Une sorte de fatigue générale débarque dans le sud de Manhattan hier. Les intervenants semblent lassés par les vitupérations d’un président des Etats-Unis qui ressemble de plus en plus à un feu d’artifice hors de contrôle. À force de menacer à tout va, Donald Trump semble perdre progressivement l’oreille de Wall Street qui décide hier que le verre peut tout à fait être vu à moitié plein malgré la tornade rhétorique blonde en cours et l’imminence de l’important rapport sur les prix à la consommation en janvier, qui sera publié demain. Cette résilience des acheteurs est d’autant plus notable que Jerome Powell, le nouveau meilleur ennemi de qui vous savez, s’apprête à témoigner ce soir et demain devant des commissions du Sénat et de la Chambre des représentants. Les principaux sujets susceptibles d’être abordés sont la politique monétaire de la Fed, la réglementation bancaire et le président des Etats-Unis. On sait qu’Oncle Jay a cœur d’entretenir de bonnes relations au Capitole, exercice d’équilibriste en vue donc pour le premier banquier de la planète, nous suivrons cela de près.

Revenons à Wall Street où les volumes d’échanges repartent à la hausse sur un segment précis, la tech et ses mastodontes (NVDA +2,87%) qui prennent les choses en mains, hormis Tesla (TSLA -3%) dont le titre continue de pâtir des postulats plus que discutables de son patron. La direction du jour est constante, on regarde vers le haut, la volatilité recule de 4,3%, le VIX revient à 15,81, même le MOVE, son pendant obligataire, recule de 6% à 87,68, cela semble se calmer sur les parquets de trading, le chien aboie, la caravane des taureaux passe. Le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose de l’énergie, de la tech et des utilities, l’indice phare de Wall Street consolide le niveau de 6000 points à la cloche, son petit frère le RTY (Russell2000, les petites capitalisations), se bat avec sa 100 jours (2287 pts à la cloche contre 2304 pour la 100 dma).

Au chapitre des monnaies, le dollar reste demandé, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0307, elle voit son prochain support notable à 1,0226. L’or atteint un nouveau record tôt ce matin, à 2942 dollars par once, pour revenir à 2910 dollars, la force du billet vert doit commencer à se faire sentir. Le pétrole tente de relever la tête, le baril de WTI Light Crude revient à 72,97 dollars, afin d’entamer un nouveau départ vers le nord, il devra auparavant casser sa 200 jours qui évolue à 74,36 dollars.

Sur la partie des Fed Funds, on ne sait plus trop que penser, le marché semble perdu comme rarement, les deux interventions à venir de Jerome Powell permettront espérons-le d’y voir plus clair.

Et pendant ce temps-là, l’indice Stoxx Europe 600 (SXXP) réalise un nouveau record historique en clôture hier, il progresse de 7.55% depuis le premier janvier, son podium du jour se compose de l’énergie, de l’immobilier et de la tech. 

Sur la partie macro, l’enquête de la Fed de New York montre des attentes d’inflation stables à 3%, malgré une détérioration de la situation financière des ménages. Côté entreprises, TSMC révise ses prévisions à la baisse pour le premier trimestre. T-Mobile lancera en juillet un service satellite avec Starlink. McDonald’s affiche des ventes solides, Disney s’inquiète des hausses de prix, et BP bénéficie de l’entrée du fonds activiste Elliott. 

Un consortium mené par Elon Musk propose d’acquérir OpenAI pour 97,4 milliards de dollars. Le patron de Tesla et X semble vouloir empêcher le concepteur de ChatGPT de devenir une société à but lucratif. «Il est temps pour OpenAI de redevenir cette force centrée sur l'open source et la sécurité qu'il fut jadis», déclare Elon Musk dans un communiqué publié lundi, avant d’ajouter: «Nous allons nous assurer que cela se produise». Réagissant via le réseau social X, détenu par Elon Musk, à cette offre, Sam Altman déclare: «Non merci, mais nous pouvons racheter Twitter pour 9,74 milliards de dollars si tu veux». La réponse ne se fait pas attendre: «Escroc», réplique Musk. Microsoft, auquel OpenAI est adossé, s’abstient de commenter. 

Rien de particulier à se mettre sous la dent au menu macro-économique de ce mardi, Jerome Powell retiendra toute l’attention. 

Kering réduit son dividende après des résultats 2024 en berne, sans surprise. Unicredit dépasse son objectif de bénéfice pour 2024 et promet d'égaler ce résultat cette année. Par ailleurs, le holding Delfin de la famille Del Vecchio envisage de vendre sa participation dans UniCredit, selon le Corriere della Sera. SGS a annoncé des ventes annuelles conformes aux prévisions et un bénéfice légèrement supérieur aux attentes. Novartis va racheter Anthos Therapeutics pour un montant pouvant atteindre 3,1 milliards de dollars, dont 925 millions de paiement initial. Elliott investit 2,5 milliards de dollars dans Phillips 66, selon le Wall Street Journal. L'autorité française de la concurrence enquête sur Microsoft concernant l'accès à Bing, rapporte Bloomberg.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse hormis Séoul qui progresse de 0,71%. Tokyo est fermée, Hong Kong recule de 0,97%, Shanghai abandonne 0,12% et le Nifty50 rend 1,48%. Le future SPX baisse de 22 points et l’Europe ouvre en repli de 0,1%. 

Tiens! Le sentiment des investisseurs américains à court terme atteint son niveau le plus pessimiste depuis le dernier trimestre de 2023. On constate que les petits porteurs (dumb money) sont en train de prendre leurs profits tandis que les institutionnels (smart money) sont de plus en plus en confiance depuis le début du mois de février, intéressant et à suivre.