20% hier par rapport à la moyenne des 30 derniers jours. Les gérants de fonds sont probablement entrés en mode attentiste, ils veulent voir les résultats trimestriels des sociétés, la saison débute dans deux semaines, tandis que le marché a déjà fort à digérer avec les dernières rhétoriques Etats-Unis/Chine, les sondages/débats électoraux américains et les mises à jour sur le Covid.

Face à la résurgence de cas de coronavirus, de nombreux pays européens, dont le Royaume-Uni et la France ont annoncé récemment de nouvelles mesures de restrictions dans leurs grandes villes.

Toujours pas de plan de soutien en vue… Depuis leur dernière réunion des 15 et 16 septembre, les responsables de la Réserve fédérale mettent en garde sur une reprise sans doute plus progressive qu’espérée. Le président de la Fed, Jerome Powell, répète hier que le chemin sera long avant de retrouver un niveau de croissance précédant la crise, ce qui nécessitera de nouvelles mesures de soutien monétaire et budgétaire. Plusieurs autres membres de la Fed, dont le vice-président Richard Clarida, s’expriment et soulignent tous l’importance de la politique budgétaire pour sortir de la crise actuelle. Le président de la Fed de Boston Eric Rosengren se montre particulièrement pessimiste sur la capacité de l’économie à rebondir rapidement si un nouveau «package» de mesures n’est pas adopté par le Congrès. Depuis des semaines, la Maison Blanche et le Congrès ne parviennent pas s’accorder sur un nouveau plan de relance, sur fond de campagne électorale très dure entre Donald Trump et son adversaire Joe Biden.

Le président américain Donald Trump refuse hier de s’engager à une passation pacifique du pouvoir s’il venait à s’incliner face à son rival démocrate Joe Biden lors de l’élection présidentielle du 3 novembre. Il ajoute s’attendre à ce que la Cour suprême décide de l’issue du scrutin. Donald Trump est devancé par Joe Biden dans les sondages nationaux et a régulièrement mis en doute la légitimité de l’élection du 3 novembre, affirmant sans preuve que le vote par voie postale allait donner lieu à une fraude et «truquer» l’issue du scrutin. Les démocrates encouragent les électeurs à voter par courrier pour des raisons de sécurité sanitaire du fait de l’épidémie de coronavirus. S’exprimant devant les journalistes dans le Delaware, Joe Biden qualifie d’«irrationnels» les commentaires de Donald Trump sur la passation de pouvoir. Mitt Romney, l’un des rares critiques de Donald Trump dans les rangs républicains au Sénat, tweet: «La passation pacifique du pouvoir est fondamentale à la démocratie; sans cela, c’est la Biélorussie. Toute suggestion qu’un président pourrait ne pas respecter cette garantie constitutionnelle est à la fois impensable et inacceptable».

Les indices de confiance sont au menu du jour pour la France (8h45) et l’Allemagne (Ifo, 10h00). La Banque Nationale Suisse met à jour sa politique monétaire à 10h00. Aux Etats-Unis, place aux inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30) et aux chiffres de l’immobilier ancien (16h00).

JPMorgan Chase aurait accepté de payer une amende d’environ 1 milliard de dollars pour clore les poursuites dans une affaire de manipulation des prix aux Etats-Unis. Nikola rencontre des difficultés dans ses négociations avec de grands groupes du secteur de l’énergie, comme BP, après les révélations des vendeurs à découvert. Le titre NKLA dévisse de 25,8% hier. La Californie prévoit d’interdire la vente de véhicules à essence en 2035. Johnson & Johnson fait entrer son candidat-vaccin Covid en phase III.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le rouge avec Tokyo qui recule de 1,11% à la cloche, Hong Kong qui abandonne 1,93%, Shanghai qui perd 1,62% et Séoul qui rend 2,59%. Le future SPX abandonne 14 points et l’Europe est indiquée en repli de 1,3%.

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