Les taux d’emprunt des pays de la zone euro ont peu bougé jeudi, les investisseurs privilégiant la prudence au lendemain d’une journée marquée par un mouvement d’appétit pour le risque.

Mercredi, le président américain Donald Trump a en effet semblé renoncer à l’utilisation de pouvoirs d’urgence pour restreindre les investissements chinois aux Etats-Unis, invitant plutôt le Congrès à renforcer des mesures de surveillance.

Cette approche, plus accommodante que ne l’attendaient les observateurs, a rassuré les investisseurs dans un premier temps, qui se sont reportés sur les actifs plus risqués, comme les actions et les dettes des pays du sud de l’Europe.

Mais le conseiller économique à la Maison-Blanche Larry Kudlow a réaffirmé un peu plus tard que la ligne dure des États-Unis envers la Chine n’avait pas varié, recréant des incertitudes.

«C’est un peu le chaud et le froid», explique à l’AFP Antoine Lesné, responsable stratégie et recherche chez SPDR ETF (filiale de State Street Global Advisors).

«Ce va-et-vient entre une posture très agressive, puis rassurante, n’est pas évident à suivre. Est-ce qu’il existe un manque de clarté à Washington, ou est-ce la volonté de Washington de faire cela? Ce n’est pas très clair. Et ce manque de clarté et de capacité de prévoir la prochaine position a des conséquences sur le sentiment des investisseurs», souligne-t-il.

«Le manque de cohérence du message inquiète un peu», poursuit le spécialiste.

«De toute façon, c’est un environnement avec beaucoup plus de prudence de la part des investisseurs», note-t-il, ces derniers cherchant «à savoir qui sera touché» par la guerre commerciale.

Du côté des indicateurs, les opérateurs ont pris connaissance de chiffres en demi-teinte.

La croissance économique des Etats-Unis a ainsi été révisée en baisse au premier trimestre, décevant les attentes des analystes, selon l’estimation finale du Département du Commerce publiée jeudi.

Les demandes hebdomadaires d’allocations chômage aux Etats-Unis ont quant à elle augmenté davantage que ne s’y attendaient les analystes.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d’emprunt à dix ans de l’Allemagne a fini quasiment stable, s’établissant à 0,319% contre 0,321% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Le rendement de même échéance de la France a suivi le même mouvement à 0,706% contre 0,714%. Celui de l’Espagne s’est très légèrement tendu à 1,365% contre 1,355%,

Celui de l’Italie s’est détendu à 2,780% contre 2,809%, tandis que celui du Portugal s’est affiché à 1,833% contre 1,848%.

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique à dix ans est monté à 1,263% contre 1,245%.

A la clôture des marchés européens, le taux d’emprunt à dix ans des États-Unis se tendait légèrement, s’affichant à 2,845% contre 2,826% mercredi, à l’instar de celui à 30 ans, à 2,982% contre 2,967%. Le taux d’emprunt américain à deux ans s’établissait à 2,518% contre 2,504%.